Le dernier felquiste: une lutte pour le secret

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Crédit: Gracieuseté de Club Illico

Lorsque le peintre-décorateur et ancien felquiste François Mario Bachand est abattu à Paris le 29 mars 1971, nul n’était sur le point de se douter qu’on verrait une des plus grandes épopées true crime de notre histoire nationale.

Si le sujet est exploité depuis maintenant plus de 50 ans, l’énigme est réanimée dernièrement avec la sortie du documentaire Le dernier felquiste. Au côté des journalistes Antoine Robitaille et Dave Noël et des coréalisateurs Félix Rose (fils de Paul Rose, réalisateur de Les Rose) et Éric Piccoli Flavie Payette-Renouf, l’énigme Bachand est revenue à la vie dans ce haletant documentaire en 6 parties.

Un assassinat irrésolu

En plus d’être une enquête fascinante, l’œuvre est aussi un document historique, puisqu’elle retrace minutieusement l’évolution du mouvement terroriste qu’a été le Front de Libération du Québec (FLQ). Elle offre aussi une reconstruction des mentalités, du contexte international des années 60 et des différentes injustices que vivait la population canadienne-française à une époque qui semble bien lointaine pour certain.

Le projet est né il y a presque 10 ans, époque où les intéressés du film se posaient une question cruciale : «À qui Mario Bachand faisait-il peur? Il était un danger pour qui?» Le plus intéressant, c’est qu’encore aujourd’hui, l’arme du crime n’a jamais été retrouvée, ni les coupables…

Le meurtre de Bachand ressemble à un règlement de comptes.

Le meurtre de Bachand est un excellent prétexte pour représenter de façon dynamique l’histoire tumultueuse du FLQ. En effet, il faut savoir que techniquement, il n’y a pas un FLQ, mais bien des FLQ. Bachand, lui, y est présent dès le jour 1, dans le premier réseau de février 1963. Ce réseau ne sera que de courte durée, car à la suite des attentats des boîtes aux lettres de Westmount, l’ensemble des membres sont arrêtés.

Ce qu’il faut savoir, c’est que le groupe est complètement décentralisé, sans chefFE. Il s’inscrit dans une perspective internationale de gauche, visant l’autodétermination des peuples à travers le monde. C’est au total presque une dizaine de cellules qui vont se développer (les plus célèbres : Cellule Libération & Cellule Chénier, Cellule Vallières-Gagnon).

Un contexte international de décolonisation

Le caractère décentralisé nous aide aussi à comprendre les objectifs et le fil conducteur du mouvement. S’inspirant de nombreux mouvements internationaux pour la décolonisation et l’anticapitalisme, la lutte québécoise s’est inspirée notamment de la Guerre d’indépendance algérienne (1954-1962) et la Révolution cubaine (1953-1959). Celleux qui ont fondé le mouvement, inspiré par le marxisme, ont transposé les injustices à la situation québécoise, notamment en présentant la situation d’exploitation du peuple canadien français, notamment à Montréal.

Dans un climat où tous les postes haut placés sont tenus par une poignée de CanadienNEs anglaisES, certains jeunes tentent de faire changer les choses. À une époque où la communication est moins rapide qu’aujourd’hui, les militants et militantes sentent que les actions violentes, l’abattement des symboles colonialistes et la propagande par le fait sont les seules façons de mettre en place une culture révolutionnaire et de faire parler du mouvement dans les médias.

Un histoire de la lutte

Dans ce paysage incandescent apparait Mario Bachand, 18 ans seulement en 1963. Grand révolutionnaire pour certaines personnes, deux de pique pour d’autres, il ne laisse personne indifférent. Considéré comme le plus intransigeant des extrémistes de gauche des années 60, ce dernier a vécu dans un sentiment d’amertume après 1963, sentant son mouvement trahi et interprété à toutes les sauces.

Le Front de Libération du Québec n’est pas le messie, ni un Robin des Bois des temps modernes. C’est un groupement de travailleurs québécois qui sont décidés à tout mettre en œuvre pour que le peuple québécois prenne définitivement en main son destin.

-Extrait du Manifeste du FLQ, octobre 1970.

Pose de bombes avortées, accident de travail et enquête énigmatique résument bien cette série qui nous offre des entrevues avec un ensemble important d’anciens militants et d’anciennes militantes felquistes, mais aussi avec des anciens chefs de police, des officiers et officières de ligue antiterroriste et des membres du Cabinet Trudeau père.

Cette série nous montre le long chemin entrepris par le peuple québécois pour son émancipation, mais nous rappelle aussi son histoire d’oppression et de luttes coloniales. Dans tous les cas, vous aurez une idée de la trame d’arrière-fond ainsi que le nombre de membres qui en veulent à Bachand… et il y en a pas mal! Tous et toutes se sont entenduEs pour dire que c’était quelqu’un de peu discret, et que cela a causé sa perte… la vraie question est : sur l’ordre de qui?

 La série est disponible dès maintenant sur Club illico.

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