L’économie du pays : Canada, une rentrée sur fond de crise du logement

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Crédit : Camille Limoges

C’est la rentrée ! Une période cruciale de l’année où certains besoins comme celui du logement sont particulièrement intensifiés. Au Canada, une bonne partie de la population peine à se loger à un prix abordable. Ceci à cause de la pénurie de logements qui fait monter les prix de l’immobilier.

La crise du logement au Canada est un problème complexe qui persiste depuis de nombreuses années et qui continue de toucher de nombreuses régions du pays. Pour faire face à ce défi, le gouvernement canadien et les gouvernements provinciaux mettent en place diverses mesures. Parmi celles-ci, on peut citer la construction de logements abordables, la réglementation des locations, l’expansion des programmes de subvention au logement et l’investissement dans des logements sociaux. Cependant, la résolution complète de la crise du logement au Canada reste un défi majeur, car les facteurs économiques, démographiques et sociaux continuent de jouer un rôle dans cette problématique.

Les facteurs à l’origine de la crise

Plusieurs observateurs et analystes pensent que le problème vient de l’immigration de masse que promeut le gouvernement fédéral. Mais d’autres études montrent que le problème est ailleurs. Il réside dans le fait que la construction de nouveaux logements diminue au fil des années.

Graphique comparant la croissance de la population en âge de travailler avec la progression des mises en chantier.
Crédit : RADIO-CANADA / BANQUE NATIONALE

Un graphique élaboré par les économistes de la Banque Nationale offre des informations significatives sur cette question. Au cours du premier trimestre de 2022, la population active au Canada a augmenté de 204 000 personnes. Ce qui constitue un record. En comparaison, la population du Royaume-Uni n’a augmenté que de 200 000 personnes sur une année entière en 2022.

Cependant, au cours des trois premiers mois de l’année, seulement 57 000 logements ont été mis en chantier au Canada. Selon la Banque Nationale, cela se traduit par un ratio de mises en chantier par rapport à la croissance de la population active de 0,27. Ce chiffre est remarquablement bas et se situe bien en dessous de la moyenne historique de 0,61. Pour l’économiste en chef de la Banque Nationale, « l’absence de nouvelles mises en chantier face à une croissance démographique très forte continuera d’exercer une pression sur l’accessibilité du logement au cours des prochaines années ». D’après les données de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), le rythme annuel des mises en chantier au Canada a enregistré une baisse de 23 % en 2022. L’organisme signale un ralentissement dans les marchés de Vancouver (- 45 %), de Montréal (- 35 %) et de Toronto (- 28 %).

État de la situation

Crédit : Les affaires

Selon le Dermographia International Housing Affordability Index, le prix moyen des maisons au Canada était d’environ 750 000 $ CA en août 2023. Cela représente une augmentation de 360 % par rapport à l’an 2000, alors que la moyenne était de 163 000 $ CA.

Le problème est particulièrement aigu dans les grandes villes comme Toronto, où un revenu annuel à six chiffres est nécessaire pour se payer une maison. Les maisons se vendent maintenant généralement à plus de 1 million $ à Toronto et à Vancouver. Les deux villes sont souvent classées parmi les 10 endroits où la vie coûte chère au monde, aux côtés de villes comme Hong Kong et San Francisco.

Le loyer devient également plus cher dans les grandes villes canadiennes. Le loyer moyen d’un appartement d’une chambre à Toronto est de 2 500 $ CA, soit une augmentation de 25 % par rapport à 2022. Au cours des dernières années, les habitants des petites villes du Canada ont également commencé à ressentir la crise. Il s’agit d’un problème national de longue date, que les politiciens de tous les ordres de gouvernement ont promis à maintes reprises de régler au cours de la dernière décennie.

Des solutions mal adaptées

Crédit : Challenge. L’immobilier est de plus en plus considéré comme un investissement lucratif

Au cours des dernières années, le gouvernement a essayé différentes mesures pour régler le problème du logement abordable. Cela comprend entre autres l’interdiction de la propriété étrangère à partir de janvier 2023. Ceci dans le but de réduire la compétitivité sur le marché. Paul Kershaw, professeur de politique publique et fondateur d’un groupe de réflexion sur le logement, a déclaré que bien que la propriété étrangère et une population croissante jouent un rôle dans les problèmes de logement au Canada, blâmer uniquement ces facteurs revient à rechercher un « bouc émissaire ». « Ce sont des cibles faciles parce que cela permet au reste des Canadiens de penser qu’ils ne sont pas à l’origine de la situation de crise du logement, et pourtant ils le sont », a-t-il déclaré.

Le professeur Kershaw souligne que les propriétaires actuels au Canada bénéficient financièrement de la hausse de la valeur des propriétés, ce qui alimente une culture d’inégalité entre ceux qui possèdent et ceux qui ne possèdent pas. L’industrie immobilière, y compris l’achat, la vente et la location de logement représente la plus grande part du PIB global du Canada, soit 13%, selon les chiffres de 2020 de Statistique Canada.

Cela signifie que le secteur est un moteur important de la croissance économique et une opportunité d’investissement lucrative pour ceux qui peuvent participer. Le professeur Kershaw croit qu’il est peu probable que les choses changent tant que les Canadiens ne commenceront pas à considérer le logement comme « des maisons d’abord et ensuite des investissements ».

Références

Report forecasts softness in Canada’s housing market this fall – BNN Bloomberg

https://www.bnnbloomberg.ca/video/canada-s-housing-crisis-was-decades-in-the-making-former-deputy-prime-minister~2754817

https://www.cbc.ca/news/canada/edmonton/canadians-are-being-crushed-by-a-housing-crisis-are-short-term-rentals-to-blame-1.6911344

Demographia International Housing Affordability, 2023 Edition

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