Le 10 octobre dernier marquait le 325e anniversaire de l’établissement des Ursulines dans la ville de Trois-Rivières. Pour cette occasion, je souhaite souligner l’importance historique de cette communauté religieuse et l’apport de leur vocation d’enseignement pour l’éducation des jeunes filles trifluviennes. Bonne fête!
En 1639, trois ursulines de Tours, Marie de l’Incarnation, Marie de Saint-Joseph et Cécile de Sainte-Croix, s’installent en Nouvelle-France. Leur mission est d’y fonder un monastère et une école pour jeunes filles. Elles s’installent d’abord dans la ville de Québec où elles ouvrent le premier établissement dédié à l’éducation féminine en Amérique du Nord. Dès leurs premières années, elles hébergent 18 pensionnaires françaises et autochtones. Elles leur enseignent le catéchisme, la lecture, l’écriture, le calcul et les arts féminins.
L’arrivée à Trois-Rivières
À la fin du XVIIe siècle, le petit village de Trois-Rivières, habité par quelques 358 habitants, revendique des services éducatifs et hospitaliers. L’évêque de Québec, Mgr Jean-Baptiste de La Croix de Chevrières de Saint-Vallier, entame donc des démarches auprès des Ursulines. Ces dernières acceptent d’y ouvrir un hôpital, jumelé à un pensionnat et un couvent.
Ainsi, le 10 octobre 1697, trois ursulines, mère Marie Drouet de Jésus, sœur Marie Le Vaillant de Sainte-Cécile et sœur Françoise Gravel de Saint-Anne, atteignent le rivage trifluvien. Mère Marie Amyot de la Conception et mère Marie Drouard de Saint-Michel les rejoignent le 23 octobre.
À leur arrivée, les religieuses, alors dépourvues de monastère, s’installent dans la maison du gouverneur Claude de Ramezay. Les Ursulines et la famille Ramezay se séparent rigoureusement cette demeure, située sur le Platon de Trois-Rivières. Cette solution provisoire devait se maintenir jusqu’à la conclusion des travaux sur une nouvelle maison, mandatée par le gouverneur. Cependant, ce dernier obtient le commandement des troupes canadiennes en 1699 et n’habitera jamais le nouveau bâtiment. Les Ursulines s’y installent donc, seules, en 1700.
C’est dans ce nouveau monastère que s’épanouiront les missions éducatives et hospitalières des Ursulines.
L’œuvre des Ursulines de Trois-Rivières
Le couvent initial, érigé pour servir de résidence au gouverneur de Ramezay, est agrandi de nombreuses fois pour combler les besoins grandissants de la petite communauté. Ce bâtiment initial est aujourd’hui la maison blanche du monastère. C’est dans cet immeuble que se concentrent, jusqu’en 1830, la vie et les fonctions des religieuses.
En 1807, devant l’absence de soins accordés aux malades mentaux, les Ursulines de Trois-Rivières, déjà responsables d’un hôpital, se voient confier la charge des troubles psychiatriques jusqu’à l’inauguration de l’Asile provisoire de Beauport, en 1845. Dès la fondation de l’asile, situé dans la ville de Québec, on y envoie les aliénés confiés aux sœurs trifluviennes. Finalement, en 1886, l’absence de ressources pécuniaires force les religieuses trifluviennes à renoncer complètement à leur vocation hospitalière.
Dans la seconde moitié du XIXe siècle, les besoins des religieuses et l’importance de leur enseignement augmentent. Cela pousse le diocèse à financer la construction et l’élargissement de nombreux bâtiments. S’y ajoutent alors notamment un externat vers 1870, et un agrandissement majeur de leur chapelle en 1897. C’est d’ailleurs à cette époque que la chapelle reçoit sa façade de pierre à bossage et son dôme.
En 1908, les Ursulines inaugurent la première École normale pour filles en Mauricie. À compter de 1935, elles offrent à leurs étudiantes le cours classique, traditionnellement réservé aux garçons.

Ravagé par les flammes
En 1752 et en 1806, le monastère, le pensionnat et l’Hôtel-Dieu sont victimes d’incendies qui ne laissent derrière eux que les murs de pierres. Notons que ces murs forment toujours la majorité de l’actuelle maison blanche du monastère. Aussi, ces incendies ont favorisé plusieurs travaux d’agrandissements, notamment en hauteur et vers l’arrière du monastère.
En juin 1908, un grand incendie ravage le centre-ville et une grande partie du secteur historique de Trois-Rivières. Heureusement, les flammes épargnent le monastère des Ursulines sur la rue Notre-Dame, aujourd’hui la rue des Ursulines. En tant que témoin primordial de l’histoire de Trois-Rivières, ce secteur est proclamé zone historique en 1956 par le maire Laurent Paradis.
Acquisition par la ville
L’ensemble conventuel des Ursulines est classé site patrimonial par le ministère de la Culture et des Communications depuis 2017. Son acquisition par la ville de Trois-Rivières est la première action résultant de sa Politique du patrimoine ratifiée en 2021. Le monastère est identifié comme le « bien patrimonial le plus représentatif de Trois-Rivières » par la population lors de la consultation précédant l’élaboration de cette nouvelle Politique. Son importance historique et son appréciation populaire ont poussé la ville à établir une protection permanente de ce bien culturel.
Ainsi, la ville de Trois-Rivières est passée devant notaire, le 25 mai dernier, pour officialiser son acquisition du monastère. Cette entente a mis fin à cinq ans de négociations entre la ville, IDETR et la Corporation de l’Union canadienne des Moniales de l’Ordre de Sainte-Ursule (les Ursulines).