Nationalisme québécois et wokisme, accord impossible? Une conférence de David Santarossa organisée par la SSJB Mauricie

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Samedi dernier, le 21 janvier, à l’occasion du jour du drapeau, la SSJB de la Mauricie organisait un brunch-conférence au club de golf Métabéroutin. C’est David Santarossa qui donna une conférence inspirée de son livre La pensée woke, analyse critique d’une idéologie, paru en novembre dernier. Avec sa conférence, cet enseignant d’ECR, auteur et chercheur cherchait à répondre à la question suivante : un dialogue est-il possible entre nationalisme québécois et wokisme?

David Santarossa, enseignant, chercheur et auteur. Crédits : La Presse.

Avec son premier essai aux éditions Liber, David Santarossa affirme avoir voulu faire exister l’idéologie woke sur le plan politique. Il basa son analyse sur trois œuvres, grandement médiatisées, et non sur des chroniques ou des commentaires, pour être certain de se baser sur une version aboutie des idées qu’il cherche à examiner. Ainsi, dans La pensée woke, il entre en dialogue avec deux livres et un documentaire : On ne peut plus rien dire : le militantisme à l’ère des réseaux sociaux de Judith Lussier, Kuei je te salue, conversation sur le racisme de Natasha Kanapé Fontaine et Deni Ellis Béchard et Briser le code, réalisé par Nicolas Houde-Sauvé.

La Société Saint Jean Baptiste est un organisme qui vise à promouvoir et valoriser la langue française et l’idée d’indépendance du Québec. Source : Ville de Trois-Rivières.

Le fleurdelisé remit en question?

La conférence a débuté par un mot d’ouverture, puis une brève histoire du drapeau présenté par Jean-François Veilleux. Pour en savoir plus sur l’histoire du drapeau du Québec, la SSJB en dit plus juste ici.

Santarossa débuta sa conférence en se demandant si le symbole du fleurdelisé pourrait un jour être remis en question par l’idéologie woke. C’est qu’il figure sur le drapeau du Québec des symboles du christianisme et des origines françaises, ce qui exclu d’emblée plusieurs québécois.

Le conférencier affirme que l’idéologie woke choisit la minorité plutôt que le commun en s’attaquant aux normes sociales excluant certaines catégories de personnes. En ce sens, affirma-t-il, le drapeau de la ville de Montréal est plus inclusif (symbole des origines françaises, autochtones, anglaises etc.). Mais il exclu tout de même certaines catégories de personnes.

Peut-on avoir un drapeau inclusif?

C’est ce que va se demander David Santarossa. Car tout symbole exclura certains groupes de personnes. Mais pour ce conférencier, l’appartenance au Québec n’a rien d’exclusive, car il s’agit d’une « histoire et mémoire commune que l’on est appelé à intégrer. Une histoire commune n’est pas une histoire unique ». Tout de même, Santarossa affirme que le drapeau québécois sera remis en question tôt ou tard. « C’est même déjà le cas », affirme-t-il.

L’essai de David Santarossa paru en novembre 2022. Crédits : Éditions Liber.

Nationalisme québécois et wokisme

Pour Santarossa, le nationalisme québécois peut difficilement exister en accord avec l’idéologie woke. En effet, selon lui, des œuvres comme Briser le code ou Kuei je te salue remettent en question la majorité historique francophone du Québec.

Pour exemple, dans ce dernier livre, la lunette raciale préconisée par les auteurs et l’utilisation du mot « allochtone » pour désigner les québécois, fait oublier que « le fil de l’histoire québécoise est la résistance à l’assimilation anglophone. En aucun cas une lutte raciale. » Pour l’auteur de la pensée woke, l’identité de « blanc » nie l’identité culturelle, linguistique et historique des québécois. Et il est inquiété du fait que les québécois pourraient en venir à avoir une identité plutôt raciale que culturelle.

Un dialogue impossible?

Pour David Santarossa, il est difficile de débattre voir de simplement dialoguer, avec l’idéologie woke. Notamment, car, selon cette idéologie, ce serait la perception qui prime sur l’intention. Ensuite, car le vocabulaire dont fait usage les tenants de cette idéologie est mélioratif. En effet, il serait difficile de s’opposer à des adversaires se qualifiant eux-mêmes comme étant « antiracistes », « inclusifs », « féministes » ou « antifascistes ».

De plus, toujours selon ce conférencier, les adversaires politiques de ceux qualifiés de woke sont considérés comme des gens à éduquer. Il s’agirait alors de leur faire prendre conscience de leur ignorance et non de débattre avec eux. Pourtant, affirme Santarossa, le politique est le lieu de l’égalité. L’éducation, elle, n’est pas une relation égalitaire. Du point de vue d’un tenant du wokisme, l’adversaire politique devient « au mieux un ignare, ou pire un ignoble ».

Également, l’irréfutabilité des thèses wokes rendrait le débat impossible. Par exemple, en faisant de celui qui nie le racisme systémique une preuve de ce racisme. Finalement, la redéfinition jugée « élastique » de certains mots comme « suprématie blanche » ou « décolonisation » permet de les appliquer facilement à nombre de positions adverses.

Pessimiste?

David Santarossa croit qu’il n’est pas possible pour le nationalisme québécois de vivre à l’intérieur de cette conception du monde qualifiée de woke. Mais si les cinq points précédents montrent, selon lui, qu’il est impossible d’être en désaccord avec le wokisme, il propose tout de même des solutions : s’impliquer dans les institutions ; poser des question ; avoir le courage de ses idées et défendre le français comme facteur commun dans la société québécoise. Il affirme également que « le nationalisme québécois est l’alternative numéro un au wokisme. »

Une période de question suivie avant la fin de la conférence.

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