Feux de forêt dans le désert: «Teenanger» mature et sonorités «Absolutely Free»

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Le samedi 23 novembre dernier s’est déroulé, au 505, le spectacle soulignant le dixième anniversaire de l’initiative Feux de forêt dans le désert, dont le but est d’organiser en sol trifluvien des événements musicaux mettant en vitrine des artistes et groupes émergents. Un programme double a été offert par les groupes torontois Teenangers et Absolutly Free.

Adulescence peaufinée et liberté aboutie

Mélissa Ball (basse) et Chris Swimming (chant), de Teenanger :  Photo: David Ferron

Le groupe Teenanger a été la première tête d’affiche de l’événement. Il a présenté un univers musical beaucoup plus près de son dernier album, Teenager (le groupe, dans une entrevue, a avoué que c’était une gentille manière de troller les gens qui oublient le dernier «n» de leur nom). Il faut dire que cet album marque un virage plus post punk, sans élaguer complètement l’esprit brut des quatre premiers opus. En gardant les pièces les plus punk de Teenager pour le spectacle, l’esprit adulescent était intact, tout en présentant un enrobage musical scénique plutôt mature.

Chris Swimming, chanteur qui combine souliers cirés et salopette de garagiste, n’a pas ménagé ses efforts en se montrant à la fois dédié et insolent avec son public. Par exemple, pour introduire la pièce Beige, il lui lance, dans la langue de Molière, «une autre chanson pour vous, fu$#@% !». Parmi les chansons à retenir: It Works with my Body et sa très entêtante ligne mélodique apportée par la basse de Melissa Ball; la très New Wave Trillium ainsi que Fun Forgot, qui a vraiment fait sauter d’enthousiasme la salle.  

«Une autre chanson pour vous, Fu#%$# !»

Melissa Ball (basse), Steve Sidoli (batterie) et Jon Schouten (guitare). Photo: David Ferron

Seul bémol: la voix du chanteur était perceptible sans toutefois permettre de comprendre les paroles. L’un des spectateurs du spectacle, en désaccord avec mon point de vue, explique au contraire que la tessiture vocale de Swimming est parfaite pour l’univers punk.

La deuxième partie était assurée par Absolutely Free et son arsenal de claviers, pédales et consoles. Musicalement, et c’est très bien ainsi, il est très difficile d’établir une comparaison. Mais disons que si Half Moon Run décidait de s’éclater et d’expérimenter davantage, ça donnerait le son de ce groupe torontois.

Les longues introductions et conclusions dans certaines chansons permettent de garder l’impulsion du moment, de faire monter la pression. Par exemple, le pont entre Still Life et Geneva Freeport, marqué par des distorsions de tous genres, dure presque cinq minutes et plonge la foule dans une nappe sonore qui fait oublier que nous sommes au 505; on se sent immergé dans un film dont le décor en noir et blanc est une plage abandonnée.

Une plage déserte en noir et blanc s’était épanouie au 505.

Michael Claxton (bassse), Moshe Rozenberg (batterie), Jason Jang (synthétiseurs) et Matt King (voix). Photo: David Ferron

Quant aux chansons en tant que telles, mentionnons entre autres la version live de Currency et son petit soupçon de Franz Ferdinand; l’inédite Clear Blue Sky dont la fin met en vedette le rock «distortionné» de la guitare du chanteur Matt King; la très sixities Beneath the Air, qui évoque MGMT et les Beach Boys.

Éviter le désert sans mettre le feu aux poudres

Philippe Alarie et Louis-Alexandre Beauregard, qui sont derrière l’initiative Feux de forêt dans le désert, expliquent qu’à l’époque de sa mise sur pied, il y avait un manque de diversité dans le milieu de la scène trifluvienne. Toutefois, en dix ans, ils ont constaté une évolution. «On dirait que les gens sont plus portés à organiser des spectacles […], plus intéressés à mettre de l’avant leurs projets», avance Louis-Alexandre. Toutefois, malgré ce dynamisme musical, le duo ne se repose pas sur ses lauriers. Par exemple, Philippe fait partie des cofondateur.ice.s de la coopérative 505, bientôt renommé l’Espace populaire.

Louis-Alexandre Beauregard et Philippe Alarie, coordonateurs de Feux de forêt dans le désert. : Photo: David Ferron

À la suite d’une période tranquille entre 2015 et 2018, Feux de forêt dans le désert a fait un retour qui marque un changement d’esprit. Le but désormais, c’est de «continuer à être pertinent […] en faire moins, mais un peu plus préparés», explique Philippe. Donc, de «passer à un autre niveau». Ainsi, les Trifluvien.ne.s auront droit à moins de spectacles de Feux de forêt dans le désert, mais avec une programmation sans doute plus ambitieuse et professionnelle que jamais.

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