À l’époque actuelle qu’est celle du capitalisme tardif, il est presque impossible d’aller sur les médias sociaux sans tomber sur une publication qui présente les nouvelles façons d’attirer la richesse et de gagner plus d’argent.
Qu’il s’agisse d’investir dans de nouvelles cryptomonnaies, de s’ouvrir un commerce en ligne ou de suivre une formation pour apprendre les rudiments de la richesse, nous sommes fréquemment confrontéEs à l’idée qu’il faut avoir plus d’argent pour mener une existence plus épanouie. Ce phénomène est intimement lié à la conception nord-américaine que l’argent fait le bonheur. Mais, y a-t-il une limite à ce que l’argent peut accomplir? Serait-il possible, par exemple, que la vraie richesse ne se trouve pas dans un compte bancaire?
L’argent = le bonheur?
Dans les derniers jours, j’ai dévoré les derniers épisodes de La Casa de Papel où l’argent est simultanément présenté comme étant l’un des piliers du bonheur et une illusion gouvernementale. Tandis que je regardais les protagonistes rêver à une vie où l’argent leur permettrait d’accomplir tout ce qu’ils et elles désirent, je ne pouvais m’empêcher de me questionner sur les liens qui existent entre le bonheur et la richesse.
Pour le commun des mortelLES, c’est-à-dire ceux et celles qui ne sont pas néEs dans une famille économiquement puissante, il faut choisir entre l’argent et le temps. Pour avoir de l’argent, il faut généralement investir notre temps dans le travail. Or, pour plusieurs, le travail n’est pas une source de bonheur; c’est, au contraire, une source de malaise. Pourquoi certains individus préfèrent un emploi payant qui nuit à leur bien-être à un emploi plus modeste, mais qui les rend heureux? Est-ce parce que notre conception sociétale du succès repose sur la richesse monétaire ou parce qu’il faut nécessairement travailler dur pour mériter de vivre dans l’abondance?
Plus, plus, encore plus
Il est important de préciser que ces questionnements ne s’appliquent pas aux individus qui désirent avoir plus d’argent pour subvenir à leurs besoins de base. Il n’est pas question ici de comprendre pourquoi des personnes en situation de précarité financière désirent avoir plus d’argent. Non, ce dont il est question, c’est plutôt des personnes qui, malgré l’obtention d’un salaire annuel plus que suffisant, en veulent encore plus.
À travers l’histoire, plusieurs individus, dont le philosophe Arthur Schopenhauer, ont argumenté que l’origine de la souffrance est le désir. Lorsqu’on désire quelque chose, on est en situation de manque et de privation puisque l’on ne possède pas cette chose; pour (re)trouver un état de satisfaction, il faut combler ce vide en répondant à ce désir. Dans la philosophie bouddhiste, pour atteindre le nirvana, il faut se libérer du désir sous toutes ses formes et s’en détacher complètement. Ainsi, pour mener une vie sans souffrance, il est essentiel de ne pas être dans un état de désir, mais d’être plutôt dans un état de gratitude.
Étant donné qu’il sera toujours possible d’avoir plus d’argent, il sera également toujours possible d’en vouloir plus. Cependant, le désir d’obtenir plus de richesse n’est pas ce qui permettra à une personne d’être en paix avec son existence. Au contraire, cette impression de manque l’empêchera continuellement d’être reconnaissante pour ce qu’elle a déjà. Je pense que l’une des seules façons de se sortir de ce cycle de souffrance est de transformer notre vision de la réussite.
La réussite 2.0
Ce n’est pas un secret pour personne, je suis loin de penser que le système capitaliste actuel soit un système idéal. Je suis une utopiste qui préfère imaginer les façons dont les choses pourraient être différentes. À mes yeux, un monde idéal en serait un où la réussite ne serait pas caractérisée en nombres, mais plutôt en sourires. (Je sais, c’est un peu quétaine)
Si nous désirons nous libérer de ce système économique qui est la cause de nombreux malheurs, il faut en premier lieu arrêter de penser que c’est l’argent qui permet le bonheur; un compte bancaire garni, bien qu’agréable, ne peut pas réussir à combler le vide qui existe à l’intérieur d’un individu.