Elle est arrivée en Doc Martens, lui en shoeclack à l’Assemblée nationale. Elle parle des problèmes culturels, lui questionne le gouvernement sur la pertinence de ce fameux troisième lien à Québec. Ce dont la classe médiatique et politique parlent depuis plus d’une semaine, c’est la tenue vestimentaire de Sol Zanetti et de Catherine Dorion, respectivement député de Jean Lesage et députée de Taschereau. Ce talk of the town témoigne d’une profonde problématique au Québec. Mettons qu’on jase là. Est-ce que le décorum vestimentaire de l’Assemblée nationale est réellement un sujet prioritaire ? Je veux dire … é-mi-nem-ment prioritaire ?
Cette culture dont parlait Catherine Dorion dans son premier discours à l’Assemblée nationale a besoin d’un violent choc. Comme elle l’indiquait le 6 décembre dernier, la «culture c’est toutes ces façons d’entrer en contact». Aujourd’hui, pour cette dernière chronique de 2018, je vais vous parler de cette culture relationnelle qu’on entretient au Québec avec nos proches, mais également avec «l’autre». Je crois, aujourd’hui plus que jamais, à l’aube de cette nouvelle année, qu’on a besoin de s’en parler dans le blanc des yeux. Parlons relations.
On va préférer être le Père Noël qui offre des cadeaux à tous et toutes, à la place d’être juste nous-mêmes qui offrons de notre temps.
Avec le temps des Fêtes qui s’installe tranquillement, on retrouvera nos familles. Pour un instant, on va rire et célébrer, ensemble. Ce mot qui est si important en cette période de l’année, semble l’être seulement, en cette période de l’année. Le rythme de la vie quotidienne, notre rapport face à la consommation et à la production, nous empêchent de réellement prendre du temps pour ceux qu’on aime, pour ceux qui forme ce fameux «nous». Encore une fois, on va préférer être le Père Noël qui offre des cadeaux à tous, à la place d’être juste nous-mêmes qui offrons de notre temps. L’argent a remplacé le temps.
D’ailleurs cette année, les Québécois.es prévoient dépenser en moyenne 458$ pendant la période des Fêtes. Cet argent, pour un travailleur.euse moyen.ne, équivaut relativement à une semaine de travail. Imaginez si, cet argent, on l’investissait en temps pour ceux qu’on aime, et ce, tout au long de l’année. Une jasette avec papi, la confection de biscuit avec maman, une guerre de boules de neige avec les enfants pendant qu’il est encore temps … Le temps, ça construit des liens. Des liens 100 fois plus solides et durables que l’argent.
Comment on se définit collectivement ? Comment on définit «l’autre» ? Comment on l’accueille, «l’autre» ?
Ces relations qui construisent le «nous», c’est aussi notre relation face à «l’autre». Et cette relation-là, a aussi besoin d’un profond changement culturel. Comment on se définit collectivement ? Comment on définit «l’autre» ? Comment on l’accueille, «l’autre» ?
On parle de «lui» seulement en termes de nombre associé à un seuil d’immigration, en termes de main-d’œuvre ou en termes de religions. Le gouvernement Legault, qui promettait cette baisse en campagne électorale, se justifie en parlant qu’il n’y a pas nécessairement d’emploi dans le domaine économique de ces immigrants. Pourtant, on scande à tout vent qu’on est en pénurie de main-d’œuvre au Québec. De plus, il faut voir que cette mesure va également toucher les réfugiés.ées. Fait d’autant plus probant qu’il y a deux – trois semaines au moment d’écrire ces lignes, on ramenait sur le plancher des vaches la question du port des signes religieux. On veut interdire aux enseignants.es portant un signe religieux d’enseigner. En cas de refus, c’est le congédiement. En revanche, on désire garder le crucifix de l’Assemblée nationale. Drôle de contradiction n’est-ce pas ? J’dis ça, j’dis rien mais il est difficile de ne pas y voir un lien entre le désir de réduire le nombre d’immigrants et la question religieuse … je vous laisse faire vos propres liens.
C’est peut-être utopique, mais ça prend de grands espoirs pour continuer de vivre et de survivre.
C’est réellement notre vision de «l’autre» que nous avons au Québec ? Des chiffres économiques ? Des représentants.es d’une religion ? Et nous, dans tout ça ? On se définit comment ? Par le crucifix installé dans notre Assemblée se voulant pourtant laïque ? Je ne crois pas. Je crois qu’on est plus ouverts que ça. Plus aimant que ça.
Tout comme le chantait Pauline Julien dans sa chanson «L’étranger», «je me prends à rêver à la chaleur, à l’amitié, au pain à partager, à la tendresse». Honnêtement, j’y rêve pour 2019. C’est peut-être utopique, mais ça prend de grands espoirs pour continuer de vivre et de survivre. J’espère que pour 2019, on ait réellement l’«âme à la tendresse» pour les humains plutôt que pour les choses. Pour le temps plutôt que pour l’argent. Pour l’amour plutôt que la peur.
Bon temps des Fêtes avec vos proches. On en r’jase, en 2019!