Je me souviens… Au pouvoir, citoyens! : Regard sur les Rébellions de 1837-1838

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Le 28 février 1838, il y a très bientôt exactement 175 ans, à Caldwell’s Manor (Clarenceville), alors qu’il revenait d’exil aux États-Unis avec ses hommes, le docteur anglophone et député patriote Robert Nelson déclarait devant plus de 500 personnes, «au nom du peuple», l’indépendance du Bas-Canada (le Québec actuel).

Cette déclaration fut relue à Napierville le 4 novembre 1838, le lendemain de la seconde insurrection, à titre de «président de la république du Bas-Canada». Malheureusement, ces dates tombèrent dans l’oubli de la mémoire collective à cause de la terreur évidente du moment : 99 condamnés à mort; 8 exilés aux Bermudes; 58 en Australie; 325 personnes mortes sur les champs de bataille; 3 villages rasés; 1 700 prisonniers; environ 3 000 réfugiés aux États-Unis, 12 pendus publiquement sans oublier la suspension de la constitution et des libertés démocratiques pour quatre ans…

Toutefois, même si la seconde défaite des Patriotes contre la plus puissante armée au monde à cette époque a anéanti le projet de Nelson, les idées défendues par cette crise révolutionnaire il y a presque deux siècles peuvent encore nous rejoindre.

Parmi les 18 points que contient la déclaration, on peut notamment y compter plusieurs idées progressistes dont la liberté et l’indépendance de presse, la laïcité de l’État, une égalité de droits avec les Amérindiens, l’abolition du régime seigneurial, la fin de l’emprisonnement pour dettes, l’abolition de la peine de mort sauf en cas de meurtre, le scrutin secret, et bien d’autres mesures très intéressantes.

Cette affirmation politique solennelle allait enfin permettre d’établir immédiatement une République canadienne «libre de toute allégeance à la Grande-Bretagne» – le lien politique entre ce pouvoir et le Bas-Canada étant «maintenant rompu» – et dirigée par un gouvernement libre du Bas-Canada où «tous les individus jouiront des mêmes droits».

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Moins de quatre ans plus tôt, à l’automne 1834, le Parti Patriote, sous la direction du seigneur Louis-Joseph Papineau, célèbre pour ses dons oratoires, s’était fait élire avec une large majorité (77 sièges sur 88) grâce à son programme central des 92 Résolutions débordant de valeurs républicaines : laïcité de l’État, droits des Amérindiens et des Canadiens français, égalité homme/femme, l’obtention d’un gouvernement responsable, l’élection des membres du conseil législatif et davantage de Canadiens français dans l’administration du pays. On y dénonçait aussi la loi de tenure des terres qui défavorisait alors les habitants du pays et la faible représentation des Canadiens-Français dans la fonction publique.

Or, ces évènements devraient désormais être davantage considérés par les historiens québécois comme «notre» Révolution française. D’ailleurs, selon l’historien Allan Greer, les 92 Résolutions ne sont pas assez étudiées dans nos institutions : «Il n’en est pas moins étonnant, étant donné l’importance de ce manifeste, que le texte ne soit pas disponible pour les lecteurs modernes. Il n’existe en outre aucune étude sur son contenu, ses origines et ses idées essentielles, lesquelles vont bien au-delà du catalogue superficiel que j’en présente dans ce paragraphe.»

Toutefois, même si les 92 résolutions furent soutenues par une pétition de plus de 80 000 noms, le parlement de Londres les refusa intégralement au printemps 1837 car il n’était pas en mesure de réagir. En effet, une crise intérieure secouait le pouvoir anglais : en onze mois, quatre ministres responsables des colonies se sont succédé!

«La consommation des aliments québécois a chuté de 78% en 1985 à 33% en 2009. Le gouvernement soutient que si chaque consommateur québécois achetait pour 30$ de plus d’aliments du Québec chaque année, les ventes gonfleraient de 1 milliard $ en cinq ans.»

Dès 1836, au Bas-Canada, les assemblées populaires ont voté des résolutions non seulement pour exprimer leur colère et leur déception quant à l’inaction et aux excès de l’oligarchie britannique, mais désiraient surtout permettre, grâce à l’appui de la population, de remplacer les juges nommés par le gouvernement anglais. D’autres résolutions centrales de l’idéologie Patriote reposaient aussi sur le soutien d’un boycott généralisé des produits importés (tabac, surtout de l’alcool comme le whisky, certains textiles et autres marchandises britanniques) en guise de protestation.

En conséquence, la population du Bas-Canada commença à fabriquer ses propres liqueurs alcoolisées et à se vêtir de «l’étoffe du pays» et cette résolution fut unanimement adoptée par des centaines d’assemblées populaires. Revenons en 2013.

Selon un article de l’Agence QMI, «la consommation des aliments québécois a chuté de 78% en 1985 à 33% en 2009. Le gouvernement soutient que si chaque consommateur québécois achetait pour 30$ de plus d’aliments du Québec chaque année, les ventes gonfleraient de 1 milliard $ en cinq ans.»

Le gouvernement Marois, par l’entremise de François Gendron, ministre responsable de l’Agriculture et député péquiste de l’Abitibi-Ouest depuis 1976 (le Papineau de notre époque), a confirmé récemment à l’UPA la promesse électorale de hausser cette proportion à 50%. Ainsi, 175 ans plus tard, espérons que notre société contemporaine va continuer de s’inspirer de plus en plus des politiques des Patriotes et comprendre que l’achat local est la première étape vers l’indépendance économique.

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