Les Sages fous et  le théâtre insolite: La beauté extérieure

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Le sympathique micropersonnage de Claudine Rivest évolue dans un monde ludique conçu avec des objets d’un nécessaire à couture. Photo: Suzanne Perreault
Le sympathique micropersonnage de Claudine Rivest évolue dans un monde ludique conçu avec des objets d’un nécessaire à couture. Photo: Suzanne Perreault

C’est à l’église Sainte-Cécile, dans le quartier ouvrier du même nom à Trois-Rivières, que les Sages Fous ont présenté leur saison de théâtre insolite. Après deux ans d’absence, ils ont concocté à nouveau une programmation à leur image. Trois fins de semaine de l’été étaient dédiées à la compagnie théâtrale trifluvienne et à leurs invités.

C’est donc les 28 et 29 aout dernier que s’achevait ce concept estival présenté en collaboration avec la Corporation de développement culturel de Trois-Rivières. Dans une ambiance médiévalo-foraine, le public était attendu sur le parvis d’église, ce qui fait écho aux présentations théâtrales du Moyen-Âge.

C’est le spectacle Tricycle qui était à l’honneur pour les Sages Fous. Présenté en ébauche lors du Microfestival de la marionnette inachevée l’année dernière, le produit final était dévoilé à l’intérieur de l’église. Les places étant limitées. Ce ne sont pas toutes les convives qui ont pu assister à ce spectacle qui devait être fidèle à cette compagnie internationale qui jongle entre marionnettes, ambiance glauque, ingéniosités mécaniques et lenteur rituelle.

Le jardin attenant à l’église, baptisé Jardin de petites formes pour l’occasion, a accueilli des spectacles diversifiés. Dans une iourte, les spectateurs pouvaient assister à une coproduction France-Québec, Petits pains oubliés. Les élèves de l’école Saint-Paul ont été invités pour présenter deux courtes histoires insolites. Leur enseignante, Justine Bertounesque, a invité les Sages Fous dans son école et a ainsi fait naitre une complicité entre les artistes et les élèves. Absolument inspirés par les marionnettes et l’esthétique des Sages Fous, les jeunes élèves ont réussi à étonner et à captiver.

Le petit clou de la soirée était un séduisant micropersonnage.

En plus du bonheur d’assister à des spectacles extérieurs par un temps clément, s’ajoute également celui de découvrir des créations originales. Les deux autres productions à s’être enracinées dans le jardin étaient d’une beauté fascinante. L’artiste multidisciplinaire Julie Desrosiers conçoit et manipule ses marionnettes et ses masques. D’une douceur absorbante, la jeune femme transporte petits et grands dans un univers directement issu des contes.

L’élégance et la délicatesse de Julie Desrosiers s’harmonisent à une scénographie magnifique. Photo: Caroline Hayeur
L’élégance et la délicatesse de Julie Desrosiers s’harmonisent à une scénographie magnifique. Photo: Caroline Hayeur

L’histoire racontée est celle d’une naissance. La naissance d’une existence. Mais surtout la naissance d’une différence. Comment accepter l’enfant réel? Ses expériences en arts visuels et en scénographie sont évidentes et délicates. Malgré les quelques longueurs, c’est un spectacle impressionnant. Le travail esthétique, la beauté des masques et l’ingéniosité de l’organisation de l’espace surpassent la parfois trop lente exécution. En plus de ses spectacles grand public, Julie Desrosiers œuvre du côté de la performance. Pas étonnant vu son bagage artistique. Entre résidence à l’Usine C et à Charleville-Mézières en France, en plus de ses créations performatives, elle offre des animations sur mesure et excelle en bodypainting.

Ce spectacle devait être fidèle à cette compagnie internationale qui jongle entre marionnettes, ambiance glauque, ingéniosités mécaniques et lenteur rituelle.

Le petit clou de la soirée était un séduisant micropersonnage. Présenté par TY Théâtre, Pipeman show dévoilait une micromarionnette. Dans un castelet miniaturisé, le délicieux personnage se mouvait à travers un décor fait d’éléments de boite à couture. Sur une musique amusante et loufoque, Claudine Rivest donne vie à Pipeman, un bonhomme espiègle et aventureux. La candeur de la créatrice se transpose dans son personnage et rend les deux fort attachants. D’une grande simplicité, ce spectacle de cinq minutes est ludique et rigolo.

Claudine Rivest a étudié les arts visuels et se forge une personnalité artistique du théâtre à l’art clownesque pour éventuellement apprivoiser et adopter la marionnette. Elle fonde sa compagnie en 2014 à la suite de rencontres déterminantes au Pays de Galles, en Angleterre et en Écosse. Ce microthéâtre se promène de par le monde et a récemment atterri en République tchèque. Pas plus grand qu’une mallette, ce théâtre est conçu pour l’itinérance et prend souvent d’assaut la place publique. Longue vie à cette compagnie singulière.

Pour clôturer la saison du théâtre insolite, le public était au rendez-vous. Les accros de l’organisation se pardonnent amplement lorsque la qualité des productions présentées s’offre aux spectateurs. Dommage que tous les spectacles ne soient pas accessibles faute d’espace et de temps. Les Sages Fous ont des amis et collaborateurs inopinément merveilleux.

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