Les mains sales: Pas besoin de syndicats, j’ai déjà des droits!

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Mains sales
Crédit: Sarah Gardner

Cette semaine, alors que je perdais mon temps m’occupais sur les réseaux sociaux, j’ai vu un petit diagramme passer. C’était un diagramme sur le concept du succès et comment le calculer. Si notre société nous a appris que le succès se mesurait avec un titre et un montant d’argent, cette vision peut parfois être difficile à supporter. Est-ce qu’on est vraiment juste notre job et notre salaire… pour bien des gens, oui ? Au risque de sonner «quétaine», je me dis que notre succès se mesure autrement, et qu’il est important d’avoir une vie bien balancée.

Réalisme capitaliste

Au risque de faire fuir mon lectorat prônant la droite économique (je vous aime quand même) je pense qu’il faut absolument comprendre comment nous évoluons dans un schéma de pensée influencé par notre environnement. C’est ce qu’expliquait le défunt philosophe britannique Mark Fisher. Nous vivons idéologiquement dans une atmosphère de réalisme capitaliste, c’est-à-dire que nous sommes incapables d’imaginer une alternative viable au capitalisme, ou un meilleur système économique.

Bien entendu, nous devons beaucoup au système, au risque de faire fuir mon lectorat de gauche (je vous aime quand même aussi), puisqu’il a créé les conditions d’aisance matérielle qui me permettent aujourd’hui d’écrire cet article. Or, si ce n’était pas des luttes syndicales, je serais surement en train de me casser le dos dans une usine mal aérée, comme mes aïeux et aïeules canadienNEs-françaisES.

Trop de droits

Beaucoup de groupes croient dans un ruissèlement économique, c’est-à-dire que si les riches font plus d’argent, les pauvres font aussi plus d’argent. La réalité prouve que ce n’est pas le cas présentement. La pandémie que nous vivons en ce moment creuse les inégalités. Beaucoup pensent aussi que nous devons lutter pour l’abolition de mesures jugées «nuisibles» pour l’économie.

Parmi les mesures jugées nuisibles, il y a pour les plus extrêmes, l’existence même des syndicats et du salaire minimum. Si d’un côté on lutte pour que le salaire minimum soit élevé à 15$/h (et même, à Montréal, 20$/h) il y a carrément des gens qui disent que le salaire minimum doit être aboli. Pour quelles raisons ? L’argument soulevé est qu’un plus salaire minimum mènerait à plus de pauvreté chez les travailleurs et travailleuses non spécialiséEs, car ceux et celles qui seraient aptes à faire des travaux pour moins cher que le salaire minimum ne le font tout simplement pas, car le salaire minimum est «trop élevé». En abolissant les lois sur le salaire minimum, on créerait plus d’emplois de marde.

Anti-syndicalisme

Beaucoup militent aussi contre les syndicats. C’est souvent un discours qu’on entend dans les branches qui auraient le plus à leur réclamer. Les syndicats sont des entreprises (tsé, pas comme la multinationale pour laquelle tu travailles) et empêcheraient l’avancement social des travailleurs et travailleuses qui se tuent à la tâche (parce que tout le monde, s’il travaille fort, peut finir par être boss… pas vrai?). Ils nous disent aussi que les patronNEs sont vertueux et vertueuses, que ces personnes créent des opportunités. C’est vrai. Mais c’est aussi vrai que dans les plus grandes nationales du monde, comme le géant Amazon, les gens travaillent des quarts interminables, minés par l’aliénation du travail, se faisant blâmer pour les accidents et selon des reportages assez récents… pissent dans des bouteilles.

Parce que oui, il y a encore des gens qui pissent dans des bouteilles sur leurs lieux de travail pour ne pas perdre de salaire ou ne pas être réprimandés.

Les gens éprouvent comme un certain syndrome de Stockholm envers la machine. Les gens sont fiers de dire qu’ils détruisent leur santé en travaillant plus de 80 heures par semaine. Et là, je ne parle pas de travailler autant pour partir sa propre entreprise, je parle de le faire pour quelqu’un d’autre. Les gens qui travaillent autant sont souvent moins productifs et coutent plus cher qu’ils ne produisent.

Rat Race

Les gens tournent tellement qu’ils ne savent plus quoi faire quand la roue ne tourne plus. Beaucoup de personnes s’ennuient en vacances, ou trouvent que trois jours de congé, c’est trop long. Ces personnes se définissent tellement par leur milieu de travail qu’elles ne savent pas comment se définir quand on finit par leur laisser un petit lousse.

Bien entendu, les syndicats n’ont pas que du bon: ils protègent souvent celles et ceux qui ne font rien. Bien qu’ils aient des lacunes et qu’ils permettent parfois des travers, ce sont grâce aux conditions qu’ils nous ont données que nous pouvons aujourd’hui nous targuer que nous n’en avons plus besoin. On a la semaine de 40 heures, les journées de 8 heures, un salaire, tout ça… Pensez-vous qu’on l’aurait si on ne s’était pas battuEs pour l’obtenir?

Je vous quitte sur cette citation du romancier américain Charles Bukowski, pour penser à vous, vous n’êtes pas juste votre emploi ou votre salaire:

«Comment diable un homme peut-il se réjouir d’être réveillé à 6h30 du matin par une alarme, bondir hors de son lit, avaler sans plaisir une tartine, chier, pisser, se brosser les dents et les cheveux, se débattre dans le trafic pour trouver une place, où essentiellement il produit du fric pour quelqu’un d’autre, qui en plus lui demande d’être reconnaissant pour cette opportunité?»

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