Représentation des autochtones à l’Assemblée nationale, un chercheur y voit des avancées majeures

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S’achemine-t-on vers une représentation accrue des autochtones à l’Assemblée nationale du Québec ? C’est en tout cas la tendance qui semble se confirmer selon les résultats encore partiels des recherches que mène depuis un certain temps Simon Dabin, postdoctorant et chargé de cours en Science politique à l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Il l’a dit au cours de la conférence organisée mercredi 12 octobre à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) par le Centre interuniversitaire d’études québécoises (CIEQ).

Vers une représentation historique des autochtones à L’Assemblée nationale

Dans son exposé « Vers une représentation historique des Autochtones à l’Assemblée nationale du Québec: réflexions sur les élections de 2022 », Simon Dabin a parlé de la courbe évolutive de la participation des autochtones dans la politique active, laissant entendre que cela pourrait constituer un tournant dans l’histoire politique du Canada tant à l’échelle fédérale que provinciale.

« Le taux de participation des autochtones aux élections provinciales (ndlr : au Québec) est passé en dessous de 40% en 2015 à près de 80% en 2019 », a-t-il fait savoir, avouant qu’il ne disposait pas encore des statistiques des provinciales du 3 octobre dernier, pour savoir si cette tendance se conformait toujours. Même chose au niveau fédéral où le taux de participation est également en hausse. « Il n’y en avait que 40 à 50 candidats et candidates autochtones depuis les trois dernières élections. Aujourd’hui, c’est autour de 80 candidats et candidates autochtones », a précisé l’orateur.

Même en l’absence des données de 2022, le chercheur ne doute nullement de la confirmation de cette tendance à la hausse, d’autant plus que lors de ces mêmes provinciales de 2022, l’on a compté au total neuf candidatures autochtones contre 4 ou 5 en 2015. « C’est le plus gros chiffre jamais réalisé dans l’histoire des élections au Québec », a fait observer Simon Dabin.

Enjeu de la participation

Il en est arrivé à justifier cette augmentation du taux de participation des autochtones aux élections par l’idée de propulser les leurs dans les institutions. C’est en étant massivement représentés qu’ils pourront avoir finalement l’occasion d’exercer le contrepoids dans les décisions qui se prennent parfois sans eux.

Si certains voient à la participation aux élections le moyen d’accéder au cœur de la politique, d’autres cependant voient la même situation avec des lunettes différentes. Pour ces sceptiques, la participation accrue aux élections ne serait qu’un chèque en blanc que l’on donnerait aux institutions sorties des urnes, coloniales à leurs yeux.

Sur ce point précis, Simon Darin rappelle que la difficulté pour les autochtones est qu’ils ont toujours eu des rapports ambigus et conflictuels avec les gouvernements. Des démêlés qui ne datent pas d’avant-hier.

Mais cette contradiction ne devrait pas en rester là, voit très loin le chercheur. Pour lui, la perception de la politique chez les autochtones, surtout dans le milieu des jeunes, semble beaucoup évoluer. Pas étonnant de les voir un jour peser de tout leur poids dans toutes les institutions.

Vote affinitaire

Toujours au sujet de la forte participation des autochtones aux élections, le chercheur révèle quand même que le vote chez ces communautés, en l’occurrence les Inuits, est très souvent affinitaire, et que le taux de participation explose à mesure que des candidats autochtones se retrouvent de plus en plus sur les listes électorales. Et de nuancer « le vote affinitaire n’est pas propre aux autochtones. Ce sentiment se manifeste également chez les autres communautés qui tendent à voter des personnes qui leur ressemblent ».

Un peu plus en détail, le chargé de cours en science politique à l’UQAM explique qu’au niveau fédéral, les autochtones votent en bloc pour le NDP. Et à l’échelle provinciale, c’est le parti libéral du Québec qui bénéficie un peu plus de la faveur des votes autochtones. Toutefois, rappelle le chercheur, les autochtones ont plus à faire à Ottawa compte tenu de leur statut qui relève de la compétence d’Ottawa. D’ailleurs, souligne le chercheur, les autochtones n’étaient pas favorables au référendum d’autodétermination du Québec de 1995, en organisant également leur propre référendum de rattachement au Canada si jamais Québec devenait indépendant.

Il note au passage que la vague de la participation des autochtones n’est pas seulement observable au Canada ou à Québec. Ce vent a soufflé presque dans tous les pays du monde. C’est aux États-Unis, en 2020, où l’Arizona, bastion électoral réputé républicain, a basculé du côté des démocrates grâce à la mobilisation massive des autochtones pour voter bleu, donc pour les démocrates.

Crédits photo de couverture : Olivier Blouin, The Canadian Architect

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