Qui n’a pas lu sur l’impeachment de Trump? Ou plutôt, qui n’a pas eu vent qu’il a été acquitté de toutes accusations concernant sa destitution? À 52 votes collectés sur les 60 nécessaires pour la destitution, le président américain n’a pas sourcillé d’un pouce. Pourquoi? Image de marque! L’Écon’homme, c’est une dose bimensuelle d’économie, souvent tirée de l’actualité et aujourd’hui on parle d’actualité tout en touchant une de mes expertises : Donald Trump.
Marque de commerce
Ce qu’il faut savoir, c’est que si Donald Trump n’est pas un grand financier, c’est tout un gestionnaire de marque! En effet, malgré les six faillites que celui-ci a vécu, notamment par ses casinos et hôtels, il a toujours su tirer son épingle du jeu. Tantôt propriétaire d’une université (la Trump University où l’on enseignait l’immobilier), d’une équipe de football (les New Jersey Generals) et d’une ligne aérienne (Trump airline), Donald Trump s’est surtout démarqué par la gestion de son image. Il a d’ailleurs poussé l’audace jusqu’à s’inventer un agent, faisant croire aux journalistes qu’il avait un relationniste de presse.
Ces comportements douteux, folles dépenses et dilution de la fortune de son paternel ne sont que des investissements dans sa marque. Il en va de même avec son impeachment. Preuve à l’appui : des treize bâtiments portant son nom à Manhattan, aucun ne lui appartient. C’est tout dire que la marque Trump a fait sa place dans les maisonnées américaines au point de le nommer comme président de plus grande nation au niveau mondial (d’un point de vue économique, en 2019).
Je vous entends déjà : mais elle est où, ton expertise? En fait, il s’avère que j’ai moi-même réalisé, sous la direction de M. Foued Chihi, un projet de recherche sur les distorsions financières causées par le protectionnisme commercial de l’administration américaine Trump. En effet, depuis sa nomination, Trump n’a pas produit que du positif, bien au contraire, il a un impact malsain au Canada comme au Mexique. Auparavant grande protectrice du libre-échange, la nation qu’est les États-Unis d’Amérique a décidé, avec l’élection de Donald Trump, qu’il en serait tout autrement.
Croissance de l’incertitude
En effet, l’administration américaine actuelle a battu des records en matière de barrières tarifaires et de sanctions économiques. Ce qui n’est d’ailleurs pas sans effet sur l’incertitude, qui a vécu une croissance fulgurante. Les avantages du libre-échange ne sont plus à faire, favorisant notamment les chaines de valeurs mondiales, permettant la spécialisation des états dans des champs d’expertise pointus et exposant les marchés nationaux à la compétition mondiale, les poussant à innover et rester compétitifs.
Si l’on se base sur l’Economic Policy Uncertainty index (EPU), ou indice d’incertitude des politiques économiques, cela mène l’incertitude à 175% du niveau avant l’élection de Trump, comparativement au Mexique où ce niveau est à 200% d’avant l’élection américaine. Mais comme l’économie est une histoire de confiance, cela n’est pas sans impact… En outre, cette incertitude dans l’environnement économique de l’entreprise se répercute directement dans l’entreprise et ses cotes boursières : devant un risque plus grand causé par l’environnement, les investisseurs demandent un rendement supérieur pour dédommager le risque encouru (la relation risque-rendement a été démontrée par Markowitz au cours des années 50).
Aussi, on assiste à une hausse de la volatilité des titres boursiers, ceux-ci vivant plus de variations de prix que par le passé. C’est d’ailleurs fortement présent dans nos différents titres canadiens : Trump fait frémir la bourse de Toronto! Ce qui n’est pas sans échos pour les indices boursiers qui font état de hauts et de bas, oscillant grandement aux sueurs des investisseurs. Pour ne citer que le SP-TSX, indice boursier représentant l’état général de la bourse de Toronto, celui-ci a vécu une augmentation d’environ 33% de sa volatilité suite à la fatale élection.
Mis à part protéger son économie interne, le président américain mène aussi de massives opérations de stimulation économique. Réduisant les impôts et influençant la Fed, celui-ci tente de stimuler l’aigle américain qui est bien loin d’avoir du plomb dans l’aile. Stimuler une économie déjà en forte période n’est pas sans risque, les périodes luxuriantes, les périodes de croissance et de boom industriel, étant moment où l’on doit engranger pour les années de vaches maigres, telles les récessions et crises économiques…Or, la présidence américaine ne semble pas de cet avis et continue de stimuler la bête.
Pour résumer, la présidence américaine de Donald Trump change le paradigme traditionnel des États-Unis agissant en père du libre-échange et chamboule l’économie mondiale par le fait même, mais plus particulièrement celles du Canada et du Mexique. En trame de fond, on assiste à une perte de consensus envers le dollar américain et beaucoup envisagent le yen chinois comme devise d’échange, afin de réduire ces perturbations. Assistons-nous lentement à la victoire du dragon chinois face à l’aigle américain?
-L’Écon’homme
Sources:
Desfossés, Étienne (2019). Étude économétrique des distorsions financières causées par le protectionnisme commercial de l’administration américaine. Projet d’application, École de Gestion de l’UQTR.