Un peu de cinéma : The Tragedy of Macbeth, Joel Coen (2021)

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Un peu de cinéma
crédit : Sarah Garner

Présenté en avant-première le 24 septembre 2021 lors du Festival du Film de New York, The Tragedy of Macbeth, est le premier long métrage solo du réalisateur Joel Coen. Figure marquante du cinéma américain en raison de ses nombreuses collaborations avec son frère Ethan Coen, il nous propose cette fois-ci, une adaptation de la tragédie de William Shakespeare, Macbeth.

Au cours de près de 40 ans de carrière, les frères Coen nous ont offert 19 longs métrages dont Miller’s Crossing (1990), Fargo (1996), The Big Lebowski (1998), No Country for Old Men (2007) ainsi que Inside Llewyn Davis (2013) pour ne nommer que ceux-ci. Maîtres dans l’art du cinéma absurde, les frères Coen nous ont aussi offert d’excellentes œuvres de fictions historiques. En ce sens, dès l’annonce d’un nouveau film de Joel Coen, nous savons que nous allons assister à un évènement cinématographique d’envergure.

Adaptée à de nombreuses reprises au cinéma, l’œuvre de Shakespeare est toujours d’actualité en raison de ses thématiques intemporelles. De nombreuses adaptations ont été produites par des réalisateurs de renoms dont Macbeth (1948) de Orson Welles, The Tragedy of Macbeth (1971) de Roman Polanski ainsi que le téléfilm Macbeth (1982) réalisé par Béla Tarr. Par ailleurs, certains nous ont offert des relectures dont Akira Kurosawa qui situe désormais l’action non pas durant l’Écosse médiévale, mais bien au sein du Japon féodal dans Kumonosu-jō (Throne of Blood, 1957) avec Toshirō Mifune dans le rôle du général Taketoki Washizu.

The Tragedy of Macbeth; hommage au théâtre et au cinéma.

À l’annonce d’une prophétie qui le destine à prendre le trône, le général Macbeth (Denzel Washington) est dévoré par l’ambition et l’avarice. Dans sa quête de pouvoir et poussé par sa femme Lady Macbeth (France Mcdormand), il commet le crime de régicide et assassine le roi afin de s’emparer du pouvoir. Rongé par la culpabilité, Macbeth sombre peu à peu dans la folie.

Contrairement à certaines relectures de l’œuvre, Joel Coen nous offre une ode au cinéma et au théâtre. Profondément théâtral dans son ton et dans sa manière de rendre les dialogues en raison de la présence de vers, The Tragedy of Macbeth est une œuvre qui sort des sentiers battus. Contrairement à la majorité des productions américaines actuelles, il parvient à nous offrir une expérience cinématographique singulière.

Bien que le cinéma des frères Coen soit reconnu pour son caractère comique, voire absurde, plusieurs films de leur cinématographie abordent des thématiques sombres et tragiques. C’est pourquoi The Tragedy of Macbeth s’inscrit parfaitement dans la lignée de leurs thrillers précédents, tels que No Country for Old Men (2007) ou encore Barton Fink (1991) où on l’constate la présence de personnages sombrant dans la folie et la paranoïa.

The Tragedy of Macbeth; des prestations d’acteurs et d’actrices à couper le souffle.

The Tragedy of Macbeth est la 8e collaboration avec l’actrice France Mcdormand, épouse du réalisateur, dans le rôle de Lady Macbeth. La prestation de celle-ci est à couper le souffle encore une fois. Celle qui depuis quelques années est en nomination dans la catégorie de la meilleure actrice lors des Oscars pourrait très bien être à nouveau sélectionnée cette année. De plus, la prestation de Denzel Washington dans le rôle de Macbeth lui a permis d’obtenir une nomination lors de la 79e cérémonie des Golden Globe dans la catégorie du meilleur acteur dans un film dramatique. En ce sens, il ne serait pas étonnant que le film obtienne de nombreuses nominations lors de la 94e cérémonie des Oscars le 27 mars prochain.

The Tragedy of Macbeth; l’esthétisme d’un grand maître.

Produit par la société de production américaine A24, le film est présenté en noir et blanc en format académique [1.37:1]. La direction artistique a été effectuée par Bruno Delbonnel qui avait précédemment collaboré avec les frères Coen lors de la réalisation de Inside Llewyn Davis (2013) ainsi que The Ballad of Buster Scruggs (2018). L’utilisation du noir et blanc à une fonction particulière qui est celle de ne pas perturber le spectateur lors du visionnement. En ce sens, le noir et blanc est utilisé afin de limiter les stimuli visuels afin de concentrer l’attention du spectateur sur le texte de Shakespeare.

De plus, l’utilisation du format académique permet à Joel Coen de rendre hommage aux grands du cinéma. Par moment, les décors produits par Stefan Dechant nous rappellent les nombreux décors expressionnistes présentent dans les œuvres de Fritz Lang, mais aussi par moment du Septième sceau (Det sjunde inseglet, 1957) du réalisateur Ingmar Bergman.

En somme, The Tragedy of Macbeth est un film à voir absolument, il s’agit d’une expérience cinématographique exceptionnelle pour les amateurs de cinéma et de théâtre.

The Tragedy of Macbeth est disponible sur Apple Tv+ (https://ouvoir.ca/2021/the-tragedy-of-macbeth)

Suggestions de la semaine

1- Le septième sceau (1957) Ingmar Bergman (https://ouvoir.ca/1956/le-septieme-sceau)

2- No Country for Old Men (2007) (https://ouvoir.ca/2007/non-ce-pays-n-est-pas-pour-le-vieil-homme)

3- The House (2022) Paloma Baeza, Niki Lindroth von Bahr, Emma De Swaef, Marc James Roels

4- Le Feu Follet (1963) Louis Malle (https://ouvoir.ca/1963/le-feu-follet)

5- Drive my Car (2021) Ryusuke Hamaguchi (https://ouvoir.ca/2021/drive-my-car)

 

 

 

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