
Pour vous présenter l’auteur de cette semaine, je dois faire une brève tranche de vie. Veuillez m’en excuser, si cela ne vous intéresse pas, vous pouvez sauter le premier paragraphe. Avant d’étudier la philosophie à notre chère UQTR, j’ai réalisé des études au Liberal Arts College de l’Université Concordia. La littérature est bien souvent nationale, ou à tout le moins, inscrite au sein des limites de la langue. J’avais donc l’apriori bien arrogant que rien ne pouvait égaler la littérature français – je me demandais même, en fait, s’il pouvait exister une autre littérature. Et c’est une fois confronté au canon anglo-saxon que je suis tombé amoureux, complètement et entièrement, car sa poésie est l’une des plus puissante et moderne qui soit. Cette semaine, vous l’aurez compris, je traiterai du plus grand des poètes américains, et j’ai nommé Walt Whitman.

Un éloge au territoire américain
Cette semaine, nous ferons entièrement fis de la biographie de l’auteur. Sinon d’affirmer que Walt Whitman est un auteur américain du dix-neuvième siècle, probablement homosexuel (et cela aura son importance.) Il est surtout reconnu pour son immense recueil de poésie Leaves of Grass, publié en 1855, puis réédité pour une édition posthume augmentée en 1892.
« I believe a leaf of grass is no less than the journey-work of the stars… » – Walt Whitman, Leaves of grass, 1892.
Comme son titre l’indique, le recueil de Whitman se veut une éloge du territoire américain. Un lieu commun de l’analyse littéraire veut que l’Europe soit obsédé par le temps (pensons à Marcel Proust et La recherche du temps perdu) et l’Amérique par le territoire. Et Whitman sera l’une des plus importantes assises de cette obsession littéraire américaine.
Mais la nature dans l’œuvre de Whitman est un personnage en soi. En effet, celle-ci est l’amante de Whitman; il ne pose pas seulement un regard bienveillant sur celle-ci, mais bel et bien un regard amoureux et désirant. C’est le point crucial de la perspective poétique de l’auteur : il est un amoureux. Il accepte et glorifie tout ce qui l’entoure, et la nature, comme grand tout, se doit d’inclure l’humain dans sa magnificence.
L’héraut de la démocratie
L’Amérique se veut également une terre de liberté, un champ vierge pour une politique libre, une bassin de la démocratie moderne. Et sans jamais tomber dans le pamphlet idéologique ou la thèse philosophie, Whitman nous fait sentir dans sa poésie même pour les gens du commun.
De plus, la démocratie se veut un affrontement modéré entre différents points de vue. Et toute l’œuvre de Whitman se veut cette acceptation d’une chose et son contraire. En effet, il écrit : « I am not the poet of goodness only, I do not decline to be the poet of Wickedness also. (…) I find one side a balance and the antipodal side a balance, / Soft doctrine as steady help as stable doctrine, / Thoughts and deeds of the present our rouse ans early start. » Whitman parle pour ses confrères et ses consoeurs, il est le poète du tout, l’amant de la multitude. Il n’oserait jamais se faire le porte-parole de l’élite. Il est ainsi, au sens le plus noble du terme, un poète populaire.

Un style moderne
Pourtant, ce qui frappe le plus à la première lecture ce ne sont pas les thématiques de l’auteur, mais bien son style. En effet, dans Leaves of Grass il livre une poésie extrêmement moderne : absence de rime, vers longs et irréguliers, rythme soutenue voir effréné. En ce sens, il s’agit probablement de l’un des auteurs les plus influents sur la poésie contemporaine. Il saura influencer de grands auteurs comme Allen Ginsberg, qui lui fait directement référence dans Howl; ou dans la bouche de Robin Williams dans Dead Poet Society : « O captain my Captain! ».
« I am the poet of the body and I am the poet of the Soul, / The pleasures of heaven are with me and the pains of hell are with me, / The first I graft and increase upon myself, the latter I translate into a new tongue. » – Walt Whitman, Leaves of Grass, 1892.
La poésie de Whitman doit donc être dictée avant tout. En effet, seule une lecture à voix haute permet réellement d’en apprécier toute la force. Je recommande d’ailleurs, comme l’a fait auparavant la professeure me l’ayant fait découvrir, de lire son œuvre nu, debout et à voix haute. Cela peut paraitre absurde, mais je suis certain que c’est comme cela que Whitman lisait lui-même la poésie, et la pleine sensation de liberté que cela confère permet d’apprécier toute la valeur de son œuvre.