La vie et son double par le Théâtre des Gens de la Place
En partenariat avec le Salon du livre, Le Théâtre des Gens de la Place faisait trois représentations de La vie et son double sous forme de lecture théâtrale. Celles-ci avaient lieu au Séminaire Saint-Joseph, les 22, 23 et 24 mars. Cynthia Paris a mis en lecture un texte du nicolétain Serge Rousseau. La pièce est à propos d’une querelle entre la grande autrice George Sand et sa fille Solange Dudevant.

Une pièce en costume
Les costumes et les coiffures accompagnaient parfaitement les lignes des comédiens et transportaient immédiatement les spectateurs au XIXe siècle. Le grand salon du Séminaire Saint-Joseph semblait être l’endroit idéal pour porter cette représentation d’un autre temps. Les canapés, les portraits sur tous les murs, les moulures faisaient croire indubitablement à un salon de maison de campagne d’il y a deux siècles.

Une lecture dynamique
Comme une tranche de vie, la pièce nous fait voir George Sand dans un moment du quotidien, intime de sa vie. On la retrouve pour l’après-souper de Noël, entourée de ses amis Flaubert, Plauchut et son fils Maurice. On les découvre dans des conversations bien animées. Tantôt Flaubert doit se défendre d’être si sérieux et investi dans son écriture, tantôt Plauchut raconte ses (més)aventures avec les autorités en place. Voila ainsi les caractères de chacun des personnages dévoilés, l’intrigue peut commencer.


La fille de Sand, Solange, débarque sans prévenir et fait monter les tensions. D’abord en humiliant son frère, puis en jouant les victimes accablées, dont la mère est responsable de toutes les souffrances. L’intrigue pourtant très intéressante, manquait de nuance par le jeu d’une Solange semblable à une adolescente. Ainsi, l’échange houleux entre la mère et la fille n’avait rien de la confrontation de deux points de vue d’adulte, mais davantage d’un malaise général créé par l’attitude victimaire et capricieuse d’une adulescente.
Divertissant et informatif
Toutefois, au travers des grands éclats et des pleurnicheries de Solange, on en apprend davantage sur la façon dont l’autrice a mené sa vie. D’amants en aventures, de l’Italie avec Musset et Mayorque avec Chopin, l’autrice abandonnait ses enfants. On découvre aussi les drames qui ont parsemé la vie des protagonistes. Le mariage fâcheux de Solange et le décès de sa fille Nini. Mais aussi la mort de Chopin, l’ex-compagnon de Sand dont la fille s’était entichée. Eve Lisée qui incarnait Solange, a pris le piano plusieurs fois au cours de la soirée. Ses mélodies ont apporté davantage de texture aux émotions représentées, tout en insistant sur l’intrigue autour de Frédérique Chopin.

Les cinq comédiens.nes ont donné vie aux grands personnages qu’iels incarnaient. Au travers de tragédies familiales, iels nous ont fait réfléchir à des enjeux littéraires et leurs pendants philosophiques. Le réalisme en littérature et l’art de manière générale, sont-ils un double de la vie ?