Je me souviens… Au pouvoir, citoyens!: Perspectives et bilan de cette 42e élection fédérale

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Ceci est ma dernière chronique à paraitre avant les résultats électoraux du 19 octobre prochain. J’ai choisi de dresser un portrait général des divers chefs des partis politiques sur la scène fédérale pour mieux en saisir les enjeux.

Parti conservateur du Canada (PCC)

Points forts: Misant sur la sécurité des citoyens, la répression excessive des criminels et la peur du terrorisme, Harper sait rallier non seulement les forces de la droite religieuse canadienne, mais également tous les Anglo-Canadiens de l’Ouest qui aiment bien mettre à genoux ses minorités nationales, la face dans le pétrole, qu’elles soient francophones ou amérindiennes. Ses interventions militaires sur la planète (Afghanistan, Ukraine, Syrie, Irak) lui donnent l’image d’un puissant qui sait agir pour la «paix» et le «bien» du monde.

Points faibles: Après avoir enligné le Canada sur la politique étrangère des États-Unis, l’usure de neuf ans de dictature a gangréné les troupes conservatrices (scandale du Sénat, appui inconditionnel à Israël, contrats militaires exagérés). Si vous êtes un scientifique, un étudiant, un chômeur, un syndicaliste, un employé de l’État, un autochtone, un environnementaliste, un pacifiste, un immigré, un producteur fromager, etc., vous aurez sans doute de la réticence à voter pour Stephen Harper. Même l’Alliance de la fonction publique du Canada fait campagne sur le thème «stoppons l’hémorragie», ce qui témoigne bien de l’urgence de mettre à la porte ce gouvernement rétrograde, militariste et tyrannique.

Nouveau Parti démocratique (NPD)

Points forts: Barbu et très charismatique, le chef néo-démocrate est l’alternative la plus probable au gouvernement Harper. Naviguant sur un bateau dont le capitaine est subitement décédé à l’été 2011, Mulcair défend une vision progressiste du Canada (réforme du scrutin, abolition de la loi antiterroriste, commission d’enquête sur les femmes autochtones, etc.).

De plus, la fameuse déclaration de Sherbrooke (2005) du NPD, réaffirmant la légitimité de 50% plus un pour le prochain référendum sur l’indépendance du Québec, permet à «Tom» de marquer des points sur l’aspect démocratique des relations provinciales/fédérales.

Points faibles: La carrière de Thomas Mulcair s’est édifiée contre le Québec français. D’abord comme avocat d’Alliance Québec dès 1983 pour combattre la loi 101, sur la ligne de front dans le camp du NON lors des deux référendums, et devenu député libéral en 1994 puis ministre sous Jean Charest, il a même hésité entre le PLC et le PCC en 2007. Ayant affirmé son appui aux mesures d’austérité de Margareth Thatcher, rappelons que Mulcair a appuyé clairement les libéraux de Philippe Couillard lors de l’élection d’avril 2014…

Bref, Mulcair aura beaucoup de mal à démontrer qu’il défend le Québec, notamment lorsqu’on regarde l’absence du NPD dans certains dossiers majeurs: que ce soit le scandale du pont Champlain ou lorsque le chantier maritime Davie n’a rien reçu du contrat fédéral de 33 milliards de dollars, Thomas a déclaré que c’était «un grand jour pour le Canada»! Il aura beaucoup à faire pour convaincre les nationalistes et les indépendantistes du Québec.

Parti libéral du Canada (PLC)

Points forts: Stimulé et soutenu par l’ombre de son père en tant qu’ancien premier ministre, à l’instar de George W. Bush, Justin Trudeau est le personnage politique le plus esthétique. Il suffit de visionner le documentaire God save Justin Trudeau (2014) pour s’en apercevoir. Ayant reçu l’appui public de la première ministre de l’Ontario, le PLC semble s’être enfin débarrassé de l’étiquette de corruption qu’il trainait depuis le Scandale des commandites.

Mulcair aura beaucoup de mal à démontrer qu’il défend le Québec.

Points faibles: Dénoncé pour l’ambigüité de ses positions et son inexpérience à la Chambre des communes d’Ottawa (son taux d’absence est l’un des plus hauts parmi les députés), Trudeau privilégie une politique-spectacle qui évacue au maximum le contenu politique afin de miser sur sa famille ou la défense acharnée du multiculturalisme de son père, qui traine d’ailleurs tout un héritage anti-Québec (loi des mesures de guerre en octobre 1970, rapatriement de la Constitution en 1982, acharnement contre le mouvement souverainiste).

Parti vert du Canada (PVC)

Points forts: Contre l’oléoduc et le pétrole sale comme solution de l’avenir énergétique du Canada, le PVC défend également quelques enjeux sociaux tels que la légalisation de la marijuana. Sa chef est également la seule femme à la tête d’un parti politique au fédéral.

Points faibles: Miser sur un seul cheval de bataille, l’environnement, fait en sorte que le parti perd parfois de la crédibilité pour gérer d’autres conflits ou dossiers importants. À l’échelle du pays, le parti doit encore faire ses preuves. Par exemple, lors de l’élection du 2 mai 2011, 889 788 électeurs ont choisi le BQ, au Québec seulement, alors que le PVC a recueilli à peine 576 221 voix dans tout le Canada. De plus, vénérant le mondialisme ou une certaine priorité à l’écologie au-delà des peuples, le PVC est malheureusement le seul parti fédéral à avoir voté en 2006 contre la motion pour reconnaitre la nation québécoise…

Bloc québécois (BQ)

Points forts: Étant donné que son but n’est pas de prendre le pouvoir, les motivations du BQ ne sont influencées ni par la gestion de l’argent public ni enchainées par le lobbyisme. Comme son électorat se situe uniquement au Québec, la proximité du parti avec sa base électorale est un avantage indéniable, en plus d’une maitrise plus profonde du terrain. Avec ses vingt ans d’expérience comme député puis comme chef, Gilles Duceppe a aussi l’avantage sur ses adversaires concernant sa grande expérience dans les débats des chefs.

Points faibles: Face à Jack Layton, son chef a mangé toute une volée aux élections de mai 2011, plongeant le parti dans un certain coma et le laissant comme moribond. Considérant le NON de 1995, certains croient donc que Duceppe et son parti ont fait leur temps. Reste maintenant à savoir si le BQ saura rallier tous les indépendantistes et tous les nationalistes québécois à sa cause, celle de défendre d’abord, et tout le temps, les intérêts du Québec.

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