Je dois admettre qu’en tant que chroniqueur de l’UTA (Université du troisième âge) m’adressant surtout à de jeunes adultes, je ressens la crainte d’être complètement déphasé : est-il possible que les jeunes vivent l’épanouissement sexuel là où les gens de ma génération vivent une certaine frustration? Mais, après tout, de même que nous vivons dans une société en colère qui porte un masque souriant, peut-être vivons-nous dans une société puritaine sous un déguisement olé olé? Chose certaine, baiser donne du goût à la vie. Autre chose certaine, après 50 ans de révolution sexuelle, hommes et femmes n’ont moralement pas le droit de baiser avec une autre personne que leur légitime. Pouvons-nous remettre en question certains tabous comme la fidélité? Autant être franc, je projette de tout foutre en l’air. Ça va barder! Si pour vous, la vérité est trop flippante, autant passer à la prochaine chronique.
Une question de contrôle ?
Que penser de toutes ces lois, ces institutions, qui veulent contrôler notre sexualité? Le pouvoir aime le contrôle. En contrôlant notre sexualité, il contrôle notre vie intime. Comme la sexualité influence une grande partie de notre vie et qu’il n’y a rien de plus artificiel que la sexualité humaine, le pouvoir nous tient par les couilles. Les interdits commencent par être religieux; ils deviennent moraux, puis sociaux, pour enfin être intériorisés. Le contrôle des besoins sexuels servira à discipliner les humains… pour les amener là où ils n’auraient pas voulu aller.
Défense d’en parler
Pour contrôler les humains, il faut leur construire de très hautes murailles. Une des premières sera l’interdiction d’en parler. Je me souviens quand j’étais enfant, rien ne pouvait être dit à propos du sexe. Pourquoi? Interdiction de l’Église? Et aujourd’hui, la situation a-t-elle évolué? Les couples peuvent-ils parler ouvertement de sexe, de leurs fantasmes? Combien de parents, influencés par le tabou chrétien (même sans le savoir), ne diront jamais rien à propos du sexe? Et si nous adoptions la devise «Let’s talk about sex»?
Défense de se toucher
Demandez à quelqu’un, à brûle-pourpoint, ce qu’il pense de la masturbation. Il y a toutes les chances que la personne prenne un air dégouté. Il pense que la masturbation est «mal» et il essaie de s’en abstenir. Il prétendra même qu’il n’y prend aucun plaisir. Comment est-ce possible? Si cette personne aime le sexe, elle devrait aimer se masturber quand il n’y a pas de partenaire disponible. Si cette personne se sent mal à l’aise après une séance de masturbation, nous pouvons présumer qu’elle éprouvera des sentiments négatifs après d’autres activités sexuelles, ou qu’elle devra s’abrutir d’alcool pour se les permettre.
Après 50 ans de révolution sexuelle, hommes et femmes n’ont moralement pas le droit de baiser avec une autre personne que leur légitime.
Défense d’aller voir ailleurs
Nous avons été programmés à croire à la fidélité dans les relations entre les hommes et les femmes. L’adultère est-il une activité dégradante? Pourquoi le retrouve-t-on au cœur d’innombrables romans, films… et même dans la vie fantasmatique des gens? Ne révèle-t-il pas un besoin de variété? Le besoin sexuel peut-il être limité à une seule personne? Quel en serait le résultat? Quand, après 20 ans de mariage, le (la) conjoint (e) dit : «Y m’énarve!», c’est un instantané qui a bien des chances d’être un condensé de la vie à deux. Mais demandons-nous : pourquoi nous veut-on fidèles? Dans le temps, il était question d’être de fiers chrétiens engagés et de zélés paroissiens; aujourd’hui, cela a «évolué» en fiers producteurs et zélés consommateurs. Et si nous prenions conscience que la nature aime la diversité? L’ennui ne peut être évité que par la variété. Une femme ne peut suffire à un homme (et vice-versa) pour la durée d’une vie. L’énergie sexuelle est une des plus grandes énergies. Si elle est condamnée, nous mettons à mort une partie de nous.
Hors du sexe, point de bonheur ?
Voir le sexe de cette façon serait par trop réducteur : autant la sexualité peut nous apporter les meilleurs moments de notre vie, autant d’autres sources de bonheur existent. Cela dit, y a-t-il toujours des gens qui veulent contrôler notre sexualité? J’aimerais pouvoir répondre non, mais j’ai bien peur que oui. C’est la forme la plus vicieuse de contrôle inimaginable : elle nous laisse avec un doute profond sur une dimension essentielle de notre personne. Avons-nous avantage à évoluer côté sexe? En ce domaine comme en d’autres, nous devons passer de l’étape de l’enfance, où nous obéissons aux injonctions des autorités, à l’étape adulte, où nous sommes responsables de la satisfaction de nos besoins. Vivre des relations sexuelles est un acte libre et si les êtres humains reconnaissaient leurs besoins sexuels, s’ils devenaient libres de vivre leur sexualité de façon à ce qu’elle leur procure de bonnes heures?