La soixantième élection présidentielle américaine approche à grands pas, prévue pour le 5 novembre 2024. Les électeurs choisiront le nouveau président et le prochain vice-président des États-Unis. Autour de ce scrutin spécial se greffent de nombreuses incertitudes quant à l’avenir des États-Unis et du monde.
Les candidats déclarés
Une dizaine de candidats se présentent au portillon dans l’espoir de décrocher ou de conserver leur billet d’entrée pour la Maison-Blanche. Chez les républicains, Donald Trump, l’ex-président (2016-2020), âgé de 76 ans, a déclaré officiellement sa candidature le 15 novembre 2022. Toujours très populaire auprès de plusieurs franges de l’opinion américaine, il reste pour l’instant en tête des intentions de vote républicaines.
Face à Donald Trump, de nombreux républicains sceptiques placent leurs espoirs dans la candidature du gouverneur de Floride, Ron DeSantis, qui, à seulement 44 ans, est vu comme l’étoile montante de la droite dure. Il est le challenger le plus sérieux de Donald Trump au sein du camp républicain.
Parmi les autres candidats déclarés côté républicain, on trouve Nikki Haley, une ex-trumpiste qui prône le renouvellement, Mike Pence, l’ex-bras droit de Donald Trump, Vivek Ramaswamy et Asa Hutchinson.
Chez les démocrates Joe Biden, le président, candidat à un second mandat à 81 ans. L’actuel président américain, déjà le plus vieux jamais en exercice, achèverait son second mandat à l’âge de 86 ans s’il était réélu en 2024. Il table notamment sur son bilan économique favorable, ainsi que sur les mesures qu’il a lancées en matière d’emploi, de santé ou d’éducation pour être réélu.
Robert Kennedy Jr et Marianne Williamson se sont également lancés dans la course à l’investiture du Parti démocrate pour l’élection de 2024. Leur influence sur le leadership interne du président sortant demeure très faible.
Aperçu du système électoral américain
Les primaires marquent le coup d’envoi de la course aux présidentielles. Initiés en 1901 par la Floride, ils permettent aux partis de laisser aux sympathisants l’opportunité de désigner leur candidat, via un vote indirect. Les presidential candidates désignés font campagne et se lancent dans un marathon fastidieux fait de rencontres, de rallyes, de débats télévisés et de confrontations avec les journalistes… Jusqu’au premier mardi de novembre, jour de l’Election Day, depuis 1845. Une date déterminée par le Congrès selon l’article 2 de la Constitution et jusqu’à présent jamais contestée, même en temps de guerre.
Les États-Unis étant une fédération, chaque État possède ses propres grands électeurs, dont le nombre varie en fonction de sa démographie. Ce nombre correspond à celui des membres élus au Congrès de Washington : deux sénateurs et un ensemble de députés proportionnel à la population de l’État. Tous les États n’ont donc pas le même poids.
Lorsqu’un parti arrive en tête dans un État, tous ses grands électeurs sont élus, indépendamment du nombre de voix. C’est la règle du winner-takes-all. Ainsi, certains présidents des États-Unis ont été élus sans avoir obtenu le plus grand nombre de voix dans le « vote populaire », ce qui est le cas de Donald Trump en 2016. À l’inverse d’autres ont perdu tout en ayant eu plus de voix, comme Al Gore en 2000. Le choix des grands électeurs est donc déterminant quant au scrutin final.
Quand connaissons-nous le gagnant?
Bien que l’on connaisse généralement le nom du gagnant dès l’élection du collège électoral, ce n’est que le premier lundi qui suit le deuxième mercredi de décembre que celui-ci désigne officiellement le président. Le dépouillement n’est effectué que deux semaines plus tard, au Sénat. C’est à ce moment-là que le vainqueur des élections est nommé. Il lui aura fallu remporter au moins 270 voix, sur les 538 grands électeurs qui constituent le collège électoral. Le 20 janvier, lors de l’Inauguration Day, le président nouvellement élu prononce son discours d’investiture avant de prêter serment, une main sur la Bible, devant le Capitole à Washington.
Nous ne savons pas si
Edgar Morin, 2021
nous devons en attendre du pire, du meilleur, un mélange
des deux : nous allons vers de nouvelles incertitudes.
Vers un festival d’incertitudes
L’hypothèse d’un retour du duel entre Donald Trump et Joe Biden se dessine de plus en plus. Toutefois, qui remportera la prochaine élection présidentielle américaine : le candidat démocrate ou le candidat républicain ? Les deux partis sont en désaccord sur des sujets d’une importance tels que l’action climatique, la guerre en Ukraine et les relations des États-Unis avec leurs alliés.
Sur la question de la place des États-Unis dans le monde et de leur présence militaire à l’étranger, les partis sont divisés entre ceux qui prônent un engagement international limité des États-Unis ; ceux qui préconisent de donner la priorité à la région indopacifique ; et les partisans du maintien du leadership mondial des États-Unis, voire de leur prééminence. La future politique étrangère des États-Unis dépendra largement du groupe qui l’emportera.
Références
Morin, E. (2021). Un festival d’incertitudes. Tracts de crise, 54.
https://www.radiofrance.fr/franceculture/etats-unis-comprendre-le-systeme-electoral-7940804