Qu’est-ce qu’un être humain?: Réussir dans la vie ou réussir sa vie ?

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Question déroutante, n’est-ce pas? D’autant plus qu’il n’y a rien là-dedans pour faire grogner un cochon de plaisir. Serions-nous en plein brouillard? Une chronique de fin d’année, c’est un peu comme un carambolage d’idées : si nous ne nous sentons pas un peu taré, c’est probablement que nous sommes déphasés. Alors, y a-t-il une différence entre réussir votre carrière? Et réussir votre vie? La véritable quête du Graal ne consiste-t-elle pas à partir à la recherche de soi-même? De son identité?

Réussir sa vie en capitalisme

Réussir. Le plus américain des verbes. Qu’arrive-t-il quand des jeunes hommes et femmes intelligents, vigoureux, enthousiastes, adoptent le modèle de réussite capitaliste et mettent toutes leurs capacités à un seul but : gagner de l’argent? Aucun passe-temps ne les attire; rien ne les distrait. Pour eux, nulle hésitation. Supposons que la personne devienne milliardaire. Est-ce que ce sera un franc succès? Un échec retentissant? Une personne qui vit pour accumuler toujours plus d’argent, devrait se demander quel vide elle veut combler?

Réussir sa vie sexuelle

Dans notre société, le besoin de gagner de l’argent (qui, en soi, n’a aucune valeur) est, souvent, plus puissant qu’un besoin physiologique… comme la sexualité. La dimension sexuelle entre-t-elle en ligne de compte quand vient le temps d’évaluer si une vie est échouée ou réussie? À quoi sert-il à quelqu’un d’être milliardaire et d’avoir une vie sexuelle lamentable? Je ne sais pas si vous vous accorderez à mon avis, mais je pense qu’une vie sexuelle réussie, pour le bonheur d’une personne, vaut toutes les fortunes du monde. Pourquoi? Parce que réussir sa vie sexuelle s’impose comme une nécessité : elle est largement responsable de la joie de vivre.

Une vie sexuelle réussie, pour le bonheur d’une personne, vaut toutes les fortunes du monde.

Réussir sa vie intellectuelle

Qu’est-ce qu’une vie intellectuelle réussie? Tout le monde connaît un voisin qui est le type du crétin satisfait… et tout le monde pense n’avoir rien en commun  avec lui. Et si aller à l’école, écouter la télé, vivre dans la société occidentale étaient les plus sûrs moyens de se retrouver un parfait imbécile? Pas terrible, n’est-ce pas? Franchement pas! Un exemple concret? Bien des gens, en bien des endroits, font semblant de rigoler. En réalité, ils s’emmerdent. S’ils pensaient par eux-mêmes et tenaient compte de leurs besoins, resteraient-ils à s’embêter? Prenons pour point de départ qu’une vie intellectuelle réussie consiste à penser par soi-même: comment quelqu’un qui ne distingue pas une idée d’une pensée peut-il s’imaginer penser par lui-même? Est-ce que je peux dire que j’ai réussi ma vie intellectuelle si je ne sais pas d’où je viens, qui je suis, où je vais? Comme tout part du cerveau, si ma vie est un échec de ce point de vue, ça part mal.

Vol d’identité

Mon cœur saigne. Partagez-vous mon indignation, ma colère? Généralement, quand nous entendons dire que quelqu’un s’est fait voler son identité, c’est qu’il s’est fait voler ses cartes, son NIP. Est-il possible de penser à un vol d’identité plus radical? D’être entraîné loin de soi-même? De sa vérité intérieure? Notre civilisation tente par tous les moyens de terroriser le moi, de le faire disparaître. Un exemple historique : Pensons à tous ces ministres et généraux d’Hitler, à Nuremberg, qui se défendaient en disant qu’ils n’avaient fait qu’obéir aux ordres pour prendre conscience qu’ils s’étaient fait voler leur identité pour servir le national-socialisme. Plus près de nous, pensons à tous ces soldats, policiers, politiciens, courtiers, avocats, banquiers qui ont été instrumentalisés par le capitalisme. À partir du moment où nous admettons que la principale tâche d’un être humain est de se donner naissance à lui-même, pouvons-nous affirmer que cette mission est accomplie?

Deviens qui tu es

Le Moi est-il haïssable? Devons-nous lui rendre un culte? Je m’en contrefous: les extrêmes se rejoignent et sont de mauvais conseil. La vraie question est : Qu’et-ce que je veux devenir? Et, ici, si j’ai une tête sur les épaules et que je m’en sers, je suis conscient que je ne suis pas né heureux, mais que j’ai à le devenir. Chemin facile? Que non! Si je veux être vraiment moi-même, j’aurai à vivre l’angoisse de l’abandon et de la solitude. Mais si je n’aime pas ce que je deviens et que je suis amer, qui blâmer?

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