
Le Sabord nous surprend encore une fois avec son nouveau numéro «Monuments». Cette thématique nous réfère à diverses approches du monument, dont «Monumentum» qui signifie «qui fait souvenir». Ce numéro est tout spécialement dédié à Marie-Ève Francoeur, coordonnatrice du Sabord de 2017 à 2021.
Le Sabord est une revue hybride de création littéraire et visuelle, principalement en poésie et en art contemporain. Elle se compose de textes littéraires, d’œuvres visuelles et, parfois, de textes complémentaires comme des entrevues ou des analyses d’exposition.
Monuments
Monuments, inscrit au pluriel, nous présente dix textes signés par des écrivain.e.s qui, chacun.e à leur façon, aborde une vision du monument. Cette édition regroupe les textes des auteur.trice.s Juliette Bernatchez, Laurence Bertrand, Dominique Brochu, Michael Crummey, Serena Gentilhomme, Louba-Christina Michel, Ann-Marie Morin, Noémie Pomerleau-Cloutier, Adis Simidzija et Richard Ste-Marie. Cinq artistes visuel.le.s présentent également des visions surprenantes et saisissantes du thème : Abbas Akhavan, Serge Cardinal, Clara Lacasse, Zinnia Naqvi et Étienne Tremblay-Tardif. Le numéro est complété par des entretiens avec Audrée Wilhelmy et Skawennati qui présente le centre d’art daphne.
En pensant au monument, on pense souvent à un édifice architectural façonné par son esthétisme ou son histoire ou à une personne qu’on qualifie de monument, par exemple. Dans les deux cas, il y a un appel à la mémoire. En lisant les textes de ce numéro, on sent que la notion de monument est beaucoup plus grande et vaste. De manière générale, « le monument s’inscrit dans des temporalités multiples, tels les cernes de croissance de l’arbre, qui relatent tantôt l’enfance, tantôt l’adolescence, puis les années matures », lit-on dans le numéro. « À travers le temps, les temps, il collectionne les contemplations », retrouve-t-on un peu plus loin.
Ce qu’on retrouve dans ce numéro, ce sont précisément ces contemplations, ces regards posés, ces moments d’histoire passés, présents ou futurs. À cette expérience s’ajoute des images qui viennent tantôt complexifier notre lecture, tantôt la confirmer. On comprend parfois rapidement la relation entre l’image et le texte, alors que d’autres fois le lien n’est pas si évident et il faut creuser un peu. Dans tous les cas, on devient spectateur.trice, parce qu’il n’est pas seulement question d’une lecture, mais du regard contemplatif qui se dépose sur les images.
Les rescapées

Aux images de l’artiste montréalaise Zinnia Naqvi se joint le texte «Les rescapées» de l’autrice gaspésienne Louba-Christina Michel. Les références sur cette présente impression au jet d’encre sont multiples et nous ramènent à plusieurs variations de ce qu’on qualifie de monument. L’oeuvre grandiose «Le Voyageur contemplant une mer de nuages» de Caspar David Friedrich est imprimée ici sur une tasse. En parallèle, on y retrouve une grande photographie de voyage près des chutes du Niagara. Deux époques différentes, mais deux relations d’humain.e.s en regard avec la nature.
Ces images – impressions au jet d’encre – se perçoivent également comme des natures mortes qui se composent d’archives. Elles nous poussent à redéfinir l’histoire, à ce qu’on juge de monument et ce qui devrait l’être. Il y aurait tant à dire, et on lit plus loin les mots suivants de Louba-Christina Michel : «j’écris nos corps / pour leur donner le sens / d’une tradition». Un vide se comble.
Trois films

Au texte de l’autrice Ann-Marie Morin de l’Estrie se joignent les images de l’artiste lanaudois Serge Cardinal. Cette combinaison nous laisse y percevoir un « monument-cinématographique ». En lisant le texte d’Ann-Marie Morin, des images mentales se forment. Nous sommes dans l’ordre du souvenir, d’un travail de la mémoire.
Pour vous procurer ce numéro ou en lire des extraits, vous n’avez qu’à vous rendre sur le site internet du Sabord en cliquant ici.