
Le 8 février dernier, la plateforme de diffusion en continu Netflix a annoncé qu’elle mettait à jour sa politique de visionnement afin d’empêcher ses utilisateurs et utilisatrices de partager leur mot de passe avec leur entourage. Un compte Netflix, indique le communiqué, serait destiné à une maisonnée seulement. Ainsi, même si, au Canada uniquement, il y aurait plus de 100 millions de comptes qui seraient exploités par plus d’une maisonnée, il ne sera dorénavant plus possible de le faire, à moins de débourser un frais additionnel de 7,99$/mois par personne additionnelle.
Après cette annonce, qui a causé la rogne de plusieurs Canadiens, Netflix aurait perdu un nombre impressionnant d’abonnements. Bien que je comprenne la déception de ceux et celles qui bénéficiaient de la générosité d’autrui pour écouter leurs séries et films préférés, il reste qu’il y a quelque chose de peu louable dans cette habitude, propre à l’ère d’Internet, de ne pas payer pour le contenu que nous consommons.
Payer pour se divertir, un mal nécessaire
S’il devient déraisonnable de payer 7,99$ de plus par mois pour que quelqu’un d’autre puisse profiter de notre compte Netflix, je ne pense pas qu’il soit insensé de payer ce montant si l’on est la personne qui profite de l’abonnement d’autrui. 7,99$/mois, c’est déjà moins cher que l’abonnement Netflix de base et ça se compare aisément aux frais des autres plateformes de diffusion en ligne. Je comprends que c’est 8$ de plus pour un même service, mais il reste que le divertissement, ça se paie. Contrairement à d’autres plateformes de diffusion en continu telles que Disney+ ou Amazon Prime, Netflix dépend entièrement des abonnements de ses utilisateurs et utilisatrices puisqu’elle n’est pas liée à une autre entreprise multinationale.
Outre les étudiantEs et les personnes en situation précaire qui ne gagnent pas toujours beaucoup d’argent, je ne vois pas en quoi il est acceptable de consommer des films et des séries sans payer. J’en ai déjà parlé plus tôt dans une chronique sur la pornographie, qui mettait la table pour un tout autre débat, mais lorsqu’on consomme des créations diverses sans payer, cela suppose que les personnes derrière celles-ci ne sont pas nécessairement rémunérées adéquatement.
Pour ce qui est de Netflix, bien que la plateforme ne paie pas les créateurs et les créatrices en fonction du nombre de visionnements (comme le fait Spotify, par exemple), il reste que cela permet d’encourager la production de contenu artistique et culturel. Considérant l’état actuel du cinéma québécois, qui peine à faire compétition aux géants hollywoodien, des plateformes comme Netflix peuvent contribuer, d’une certaine façon, à la pérennité de l’art d’ici et d’ailleurs.
Permettre à l’art de perdurer
S’il est possible de débattre de la valeur artistique derrière certaines productions qui sont propres à Netflix, il reste qu’il ne devrait pas être normal de consommer de l’art sans débourser. Les artistes de ce monde, qu’il s’agisse de peintres ou de scénaristes, exercent un métier pour lequel ils et elles méritent d’être rémunéréEs adéquatement. Bien que nous sommes tous et toutes à un clic de télécharger le plus récent film hollywoodien, il reste que cela est une bien fâcheuse habitude. Nous devrions être fiers et fières de payer pour du contenu créatif. Être divertiE, ce n’est pas un droit, mais plutôt un privilège.
Les artistes, qui produisent du contenu à la sueur de leur front, méritent que l’on débourse des sous pour les entendre ou les voir. Dans la même logique, je serais prête à avancer qu’une grande partie des plateformes qui diffusent du contenu, dont Netflix et Spotify font partie, n’en font pas assez pour permettre à l’art de perdurer.
Mettons fin à cette culture où il est normal de consommer XYZ de façon plus ou moins legit et où les métiers liés aux arts ne sont pas traités avec le même respect que d’autres.