Un peu de cinéma : La Balloune, Anthony Hamelin et Maxime Gervais (2022)

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Un peu de cinéma
Crédits : Sarah Gardner.

Présenté en première montréalaise le 30 mars dernier au Cinéma du Parc et disponible à la location ou l’achat depuis le 25 avril sur la plateforme Vimeo, le documentaire La Balloune (2022) coréalisé par Anthony Hamelin du podcast Les films dans le Cabanon et Maxime Gervais du groupe humoristique les Pics-Bois nous offre un documentaire sur la vie fictive de l’humoriste Claude Crest.

Pour les non-initiés de l’univers des Pics-Bois (Maxime Gervais, Dom Massi et Julien Bernatchez), le personnage de Claude Crest est un humoriste de 91 ans. Interprété par Maxime Gervais, le personnage naît le 16 janvier 2021 lors d’un personnage du jour, exercice humoristique d’improvisation que le trio offrait à leurs admirateurs sur leur page Facebook durant la pandémie. Dès lors, Claude Crest va acquérir une grande popularité sur le web, puisque celui-ci a été invité à de nombreux podcasts, que ce soit à Sous-Écoute de l’humoriste Mike Ward, à Rince-Crème des Denis Drolet, au Podcast de Thomas Levac ou encore à Des si et Des Rais. Le personnage interprété par Maxime Gervais fait désormais partie du paysage humoristique québécois, et ce, au plus grand plaisir des amateurs d’humour.

Un documentaire de fiction par amour de l’humour.

Contrairement à de nombreux personnages humoristiques qui ont fait partie du paysage québécois, peu d’humoristes ont développé un univers et une biographie aussi complexe autour de leur personnage tel que le propose Maxime Gervais. Durant l’heure que dure le film, nous suivons le vieil homme à travers les rues du quartier Hochelaga-Maisonneuve. Au fil des scènes, il retrace son enfance et les grands moments de sa carrière. Malgré l’aspect fictif du personnage, Anthony Hamelin et Maxime Gervais sont en mesure de créer une intensité et une sensibilité au personnage qui nous touche profondément.

On constate l’attachement et l’amour de l’humour dans le scénario écrit par Maxime Gervais. Par l’existence de Claude Crest, c’est plus de 90 ans d’histoire du Québec que nous propose de redécouvrir l’humoriste. En ce sens, on ressent le souci des détails lorsqu’il est question de la vie montréalaise dans les années 1930, lorsqu’il est question de la Montreal Cotton Compagny, mais bien plus encore lorsqu’il est question de rendre hommage aux grandes personnalités du temps des cabarets tels que Claude Blanchard, Olivier Guimond, Jean Grimaldi, Juliette Petrie ainsi que Rose Ouellette (la Poune). De plus, on constate la passion que Maxime Gervais a envers l’humour et son histoire, puisque c’est notamment à l’aide de l’autobiographie de Paolo Noël qu’il va s’inspirer pour la construction du personnage. L’univers de Claude Crest est une lettre d’amour à la vie culturelle des années 1940 à 1970. C’est notamment le cas du personnage de Dodu (Claude Crest), qui est un hommage au personnage de Nestor interprété par Claude Blanchard dans les années 1970, ou encore le Crestdecho, hommage à directe à l’Osstidcho de 1968 mettant en vedette Yvon Deschamps. Par conséquent, tout au long du documentaire, les auteurs rendent un magnifique hommage à l’humour et à la culture des années 1930 à 1970 et le regard qu’ils apposent n’est pas sarcastique ou méprisant, mais bien empreint d’une belle nostalgie pour cette époque révolue.

La générosité de la communauté artistique québécoise

La réalisation du documentaire a été possible en raison d’une campagne de sociofinancement qui a permis à Maxime Gervais d’amasser plus de 15 000$. Cependant, la réalisation d’un tel projet nécessite énormément de financement. C’est pourquoi, une grande majorité des personnalités présentes dans le documentaire l’on fait bénévolement. De nombreuses personnalités de renoms sont présentes au sein du documentaire, telles que Yvon Deschamps, les Denis Drolet, Fabien Cloutier, Anne-Élisabeth Bossé, Mike Ward ainsi que Shirley Theroux, Philippe Fehmiu, Chantal Lamarre, pour ne nommer que ceux-ci. En ce sens, il est émouvant de constater l’engouement et la participation de tant d’artistes à ce projet, surtout celle d’Yvon Deschamps qui est sans aucun doute, la plus grande sommité en humour au Québec.

La Balloune; l’esthétisme d’une autre époque

L’un des points marquants du documentaire est la colorisation de l’image. En ce sens, afin de donner un aspect rétro à certaines scènes, le réalisateur Anthony Hamelin a fait appel à Daphné Lefebvre afin de coloriser l’image afin d’obtenir des scènes semblables à l’esthétisme des années 1950. En plus d’utiliser une coloriste, de nombreuses affiches reprenant le style de l’époque ont été créées par Laurence Lemieux, ce qui vient ajouter de la vraisemblance à l’univers de Claude Crest. Par ailleurs, lors des nombreuses scènes où Claude Crest se remémore son passé, les reconstitutions sont présentées à l’écran sous forme d’illustrations signées Anthony Cossette, ce qui ajoute un aspect comique au récit. De plus, c’est dans le sous-sol d’une maison privée de Québec, que plusieurs scènes ont été tournées, puisque le propriétaire y avait déjà reproduit l’esthétisme des années 1960-1970, ce qui est un atout majeur au sein du documentaire. Finalement, la musique originale de Jean-Simon Tessier est tout simplement magnifique et berce le récit de façon remarquable. Lors de l’émission no.516 de Des si et Des Rais, Maxime Gervais a affirmé: «J’aimerais ça qu’il y ait vraiment un thème au docu, quasiment comme dans Forest Gump, que tu reconnais tout de suite […] Les premières maquettes qu’il nous a envoyées (Jean-Simon Tessier) je me souviens chez nous, j’étais comme malade». Effectivement, la musique ajoute un aspect mélancolique au documentaire, notamment lors des scènes filmées à l’automne et où Claude Crest se remémore ce vieil appartement du quartier Hochelaga-Maisonneuve qui l’a vu grandir. Nous savons que c’est faux, et pourtant, le jeu d’acteur ainsi que la musique nous font oublier la comédie afin de faire place à la mélancolie.

En conclusion, le documentaire La Balloune coréalisé par Anthony Hamelin et Maxime Gervais est un bijou pour les amateurs d’humour, mais aussi d’histoire. Il vous permettra de découvrir une facette parfois oubliée de notre histoire. Le documentaire est maintenant disponible sur la plateforme Vimeo (https://vimeo.com/ondemand/claudecrest), à la location ou à l’achat. Si vous désirez en voir davantage, je vous conseille fortement le Patreon des Pics-Bois (https://www.patreon.com/lespicbois) ou le Patreon de Des si et Des Rais (https://www.patreon.com/dessietdesrais)

Finalement, il s’agit de ma dernière chronique cinéma dans le journal le Zone Campus, je tiens à remercier toutes les personnes qui ont pris le temps de lire mes chroniques au cours des 4 dernières années. Pour ma dernière chronique, je voulais vous faire découvrir le film iranien Taste of Cherry de Abbas Kiarostami qui aborde avec sensibilité la question du suicide et de la quête existentielle, mais j’ai finalement décidé de vous offrir une fin joyeuse en compagnie de Claude Crest!

Suggestions de la semaine inspirées par Claude Crest lors de l’émission no.115 de Box Sophisme

1- King Kong (1976) John Guillermin https://ouvoir.ca/1976/king-kong

2- Valérie (1969) Denis Héroux https://ouvoir.ca/1969/valerie

3- Deux Femmes en or (1972) Claude Fournier https://ouvoir.ca/1970/deux-femmes-en-or

4- Après ski (1971) Roger Cardinal https://ouvoir.ca/1971/apres-ski

5- La vie heureuse de Leopold Z (1965) Gilles Carles https://ouvoir.ca/1965/la-vie-heureuse-de-leopold-z

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