Depuis un peu plus d’un mois, la deuxième saison de La Chronique des Bridgerton, série de romance historique ô tant aimée, a fait son apparition sur la plateforme de diffusion Netflix. Malgré toutes les aspects positifs de la série que je pourrais souligner, dont sa grande inclusivité, j’aimerais parler de quelque chose qui me chicote, soit sa grossophobie à peine voilée.
[Attention! Cette chronique contient des divulgâcheurs.]
Avant de passer au sujet principal de cette chronique, je tiens tout de même à mentionner que j’ai adoré la deuxième saison des Bridgerton qui, du moins dans sa version originale, m’a permis de survivre à cette énième fin de session universitaire. J’ai trouvé franchement rafraichissant de voir le duo d’actrices Simone Ashley et Charithra Chandran interpréter les soeurs Sharma. Pour plusieurs, voir deux femmes d’Asie du Sud être au centre d’une histoire d’amour était plus que significatif.
Après tout, bien que Netflix n’hésite pas à produire des séries au casting diversifié, il est encore inhabituel de visionner des émissions où les protagonistes ne sont pas blancHEs. Les soeurs Sharma, toujours d’une élégance onirique, portaient cette deuxième saison à bout de bras. Sans elles, je ne pense pas que j’aurais continué à écouter la série. Or, j’ai été plus que déçue de constater la façon dont le personnage de Penelope Featherington, alias Lady Whistledown, a été traité pour une seconde saison consécutive.
Du body shaming qui ne se limite pas à l’écran
Tandis que la série est écrite de façon à réinventer l’histoire, notamment en mettant une femme de couleur à la tête de l’Angleterre et en créant des couples interraciaux à la pelletée, il reste que cette dernière n’est pas complètement dépourvue de certaines idées préjudiciaires. Entre autres, pensons au sort réservé à la pauvre Penelope. Bien que cette dernière, sous le nom de plume de Lady Whistledown, soit la reine des potins de la ville de Londres, elle continue d’être considéré comme un fardeau, et ce, en raison de son apparence qui défie les standards de beauté. En effet, tandis que celle-ci brille sous le couvert de l’anonymat grâce à ses écrits, la vraie Penelope, celle qui désire être aimée pour ce qu’elle est réellement, est constamment rejetée parce qu’elle est ronde.
Lors du dernier épisode de la deuxième saison, alors que Colin Bridgerton, son love interest depuis un bon moment, lui accorde enfin une danse au bal, ce dernier n’hésite pas à déverser son fiel patriarcal sur elle lorsque les autres hommes présents le questionnent à ce sujet en se moquant de Penelope. Pour bien paraître devant le troupeau de mâles, il leur répond qu’il ne considèrerait jamais avoir une relation amoureuse avec elle.
On est tellement tannéEs de ce discours-là! Est-ce que les hommes peuvent laisser le corps des femmes en paix? Est-ce que les femmes peuvent avoir droit à des séries qui ne leur renvoient pas en pleine figure le même discours tellement violent qui est déjà présent dans la société? Peut-on laisser le corps de tous et de toutes tranquille s’il-vous-plaît?
Penelope, son interprète et les corps ronds à la télévision
Et ce n’est pas tout! Penelope est constamment drâpée de robes aux couleurs criardes et désagréables, soit des vêtements qui ne font qu’accentuer l’aversion que lui portent déjà les autres personnages. Les personnes grosses ont droit à des séries qui les présentent de façon glorieuse. Les femmes rondes peuvent avoir une vie amoureuse et sexuelle épanouie; elles n’ont pas besoin d’être protégée par un nom de plume pour être admirée et respectée.
Nicola Coughlan, l’actrice qui interprète Penelope, reçoit elle-même des commentaires grossophobes. Plus tôt cette année, elle a demandé à ses admirateurs et admiratrices de s’abstenir de commenter son corps: « Hello! So just a thing- if you have an opinion about my body please, please don’t share it with me » écrit-elle dans une publication Instagram.
Assez, c’est assez!
En ce sens, le personnage Penelope me rappelle le personnage de Kat dans la série Euphoria. Kat, qui est également un personnage plus size, ne réussit jamais à s’éloigner des tropes traditionnellement associés aux femmes rondes. Comme toute bonne grosse, Kat doit détester son corps et n’être rien de plus qu’un faire-valoir.
J’avoue être franchement fatiguée de ces séries supposément wokes, toujours écrites par des hommes, qui, au fond, ne sont rien de plus qu’un ramassis d’idées nocives dans un emballage brillant.
On peut me reprocher de m’emporter pour des choses fictionnelles. Et je rétorquerais que la fiction dépasse toujours son cadre fictionnelle. Si l’art imite la vie, la vie imite également l’art.