Expositions à la Galerie d’art du parc: Des objets travestis qui parlent d’identité

0
Publicité
Nathalie Vanderveken a créé un chandail avec ce qui devrait être son plan, ce qui suggère la présence d’un corps absent. Photo: M.-C. Perras
Nathalie Vanderveken a créé un chandail avec ce qui devrait être son plan, ce qui suggère la présence d’un corps absent. Photo: M.-C. Perras

La Galerie d’art du parc expose le travail de deux artistes québécoises aux démarches bien différentes. Présentant des œuvres parfois picturales et parfois sculpturales, Hélène Latulippe et Nathalie Vanderveken ont en commun la métamorphose d’objets préfabriqués. Broderie sur lignes de code et Doublure sont présentés jusqu’au 13 décembre prochain au rez-de-chaussée et à l’étage de la galerie de la rue Des Ursulines.

Que ce soit par le vêtement ou par l’anonymat et la marchandisation, l’identité est abordée de maintes manières dans ces deux expositions qui utilisent des matériaux inusités. Bien que leur approche soit différente, les deux femmes proposent des corps absents et une réflexion sur la perception du regard de l’autre sur soi.

Nathalie Vanderveken a longtemps travaillé l’estampe avec une maitrise du geste et des techniques nécessaires. Au cours des trois dernières années, elle a laissé de côté son savoir-faire pour se consacrer à la découverte de spontanéité et de nouveaux matériaux. Ce qu’elle propose ici, c’est une déconstruction du patron à couturière. Elle utilise cet objet qui sert habituellement de plan, de matrice à une création utilitaire. Elle le décompose et lui donne une forme tout autre. Elle recolle les morceaux dans un amalgame qui demeure une suggestion du corps, omniprésent dans l’idée du vêtement. Mais les corps recomposés par le patron sont disloqués, perdent de leur humanité.

La plupart des œuvres sont exposées sur les murs de la galerie, mais, dans une petite salle, Nathalie Vanderveken a plutôt sculpté les papiers. Ce sont deux objets ressemblant à des chandails qui sont reliés entre eux par les manches beaucoup plus longues que la normale. Elle a dédoublé les cols pour créer un effet de mouvement, comme si le corps supposé par la présence du vêtement suggéré basculait sur le côté. C’est un travail qui évoque la présence par l’absence, car la suggestion de vêtements par le patron suggère évidemment la présence d’un corps.

Les codes-barres sont une inspiration pour Hélène Latulippe, qui travaille la ligne noire. Photo: M.-C. Perras
Les codes-barres sont une inspiration pour Hélène Latulippe, qui travaille la ligne noire. Photo: M.-C. Perras

Nathalie Vanderveken a étudié en arts plastiques à l’UQTR et a remporté le premier prix de la Bourse Gilles-Verville lors de son projet de fin d’études en 2009. Elle a terminé sa maitrise en arts visuels avec mémoire à l’Université Laval au printemps dernier.

C’est un travail qui évoque la présence par l’absence, car la suggestion de vêtements par le patron suggère évidemment la présence d’un corps.

Hélène Latulippe explore quant à elle la mémoire des lieux. Le travail en aplat et l’accumulation du geste laissent place à des œuvres issues de l’abstraction géométrique. Ce sont surtout des lignes verticales d’un noir très dense qui sont imprimées sur du papier kraft. Ces lignes sont toujours également distanciées et créent ainsi une vibration. Ces traits homogènes et identiques sont possibles grâce à la matrice que l’artiste utilise. Elle applique de l’encre sur l’envers d’un tapis, sur les bandes surélevées de plastique. Avec une cuillère, elle exerce une pression et voilà que les larges lignes apparaissent.

Cette obsession de la bande est inspirée par les codes-barres omniprésents dans la société de consommation.

Dans une des salles, Hélène Latulippe a disposé des crosses de billard surmontées d’entonnoirs recouverts de papier de soie blanc. Ces êtres filiformes servent aussi de support à des traits noirs. Cette obsession de la bande est inspirée par les codes-barres omniprésents dans la société de consommation. La suggestion anthropomorphique de ces tiges rappelle que l’humain aussi tend à se marchander. L’identité se perd dans la rapidité des communications et de la surconsommation.

Hélène Latulippe expose depuis 25 ans, principalement au Québec. Elle a un baccalauréat en Beaux-Arts, Studio de l’Université Concordia. Pendant son parcours artistique, elle a parfait ses recherches et sa création avec des voyages d’études en France et en Italie.

Publicité

REPONDRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici