Depuis le début des hostilités le 07 octobre dernier, le Canada est confronté à une équation à trois inconnus : comment faire coexister le droit d’Israël de se défendre, le respect du droit international et la protection des civils? Le gouvernement Trudeau doit jongler entre les pressions politiques et populaires de la maison, la diplomatie internationale et les valeurs qu’il souhaite défendre.
Le droit d’Israël de se défendre
Le Canada et Israël sont liés d’une amitié indéfectible et entretiennent des relations bilatérales solides qui vont en grandissant, basées sur des valeurs communes, notamment la démocratie. Dans l’énoncé de sa politique sur les aspects clés du conflit israélo-palestinien, le Canada soutient le droit d’Israël à vivre en paix avec ses voisins à l’intérieur de frontières sécuritaires et reconnaît son droit à assurer sa propre sécurité en soutenant continuellement son combat contre le terrorisme.
Le Canada condamne sans équivoque l’attaque terroriste du Hamas contre Israël. Nous soutenons Israël et son droit à se défendre conformément au droit international, a déclaré Mélanie Joly, ministre des Affaires étrangères, lors de sa conférence de presse le 11 octobre au lendemain de l’attaque du Hamas.
Le respect du droit international et la protection des civils
Ottawa ne souhaite pas montrer la moindre faille dans son appui à l’allié israélien, mais ne peut pas non plus se permettre d’afficher une approche relevant du deux poids deux mesures quant au respect du droit international. Il demande ainsi à Israël de faire preuve de « retenue » pour protéger les civils à Gaza.
« J’ai clairement indiqué que le prix de la justice ne pouvait être la souffrance continue de tous les civils palestiniens », a soutenu Justin Trudeau lors d’un événement organisé à Vancouver le 14 novembre. Pour le Premier ministre israélien, « c’est le Hamas, et non Israël, qui devrait être tenu responsable d’avoir commis un double crime de guerre : cibler des civils tout en se cachant derrière des civils ».
Vers une montée de l’antisémitisme ?
La police, les dirigeants politiques et les membres de la communauté juive ont dénoncé une montée alarmante de l’antisémitisme au Canada depuis les attaques perpétrées par le Hamas le 7 octobre.
Le 8 novembre dernier, de violents incidents ont opposé, des étudiants de la communauté juive à d’autres étudiants, défenseurs de la cause palestinienne dans l’enceinte de l’Université Concordia. Trois personnes ont été blessées, dont deux agents de sécurité et un étudiant de 23 ans. Le 9 novembre, deux écoles juives de Montréal ont été visées par des tirs dans la nuit selon la police. Dans la même semaine, la police de Montréal avait annoncé avoir lancé une enquête après qu’une synagogue ait été visée par des cocktails Molotov.
« Je veux être très clair. Nous condamnons cette violence antisémite dans les termes les plus forts », a réagi le Premier ministre Justin Trudeau. François Legault, a lui lancé « un appel au calme à tous les Québécois et Québécoises », en condamnant ces actes. Rappelons que le Canada compte la quatrième communauté juive en importance au monde, soit plus de 390 000 personnes.
Références
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2026826/trudeau-retenue-gaza-civils
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2017117/israel-hamas-trudeau-analyse-louis-blouin