Le ministre québécois de finances, Éric Girard, a pris ses résolutions pour la nouvelle année. Hausse du salaire minimum en vue, mais il n’y a pas de quoi se réjouir. Le soldat PME risque de tomber au combat, sans réel bénéfice pour les travailleurEs.
Nous punissons donc 98%, pour un 2% qui en a les moyens.
Hausse du salaire minimum : achever le soldat PME
Le ministre Girard a avancé une hausse du salaire minimum pour l’an 2021. Déjà, les entreprises hurlent leur désarroi, jouant encore une fois leur survie. Cette hausse du salaire minimum est en quelque sorte comparable à un coup de pied à un corps agonisant, déjà laissé pour mort par la pandémie. Cette hausse du salaire minimum touchera plus particulièrement les petites et moyennes entreprises (PME), qui sont accablées d’un fardeau de la dette plus grand que jamais. Le gouvernement Trudeau leur a accordé des prêts, or ceux-ci seront à rembourser dans l’année qui vient. Pour rembourser nos dettes, il faut toutefois faire profits, ce qui est plus difficile avec une baisse de rentabilité due à une hausse de la masse salariale.
Certes, on peut penser au supermarchés et grosses sociétés de détail qui ont fait des profits records lors de la crise, sur le dos des travailleurs et travailleuses pour justifier cette hausse. Toutefois, la mesure tuera aussi nos petites entreprises de quartier. Les précédentes hausse du salaire minimum ont déjà causé bien des fermetures, qu’en sera-t-il avec la situation aggravante que nous vivons aujourd’hui? Il convient de rappeler que ces PME de quartier que nous chérissons tant représentent 98% des entreprises au Canada. Nous punissons donc 98%, pour un 2% qui en a les moyens.
le but premier d’augmenter le pouvoir d’achat a bien peu de chances de se réaliser.
Hausse du salaire minimum : retombées réelles pour le travailleur?
Le but de la hausse du salaire minimum est d’augmenter le pouvoir d’achat des travailleurEs. Permettre aux travailleurEs d’acheter plus avec le fruit de leur travail. Or, une hausse du salaire minimum ne permettra pas d’atteindre ce dessein. Il faut savoir que 6% de la population québécoise est au salaire minimum. Ça peut sembler bien peu, mais cette proportion a une portée systémique, car elle se situe dans l’industrie des biens de consommation courante. Cela représente les biens que nous utilisons plusieurs fois par année, en opposition aux investissements non-récurrents que nous faisons.
Ainsi, une hausse du salaire minimum augmentera les coûts des biens de base (épicerie, restaurant, produits ménagers, etc…). C’est ce qu’on appelle de l’inflation par les coûts. Car ne soyez pas dupes, les entreprises ne diminueront pas leurs profits, elles vont nous refiler la facture de cette hausse! Donc le but premier d’augmenter le pouvoir d’achat a bien peu de chances de se réaliser par ce mécanisme. On pourrait toutefois argumenter que cela réduira les inégalités au sein de la population. À cela je réponds que bonne majorité des entreprises ne rémunérant pas au salaire minimum donnent leurs augmentations de salaire en fonction de l’inflation en cours.
Alors on fait quoi?
Bien d’autres mécanismes de rééquilibrage des inégalités sociales existent. On peut penser aux impôts, qui effectuent un rôle intéressant, mais pourraient être refondus et plus efficaces. Sinon la piste du revenu minimum garanti est présentement étudiée à plusieurs endroits dans le monde, dans plusieurs études terrain de grande envergure. Une dernière possibilité serait également d’investir en innovation. En investissant en innovation on peut penser éliminer les emplois à faibles revenus à moyen terme, au profit d’emplois mieux rémunérés. Déjà, la pandémie a donné un coup d’envoi en la matière, forçant bien des travailleurs à se requalifier. Mais de grâce, pourquoi hausser le salaire minimum? Beau coup d’épée dans l’eau!