L’art de monter une mayonnaise et autres propos comestibles: S’emparer de sa ville

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Les feuilles d’automne tombent, mais la campagne électorale demeure. Les candidats ont-ils épuisé leur lot de syllogismes, de fausses controverses et de jingles accrocheurs? Le suspense reste entier! C’est à se demander si tout cela ne se terminera jamais à l’image du téléroman L’Auberge du chien noir qui agonise sur les ondes de Radio-Canada. Vous comprendrez que le contexte actuel me plonge dans un état de morosité.

Lorsque je regarde à plus petite échelle, la situation ne parait guère plus reluisante. En effet, combien de fois ai-je entendu des quidams ou des connaissances se plaindre de la condition de Trois-Rivières au point de me désoler moi-même de ma ville? Hausse du taux de chômage, population vieillissante, rapport peu flatteur de la Vérificatrice générale, et j’en passe. Dès lors que l’on s’informe de l’actualité trifluvienne, une statistique défavorable semble surgir pour entraver un éventuel bilan positif de notre ville. Afin de contrecarrer cette tendance à récriminer Trois-Rivières, je me suis lancé le défi de trouver des initiatives aptes à redorer le blason de la ville.

Des parcs comestibles

Tout dernièrement, alors que je profitais d’une dernière balade à vélo avant l’hiver, je suis arrivée par hasard face au jardin communautaire Christophe-Crevier. Cet ilot de verdure, version miniature du jardin d’Éden perdu entre un parc industriel et un quartier résidentiel, se dressait devant moi et m’offrait une vision des plus inusitées: arbres fruitiers, maïs, aubergines, tomates, etc. Bref, imaginez une corne d’abondance, mais juste avant la récolte. La ville de Trois-Rivières recense neuf de ces jardins communautaires qui permettent au citoyen des différents secteurs de se réapproprier leur quartier et de s’initier à l’agriculture urbaine.

En plus de produire des denrées alimentaires, ces jardins revitalisent et embellissent considérablement des zones laissées vacantes. En partenariat avec le Centre régional de l’environnement de la Mauricie (CRE), des bénévoles ont procédé à la plantation d’arbres fruitiers et d’arbres à noix afin, entre autres, d’atténuer les effets des ilots de chaleur en régénérant la faune urbaine. Ce genre de projet est d’autant plus à propos que l’étalement urbain crée des déserts alimentaires où la voiture devient un impératif pour s’approvisionner. Les marchés et les épiceries s’éloignent des lieux de résidence et le transport en commun ne répond pas toujours aux besoins. Ces jardins communautaires offrent une vision alternative à ses membres, soit un moyen économique de se nourrir qui encourage la diversité et la souveraineté alimentaires.

Les tomates à Henri

Mon grand-père cultivait sans doute les meilleures tomates de Saint-Pierre-les-Becquets. C’est peu dire lorsque l’on sait que ce petit village de la rive sud bénéficie d’une réputation légendaire pour la production de ce fruit, en fait foi son célèbre festival de la tomate (Fête Familiale Tomates et Délices). Tandis que je me prépare pour une session intensive de mise en conserve, je repense aux nombreuses anecdotes dont ma mère m’a abreuvée au sujet de l’époque révolue où elle accompagnait ses parents au marché aux denrées de Trois-Rivières. Ce marché qui se situait près de l’actuelle gare d’autobus accueillait divers producteurs agricoles dans les années 1960.

Dès lors que l’on s’informe de l’actualité trifluvienne, une statistique défavorable semble surgir pour entraver un éventuel bilan positif de notre ville. Afin de contrecarrer cette tendance à récriminer Trois-Rivières, je me suis lancé le défi de trouver des initiatives aptes à redorer les blasons de la ville.

Aujourd’hui, l’âge d’or de ce marché public semble révolu. Néanmoins, certains Gaulois résistent à l’air du temps et y tiennent encore un kiosque. Le mercredi, la ferme La Chouette Lapone déballe son étalage de fruits et légumes biologiques. Les abonnés de la ferme viennent récupérer leur panier de la semaine, les travailleurs du centre-ville s’y arrêtent pour acheter des provisions pour le souper. Ces quelques résistants colorent ainsi le paysage de la gare qui a perdu en vitalité en étant graduellement délaissée par les commerçants.

Bien que la Société de développement commercial de Trois-Rivières ait entamé des démarches auprès de ses collaborateurs en 2012-2013 pour développer un marché public, le projet a été abandonné. Trop d’écueils, dont un manque de financement, ont empêché cette idée de se concrétiser. Reste à savoir si d’autres maraichers et artisans locaux se joindront malgré tout aux résistants pour graduellement redonner vie à ce lieu emblématique. Je l’espère.

D’une rive à l’autre

Pour ceux qui aimeraient compléter leur achat fait au marché aux denrées tout en se mettant en forme, il existe des navettes fluviales qui relient Trois-Rivières et Sainte-Angèle-de-Laval (Bécancour) durant les mois de juillet et d’aout. Ces navettes transportent les passagers (et les cyclistes) pour un cout de 7$ aller-retour. (www.tourismebecancour.com) Arrivé à destination, il vous suffira d’enfourcher votre vélo, prendre la Route verte jusqu’au marché Godefroy et encourager les producteurs locaux, dont la Tomaterie de Saint-Pierre-les-Becquets. Même si mon grand-père n’est plus de ce monde, les tomates de Saint-Pierre demeurent les meilleures…

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