Le 22 mars dernier, les Denis Drolet ont présenté leur troisième spectacle d’humour, Comme du monde, au Cégep de Trois-Rivières. Ils étaient accompagnés de leur acolyte Just-to-buy-my-love, le fameux moustachu dansant.
Les deux personnages, créés et interprétés par Vincent Léonard (Denis à palettes) et Sébastien Dubé (Denis à barbe), se complètent parfaitement bien. Alors que le premier est jovial et naïf, le deuxième est plutôt violent et pessimiste. Cependant, tous deux sont expressifs et excessifs. Ces deux extrêmes qui se côtoient amènent bien généralement des situations de conflits, mais on sent, malgré tout, beaucoup d’amour entre les deux Denis.
Leur spectacle, intitulé Comme du monde, se veut être une tentative de faire, pour la première fois, un spectacle dans les règles de l’art, c’est-à-dire comme des gens normaux. Sans absurdité, sans vulgarité, sans excès. Est-ce que c’est réussi? Bien sûr que non, et on ne s’attendait à rien de moins de leur part!
Les Denis ont accueilli le public dans le confort de leur salon. En effet, le décor était composé d’une causeuse et d’un fauteuil blanc aux lignes modernes et d’un petit foyer électrique tout aussi blanc. Le mur du fond était constitué d’un grand rideau noir sur lequel il était dessiné, comme à la craie, un cadre de porte asymétrique, un plafonnier pendant «au-dessus» du salon et une fenêtre légèrement habillée. Quelques touches colorées étaient ajoutées à l’ambiance, telle une moquette et un vase rouge vif ainsi qu’un coussin et un jeté vert pomme, pour rappeler les couleurs qui complètent le brun des Denis. Bref, il s’agissait d’un décor épuré qui laissait toute la place à l’excentricité des deux humoristes.
Le spectacle des Denis Drolet, contrairement à celui d’autres duos humoristiques, ne présente pas de stand-up comic. Il s’agit plutôt d’une grande pièce de théâtre frôlant le burlesque dans laquelle on peut observer les Denis dans leur vie de tous les jours. Cette vie de tous les jours provient cependant d’un univers parallèle dans lequel les tournures d’événements sont complètement loufoques et disjonctées, donc tout à fait imprévisibles. Malgré ces enchainements qui peuvent sembler illogiques au premier abord, on sent qu’il y a des liens peu communs qui mènent le spectateur vers chaque gag, et les Denis manipulent l’absurdité à merveille. Ils ont en effet peaufiné leurs sketchs qui sont mieux définis et moins brouillons qu’auparavant.
Cette vie de tous les jours provient d’un univers parallèle dans lequel les tournures d’événements sont complètement loufoques et disjonctées, donc tout à fait imprévisibles.
Les Denis Drolet ont maintenant leur groupe de fidèles bien établi, ce qui leur permet d’explorer davantage et d’aller encore plus loin avec leur humour. Par exemple, les Denis spéculent sur ce que leur père aurait été s’ils l’avaient connu. Ils en profitent alors pour faire une mise en scène, Denis à palettes jouant le rôle du père et Denis à barbe jouant celui du fils. Ce fut l’occasion pour eux d’aborder le thème de la violence familiale et de l’homosexualité, mais de leur façon tout à fait unique. Les Denis ont aussi fait des reconstitutions bien particulières d’histoires célèbres, telles que celle du Petit Chaperon rouge ou encore celle des trois rois mages. Alors que, dans la première, Denis à barbe tente du mieux qu’il peut de saboter le récit de Denis à palettes, la deuxième est devenue tout à fait décadente et pas du tout catholique! Le clou du spectacle a été lorsque les deux humoristes nous ont projetés dans un monde où les Denis Drolet sont normaux, ce qui est tout à fait déstabilisant et, selon moi, très peu probable, parce que les Denis auront toujours une belle folie à nous partager.