
La Galerie d’art du Parc de Trois-Rivières accueille jusqu’au 29 mars prochain deux expositions diamétralement opposées. Au rez-de-chaussée sont exposées les sculptures intrigantes de Bernard-Alexandre Beullac et sur les murs de l’étage sont affichées les œuvres bidimensionnelles de 29 membres de l’Atelier Presse Papier.
Les membres de l’Atelier Presse Papier ont pris d’assaut le premier étage de la galerie. C’est une exposition multigénérationnelle et multigenre. Regroupés sous le titre Pour en finir avec le noir et blanc, les 29 artistes ont créé autant d’œuvres hétéroclites, mais qui s’agencent très bien les unes aux côtés des autres.
Les œuvres sont toutes du même format et toutes dans les mêmes teintes. Les impressions arborent la gamme de tons entre le blanc et le noir. Les œuvres intègrent également le rouge. Quelques contraintes communes, mais autant de résultats qu’il y a d’artistes. «Cette exposition résume bien l’esprit de collectivité d’un atelier: se restreindre à certaines limites de manière à ce que les œuvres puissent se côtoyer et habiter un même espace d’exposition, tout en respectant l’intention artistique de chacun», soulignent les organisateurs. C’est une grande force que d’être capables de cohabiter tout en étant si différents.
Les estampes sont le résultat de plusieurs techniques, autre grande force de cet atelier. Les membres contrôlent plusieurs façons de procéder, notamment la linogravure, la sérigraphie, le bois gravé, la pointe sèche et l’eau forte. Pour certains, l’impression numérique est aussi dans la démarche. Pour la plupart, c’est un travail d’hybridation entre deux méthodes. Les travaux finaux sont pour la plupart fort réussis. L’expérience est un succès tant pour les membres de l’atelier que pour le spectateur qui visite l’exposition.
L’expérience est un succès tant pour les membres de l’atelier que pour le spectateur qui visite l’exposition.
Forts de cette initiative, il est possible de voir dans une même salle un des doyens de l’atelier, Denis Charland, aux côtés d’artistes de la relève tels que Patricia Bouffard-Lavoie et Isabel Boucher. Coexistent également Louise Boisvert, Valérie Guimond, Fontaine Leriche et Benoit Perreault. Ce dernier utilise d’ailleurs un système de superposition qui donne une illusion de mouvement, une présence redoublée à son autoportrait.

La dernière salle accueille Louise Hallé, Valérie Morrissette, Catherine Lapointe et Audrey Charron. Celle-ci se laisse découvrir avec une délicatesse et une fragilité mise de l’avant avec sa sérigraphie sur tissu et sur papier. Les lignes brisées sont minces et précaires, la désintégration par un souffle du vent représente bien l’éphémère du monde dans lequel nous vivons, l’éphémère de la vie.
Les lignes brisées sont minces et précaires, la désintégration par un souffle du vent représente bien l’éphémère du monde.
Au rez-de-chaussée, l’exposition solo de Bernard-Alexandre Beullac est quant à elle beaucoup plus froide. Cela est dû aux matériaux utilisés pour ses sculptures. Les longues tiges de métal supportent des boitiers à des hauteurs inatteignables. Ces longues échasses rappellent celles de Dali. Un seul bouquet de tiges est plutôt affaibli. Les tiges en question se différencient des autres par leurs jointures. C’est ce qui les rend amovibles et ajoute à leur fragilité. Faire paraitre le métal comme étant fragile est un élément réussi de l’exposition.
«J’utilise des matériaux industriels ou encore par le traitement, je simule une précarité des œuvres et suscite la désillusion, l’inaccessibilité ou l’immobilité», explique l’artiste. La lumière est également bien exploitée. Le jeu d’ombres créé par les lignes tangibles fait apparaitre l’envers de la réalité.