La Lady Bimensuelle: Emily Brontë, briser les conventions littéraires

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Emily Brontë. Photo: Courtoisie 
Emily Brontë. Photo: Courtoisie

La littérature anglaise regorge de classiques de tous genres qui ont traversé les siècles. Cette semaine, je vous présente une auteure qui, même si elle n’a publié qu’un livre, a su laisser sa marque et ainsi entrer dans le panthéon de la littérature anglaise: Emily Brontë (1818-1848). Décédée très jeune, cette sœur Brontë laissera en héritage un des plus grands romans britanniques, Les Hauts des Hurlevent.

Un air de famille

Tout d’abord, ne nous mélangeons pas. Il y a pas moins de trois sœurs Brontë qui se sont illustrées dans la littérature anglaise. Petit tour d’horizon, question de les démêler. Commençons par la plus connue, soit Charlotte Brontë, qui a écrit le roman à fort succès Jane Eyre, qui raconte l’intrigante histoire d’une gouvernante qui tombe amoureuse du propriétaire du manoir où elle travaille. Anne Brontë, la plus jeune, est connue surtout pour ses poèmes ainsi que son deuxième roman, La recluse de Wildfell Hall, qui est basé sur la déchéance de son frère.

Vient ensuite Emily, cadette de ce trio littéraire. Elle naît en 1818 dans une famille relativement bourgeoise. Alors qu’elle est très jeune, sa mère décède, et son père, un pasteur dans le Yorkshire, leur laissera une grande liberté. Cela aura pour conséquence de développer un imaginaire puissant chez les sœurs Brontë. À l’âge de 11 ans, elles créent le royaume imaginaire de Gondal, qu’Emily va mettre en scène dans des pièces de théâtre, récits et essais. D’ailleurs, ses plus grands poèmes seront écrits dans ce qui est maintenant appelé le cycle de Gondal.

Malgré cette imagination débordante, Emily était surtout connue pour être une solitaire. Très peu encline à sortir en société, elle reste la plupart du temps au presbytère de son père. N’ayant pas peur de l’effort physique, elle fait souvent de longues promenades avec ses chiens, fidèles compagnons. En 1842 cependant, elle entreprend un voyage à Bruxelles avec Charlotte pour étudier les langues auprès de Constantin Héger. En guise de paiement pour leur séjour, Charlotte enseigne l’anglais et Emily la musique. Rapidement, Emily a le mal du pays et souhaite retourner en Angleterre.

Celle qui était reconnue comme solitaire, vieille fille et asociale, aura finalement écrit une des plus grandes tragédies amoureuses du XIXe siècle.

Solitude et romantisme

C’est le décès de leur tante, à peine dix mois après leur départ, qui poussera leur retour à la maison. Emily se trouvera une nouvelle occupation dans la prise en charge du presbytère, rôle que sa tante occupait depuis la mort de leur mère. Elle trouve dans cette tâche la solitude qu’elle aimait tant, et l’occupation de ses mains par les travaux à faire. De plus, elle peut prendre tout le temps qu’elle souhaite pour lire et écrire.

Emily était particulièrement attirée vers le romantisme allemand. C’est durant son enfance qu’elle découvre l’écrivain Lord Byron. Grande figure anglaise du romantisme, ses poèmes illustrent la liberté, les passions et surtout l’excessivité, sujets qu’elle abordera dans ses créations littéraires. Elle admire d’autant plus les peintures de John Martin, qui est surtout reconnu pour mettre en scène des paysages apocalyptiques et ténébreux. Ce sont ces influences qui vont contribuer à faire Les Hauts des Hurelvent un roman si renversant.

En 1847, Emily Brontë publie son premier roman sous le pseudonyme d’Ellis Bell. Les Hauts de Hurlevent raconte l’histoire d’amour tragique entre Heatcliff et Cathy qui défiera les lois de la moralité. L’œuvre connaît dès le départ son lot de critiques. Plusieurs sont choqués par le manque de respect des conventions morales et la noirceur des personnages. L’histoire, qui se déroule sur deux générations, témoigne de la rancune d’un homme envers ceux qui ont rendu son amour impossible. Par son caractère colérique, rancunier et excessif, Heatcliff fait une paire particulière avec Cathy, qui est impétueuse, impulsive et possessive.

Malgré cette allure d’anti-héro des personnages, Emily Brontë a réussi à rendre accrocheuse et intemporelle cette histoire qui a des allures de tragédie grecque. Celle qui était reconnue comme solitaire, vieille fille et asociale, aura finalement écrit une des plus grandes tragédies amoureuses du XIXe siècle. Malheureusement, Emily décéda l’année suivant la publication de son seul livre, à l’âge de 30 ans. Alors qu’elle s’occupait de son frère alcoolique et atteint de tuberculose, elle attrapera aussi la maladie qui l’entraînera dans la mort quelques semaines après ce dernier.

La complexité de Les Hauts des Hurlevent et la particularité de ses personnages joueront contre elle, puisque c’est bien après son décès qu’on reconnaîtra l’importance de cette œuvre magistrale. Aujourd’hui, plusieurs adaptations ont été faites de ce récit, et Emily Brontë est maintenant reconnue comme l’une des dernières grandes auteures du romantisme européen.

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