L’automne est souvent un moment clé pour analyser l’état de l’économie. En cette rentrée 2024, le Canada et le Québec traversent des périodes marquées par des défis économiques et des opportunités. Alors que l’inflation reste un sujet brûlant, d’autres facteurs, comme la transition énergétique et la pénurie de main-d’œuvre, modèlent l’avenir économique des deux entités. Voici un état des lieux de l’économie canadienne et québécoise en ce début de saison.
Contexte mondial : l’impact des crises globales
L’économie mondiale en 2024 reste influencée par plusieurs crises majeures. La pandémie de COVID-19 a laissé des traces, tandis que la guerre en Ukraine continue de perturber les chaînes d’approvisionnement et de maintenir la volatilité des prix de l’énergie. Par ailleurs, la lutte contre les changements climatiques intensifie la transition vers une économie plus verte, une priorité pour de nombreux pays.
Ces changements touchent directement le Canada, producteur clé de pétrole et de gaz, tout en exerçant une pression sur les industries pour qu’elles adoptent des pratiques plus durables. Le Québec, avec son potentiel en hydroélectricité, semble mieux positionné pour tirer parti de cette transformation.
L’économie canadienne : croissance et défis structurels
Un ralentissement de la croissance
Après le rebond post-pandémique, l’économie canadienne connaît une croissance plus modeste en 2024, avec une prévision de 1,5 % de croissance du PIB. Ce ralentissement est attribuable à la hausse des taux d’intérêt imposée par la Banque du Canada pour contenir l’inflation, qui, bien qu’en diminution, reste relativement élevée. La hausse des taux a pesé sur l’investissement et le marché immobilier, rendant l’accès au crédit plus coûteux pour les entreprises et les ménages. Cependant, la réduction de l’inflation est nécessaire pour stabiliser l’économie à long terme.
Le marché du travail : une pénurie persistante
Le marché du travail reste dynamique avec un taux de chômage bas à 5,2 %, mais la pénurie de main-d’œuvre dans des secteurs comme la construction, les services et les technologies persiste. Cette rareté de travailleurs qualifiés pousse à des hausses salariales, mais crée aussi une pression supplémentaire sur les entreprises pour maintenir leur compétitivité. Le Canada fait face au défi de concilier ces pénuries avec les besoins économiques futurs, notamment dans des industries en pleine expansion comme les technologies propres et l’intelligence artificielle.
L’énergie : une industrie sous pression
Le secteur énergétique canadien est un pilier de l’économie, mais il se trouve sous pression en raison des ambitions mondiales de transition énergétique. Le Canada doit ajuster sa production énergétique pour répondre aux engagements climatiques, tout en maintenant la compétitivité de son secteur des hydrocarbures, notamment en Alberta. Le Québec, avec son hydroélectricité, se positionne comme un leader dans la production d’énergie propre, un atout stratégique dans le contexte actuel.
Le marché immobilier : une correction en cours
Le marché immobilier canadien, après des années de surchauffe, commence à se stabiliser. Les hausses de taux d’intérêt ont refroidi la demande, notamment dans des marchés comme Toronto et Vancouver. Cependant, le manque d’accessibilité au logement reste un problème, particulièrement pour les jeunes ménages et les nouveaux arrivants. Le gouvernement a lancé plusieurs initiatives pour augmenter l’offre de logements, mais leurs effets sur le marché restent limités à court terme.
Le Québec : une économie résiliente, mais fait face à des défis spécifiques
Une croissance modérée
L’économie québécoise suit la tendance canadienne, avec une prévision de croissance de 1,3 % pour 2024. Ce ralentissement est principalement dû à la hausse des taux d’intérêt et à l’inflation, qui pèsent sur les ménages et les entreprises. Cependant, le Québec bénéficie d’une économie diversifiée, avec des secteurs comme l’aérospatiale, les technologies et l’énergie renouvelable qui continuent de dynamiser l’activité économique.
Un marché du travail sous tension
Le Québec fait face à des pénuries de main-d’œuvre dans plusieurs secteurs clés, notamment la santé et les technologies. Ces pénuries sont aggravées par le vieillissement de la population et le besoin croissant de travailleurs qualifiés. Pour pallier ce déficit, la province mise sur l’immigration, notamment de travailleurs francophones, mais l’intégration de ces nouveaux arrivants dans le marché du travail reste un défi.
L’hydroélectricité : un atout majeur
L’énergie hydroélectrique est un atout de taille pour le Québec, tant sur le plan national qu’international. En plus de répondre aux besoins locaux, le Québec exporte une partie de cette énergie vers les États-Unis, renforçant ainsi ses liens commerciaux avec ses voisins. Cet avantage énergétique positionne le Québec comme un acteur clé dans la transition énergétique mondiale.
Le marché immobilier québécois : des disparités
Si le marché immobilier québécois est moins tendu que celui de certaines provinces canadiennes, il présente des disparités importantes. À Montréal, les prix de l’immobilier continuent d’augmenter, rendant l’achat difficile pour une partie de la population. En revanche, dans les régions éloignées, l’essor du télétravail a fait grimper la demande, entraînant une augmentation des prix dans des zones autrefois plus abordables.
Les perspectives pour la fin de 2024 et au-delà
Les défis immédiats
À court terme, les principaux défis pour l’économie canadienne et québécoise restent :
- L’inflation : bien qu’en baisse, elle continue d’affecter le pouvoir d’achat des ménages.
- Les taux d’intérêt : ils freinent les investissements et pèsent sur la croissance immobilière.
- Les pénuries de main-d’œuvre : elles limitent la capacité des entreprises à répondre à la demande.
Les opportunités à saisir
Malgré ces défis, des opportunités se profilent à l’horizon. Le Canada et le Québec ont des atouts considérables dans l’innovation technologique, la production de minéraux critiques pour la transition énergétique, et leur position géopolitique stable. Ces éléments peuvent leur permettre de se démarquer dans une économie mondiale en pleine transformation.
En bref…
L’économie canadienne et québécoise, en cette rentrée d’automne 2024, affiche une certaine résilience, bien que confrontée à plusieurs défis majeurs. Alors que la transition énergétique et les pénuries de main-d’œuvre redéfinissent les priorités, des secteurs porteurs comme les technologies propres et l’énergie renouvelable offrent des perspectives encourageantes pour l’avenir. Les politiques publiques devront néanmoins s’adapter rapidement pour maintenir la compétitivité économique et garantir une croissance durable.