Les jours heureux : un drame banalisé

Entre la virtuosité du geste et l'ascète émotif

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Entre la virtuosité du geste et l’ascète émotif

Les jours heureux est à l’affiche au cinéma Le Tapis Rouge jusqu’au 16 novembre. Réalisé par Chloé Robichaud (Sarah préfère la course, Pays…), il met à l’affiche Sophie Desmarais dans le rôle principale d’Emma, jeune cheffe d’orchestre. À ses côtés, son père et agent Patrick (Sylvain Marcel), sa mère Sabrina (Maude Guérin) et la violoncelliste qu’elle fréquente, Naëlle (Nour Belkhiria).

affiche film Les jours heureux de Chloé Robichaud
Affiche officielle du film Les jours heureux. Crédit: Maison4tiers.

Prendre son envol…

Emma est dans sa trentaine. Elle approche de la fin de sa résidence au sein de l’Orchestre Métropolitain de Montréal (dirigé par Yannick Nézet-Séguin), et son agent, son père Patrick, n’est pas vraiment inquiet du manque d’offres qui lui sont faites. Elle fait face à sa propre rigueur, celle d’une « première de classe » comme le lui rappelle un des personnages. Elle se heurte à l’écart entre l’émotivité minimale et essentielle attendue d’un-e chef-fe d’orchestre pour diriger, et l’absence de considération paternelle à l’égard des émotions.

Extrait du film Les jours heureux de Chloé Robichaud avec Sophie Desmarais et Sylvain Marcel
Emma (Sophie Desmarais) avec son père et agent Patrick (Sylvain Marcel). Crédit : Maison4tiers.

Elle jongle, entre ses ressentis, les attendus de son environnement et le manque de sécurité dans sa relation avec Naëlle, violoncelliste dans l’orchestre et jeune mère séparée. On la voit tiraillée entre ce qu’elle pense être son devoir en tant que fille et artiste sous contrat, celui en tant qu’employée avec peu d’expérience encore, et tout ce qui cherche à s’exprimer en elle. Ces conflits explosent doucement, on voit les verrous lourds et pesant le poids des années passées sous silence. Le poids aussi d’être une jeune femme dans un métier plutôt masculin.

… pour ne pas perdre l’équilibre

En mettant en scène à nouveau l’actrice Sophie Desmarais, la réalisatrice et scénariste Chloé Robichaud offre une histoire poignante qui fait écho à des réalités vécues par bien des individus. Elle montre sans user d’un doigt accusateur les violences latentes dans les familles, qui s’héritent parfois entre plusieurs générations, et les dégâts que cela peut engendrer sur la vie tant personnelle que professionnelle.

Chloé Robichaud réalisatrice et scénariste du film Les jours heureux
Chloé Robichaud, réalisatrice et scénariste. Crédit : Maison4tiers.

La justesse de la narration et le jeu d’actrice de Sophie Desmarais finissent par nous embarquer et ce n’est qu’à la fin de ce drame que l’on parvient enfin à reprendre une vraie respiration. La figure du père, pesante, omniprésente, rigide, qui dirige avec une main de fer les personnes de son entourage est secondaire, mais non moins centrale. C’est lui qui a subit nombres d’abus et de violences dans son enfance, il le souligne à plusieurs reprises, et pourtant, c’est encore lui qui perpétue ces violences au sein de sa propre famille. La mère s’efface, s’incline, et finit par le soutenir dans ses logiques qui ne font pourtant pas de sens. À côté, comment la frêle jeune femme qu’est Emma pourrait rivaliser ? Elle intègre sans le vouloir toute cette violence, ces injustices, et les non-dits qui vont de paire avec les émotions refoulées, et cela rejailli ensuite dans son travail et dans sa relation amoureuse.

Bande annonce officielle. Crédit : Maison4tiers.
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1 commentaire

  1. J’apprécie particulièrement la clarté et la simplicité de votre style d’écriture. Il rend l’accès à des sujets compliqués accessible à un large public, ce qui est une compétence rare et précieuse.

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