L’Écon’homme: La Nuit de Noël

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Étienne Desfossés – Chroniqueur économique
Crédit : V. Vachereau

L’Écon’homme, aujourd’hui c’est une première chronique pour moi et je vous invite à être indulgent. L’Écon’homme c’est une dose régulière d’économie, souvent pigée dans l’actualité, mais aussi suivant les idées que vous pouvez me fournir. En effet, je m’engage de répondre à vos questionnements économiques chers lecteurs!

Le soir de Noël

L’Homo economicus est un être rationnel, qui réagit aux incitatifs, choisissant toujours la meilleure option qu’il peut, sans émotion, par pur calcul. Or, pour son penchant réel, l’Homo Sapiens, il en est tout autrement.

Si l’on réunissait le canada à une table, nous aurions droit à des victuailles en quantité : 183,4 tonnes de dindes garnies de plus de deux kilogrammes de canneberges

11 Décembre, les festivités du temps des fêtes approchent, cette période où l’homo sapiens sort de chez lui pour s’engouffrer de victuailles et dépenser comme jamais. Juste pour illustrer le grand repas qui se présente à nous en cette belle soirée du 24 décembre, illustrons-nous une table réunissant le Canada en entier, nous aurions droit à des victuailles en quantité : 183,4 tonnes de dindes garnies de plus de deux kilogrammes de canneberges. Pour accompagner le tout, cinq millions de litres de lait de poule attendent au frigo. En bref, ça en fait de la nourriture! Et bien, ce sont les quantités réelles qui sont consommées en cette soirée de fête.

Le repas arrivant à sa fin, les cadeaux attendent sous le sapin. Ou plutôt les sapins, car les producteurs de sapins n’en produisent qu’à cette fin, Noël représentant plus de 90% de leurs revenus annuels. À cette fin, le Danemark est chef de file et exporte pas loin de 10 millions d’arbres de Noël à travers l’Europe. Et les cadeaux sont en nombre eux aussi. Par contre, c’est seulement pour ceux qui sont sages, car le charbon attend les autres, qui en auront pour leur argent. Le Québec en produit plus de 61 millions de tonnes par année!

On se rappelle tous cette cravate chantante ou ce laid pull de Noël à la mode l’an passé, que l’on a reçu malgré nous.

Mais Noël, est-ce bon pour l’économie? Deux points de vue s’opposent : les keynésiens sont favorables à Noël et le voient comme un moteur économique et les non-keynésiens tels Fréderic Bastiat sont fondamentalement contre.

Noël, créateur de valeur?

D’un côté, les fervents de l’école de pensée keynésienne, issus de l’économiste du même nom, sont pour, car Noël constitue une forte croissance saisonnière des dépenses de consommations, ce qui influera positivement le Produit intérieur brut (PIB). En effet, le PIB est constitué de toutes nos dépenses, tant de consommation que d’investissement, ainsi que des dépenses gouvernementales, desquelles on retranche les importations et rajoute les exportations. Ainsi, les dépenses de consommation augmentant, le PIB augmente, ce qui est bon pour l’économie canadienne, créateur d’emploi, stimulant la production.

Dans un autre ordre d’idée, Frédéric Bastiat, économiste français et fier représentant de l’école libérale, défend l’opinion opposée. En effet, Bastiat est l’auteur d’un phénomène que l’on nomme le sophisme de la fenêtre brisé. En effet, celui-ci expose que lorsque l’on paie pour faire réparer une fenêtre brisée, cela augmente les dépenses de consommation, mais que cela ne crée pas de valeur. Ainsi, si l’on prend l’idée d’un cadeau non souhaité, on comprend que le cadeau ne crée pas de valeur, mais est toutefois une dépense bien réelle et appauvrissante pour le ménage. On se rappelle tous cette cravate chantante ou ce laid pull de Noël à la mode l’an passé, que l’on a reçu malgré nous. Celui-ci a appauvri celui qui l’a offert, sans pour autant nous offrir une valeur ajoutée. C’est ce que l’on appelle une perte sèche à l’échange, un échange appauvrissant, car nous ne pouvions prédire la satisfaction dont le receveur retirerait du cadeau offert.

Noël est avant tout une fête de partage, fête de moments avec des êtres aimés.

Les cadeaux de Noël constituent toutefois une grande dépense considérable pour les ménages, en effet près de 1563$ seront dépensés en moyenne pour l’achat des présents qui siègeront sous le sapin. Parmi ceux-ci, 60% ont profité du vendredi fou ou profiteront du 25 décembre. Considérant que le montant moyen annuel dépensé par les ménages est d’un peu plus de 60 000$, les cadeaux de Noël ne représentent pas moins de 2.5% du budget annuel. Le temps des fêtes est une drôle de période, période où les habitudes de consommation changent, période de joie, de dépenses folles et de fêtes.

Le temps des fêtes, c’est Noël, mais aussi le jour de l’An. Début d’une nouvelle année, c’est souvent le temps de se remettre en question, de revoir nos habitudes, d’arrêter de fumer, de se remettre à la diète, d’aller à la salle de sport. Ce moment de l’année rime souvent avec un resserrement au niveau budgétaire. Les fêtes étant maintenant passées, le train-train quotidien revient et le contrôle des dépenses s’installe pour rééquilibrer le budget massacré lors du temps des fêtes. C’est ainsi que se termine notre périple dans l’univers économique de Noël, fête de consommation, fête de dépenses, fête d’impact au niveau économique. Et si nous continuions d’être rationnels et gardions nos habitudes de consommation stables à l’année, en serions-nous plus malheureux? Noël est avant tout une fête de partage, fête de moments avec des êtres aimés. Avant d’acheter les présents qu’il vous manque, pensez à votre portefeuille! La modération à bien meilleur goût! Joyeuses fêtes!

Source: Statistique Canada (https://www.statcan.gc.ca)

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