
En mars dernier, le Québec a été chamboulé par l’arrivée de la pandémie de la COVID-19. Nombreuses étaient les personnes qui commencèrent, si ce n’était pas déjà le cas auparavant, à douter du futur. Tandis que certains individus se questionnaient sur la forme de ce futur, d’autres se demandaient si l’humanité en aurait un, tout simplement. Le recueil de nouvelles Futurs, dirigé par l’auteur Mathieu Villeneuve, vient justement répondre à ce besoin d’imaginer et de rêver le futur, et ce, pour le meilleur comme pour le pire.
Publié en septembre dernier, Futurs est un recueil de nouvelles qui relèvent de la science-fiction; comme l’explique Mathieu Villeneuve dans l’avant-propos, «la fin du monde a commencé il y a des années. […] Les spécialistes proposent une fourchette des possibles: entre la pire éventualité et la plus optimiste, plusieurs visions existent. Laquelle se concrétisera?» C’est à cette question que tentent de répondre les dix auteurs et autrices du recueil; en racontant le futur, du moins leur vision de la chose, ils et elles esquissent le portrait d’un avenir fictionnel qui ne tarderait pas à se réaliser.
Chirurgies esthétiques et technologies futuristiques
Bien que toutes les nouvelles présentées dans le livre soit percutantes, deux d’entre elles se démarquent: Chlorose d’Ariane Gélinas et Nous n’aurons pas eu le temps de Sylvie Bérard.

Dans Chlorose, le lectorat se trouve plongé dans le quotidien de Marvin et Clément, un couple homosexuel vivant une centaine d’années après l’époque actuelle. Marvin est obsédé par le sentiment de chlorose; en fait, la solution choisie pour éviter de ressentir ce sentiment de déprime est de se faire extraire des parties du corps afin de se sentir plus léger. Toutefois, seules les extractions non nécessaires comptent; que ce soit les phalanges, le prépuce, les lobes des oreilles ou d’autres parties du corps, Marvin croit que les extractions sont la clé du bonheur.
«Les tatouages et les piercings, c’était surtout à la mode il y a cent ans. Les gens croyaient se sentir moins vides en ajoutant des implants, des couleurs sur leur peau. Alors que c’est différent: il faut enlever pour se sentir léger, comprendre le néant ambiant.»
Faire tomber les barrières
Dans Nous n’aurons pas eu le temps, Sylvie Bérard joue avec les concepts de descendance et de voyage dans le temps. Avec ses personnages queer et ses scènes à saveur érotique, l’autrice met de l’avant une réalité où la transidentité n’est qu’une banalité; écrit en suivant les principes de l’écriture inclusive, la nouvelle de Sylvie Bérard est rafraichissante et amène des réflexions importantes.
Qu’il s’agisse de la place accordée aux minorités sexuelles dans notre société ou encore l’importance du souvenir, Nous n’aurons pas eu le temps se distingue grandement de la science-fiction traditionnelle. Avec sa nouvelle, l’autrice réussit à montrer que le genre littéraire de la science-fiction peut contribuer à l’avancement de nombreuses causes puisqu’il dépeint des réalités inhabituelles et force le lectorat à penser en dehors du cadre établi.
Un recueil incontournable
Avec ses nombreuses nouvelles, Futurs est un livre qui se consomme avec modération (ou non). Considérant que les textes varient en longueur, le lectorat n’a pas l’opportunité de s’ennuyer. Les autrices et les auteurs du recueil ont réussi avec brio à composer des histoires qui, par leur étrange proximité avec la réalité, captivent complètement leur auditoire. Chacune des nouvelles, sans exception, est porteuse de questionnements qui méritent que l’on s’y attarde. Pour ce qui est de la qualité de l’écriture, les autrices et les auteurs, par leur diversité et par leur prouesse stylistique, ont réussi à tenir le lectorat en haleine jusqu’aux toutes dernières pages.

Cette critique a été réalisée grâce à la collaboration de Coopsco Trois-Rivières. Coopsco Trois-Rivières est une coopérative qui offre à ses membres et clientèle tous les produits et services pour répondre à leurs besoins. Le titre a donc été recommandé par leur libraire et a fait l’objet d’un service de presse.