Au cas où vous ne le sauriez pas, une petite foule provenant des quatre coins du monde s’est affairée pendant dix jours autour des problèmes de santé de notre planète. La COP22 (22e conférence des parties) avait lieu du 7 au 18 novembre à Marrakech (Maroc). Mais elle a eu le malheur de se dérouler en même que les dernières élections américaines.
Face à l’écrasante majorité d’articles traitant du nouveau président, la COP22 s’est montrée discrète. Apparemment, notre planète peut être mise sur attente.
Il était attendu qu’elle ne soit pas spectaculaire, ou du moins pas autant que sa médiatique petite sœur, la COP21, qui s’était déroulée à la fin de l’année dernière, à Paris. Et pourtant, si l’on s’y intéresse de plus près, la COP22 garde tout son intérêt. En 2015, plusieurs accords ont été signés entre les 195 pays pour lutter contre le réchauffement climatique. L’accord tout juste entré en vigueur le 4 novembre, il s’agit cette année de voir plus concrètement comment ces stratégies vont être mises en place. Une partie importante des négociations a donc porté sur l’application de cet accord de Paris. Autre mot d’ordre de la COP22: la transparence.
Ce traité se démarque du protocole de Kyoto, qui, en 1997, prévoyait des sanctions pour les pays ne respectant pas leurs engagements. Cette méthode, peu efficace, a été remplacée par des «règles de transparence», obligeant à rendre publiques les actions prises par les États, ainsi que leur bilan. Il s’agit par exemple de savoir quelles mesures les gouvernements vont mettre en place pour lutter contre la pollution des voitures, ou pour développer la rénovation des bâtiments.
Cette 22e conférence internationale sur le climat est également une occasion de se pencher sur l’état actuel de la planète, qui, on se doute bien, n’est pas au beau fixe. Les cinq dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées, la planète commence à montrer ses limites. Aussi, l’ampleur des efforts à faire à l’avenir est énorme.
Un doux rêve
Ne soyons pas dupes, l’objectif de limiter l’augmentation du réchauffement à 2°C par rapport à l’ère préindustrielle relève de l’impossible. Depuis une vingtaine d’années, les promesses des chefs d’État pour entreprendre des actions semblent finalement peu efficaces, car la planète, elle, n’attend pas. Le réchauffement climatique persiste, et la présence de CO2 dans l’atmosphère atteint des records. Dernièrement, c’est à New Delhi que la population étouffait sous un épais nuage de pollution, mettant même en danger les personnes en pleine santé.
Le réchauffement climatique persiste, et la présence de CO2 dans l’atmosphère atteint des records.
D’ailleurs, près de 2000 écoles ont dû fermer dans la capitale indienne. Et cela n’est pas le premier cas que l’on peut lire dans la presse. Les objectifs semblent difficilement atteignables, sans compter que certains mauvais élèves ne semblent pas vraiment être préoccupés par la situation alarmante de la Terre. Aujourd’hui, près de 110 États, dont les États-Unis, la Chine, les pays de l’Union européenne, l’Inde et le Japon, ont ratifié l’accord visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre, mais la Russie manque à l’appel.
Pour faciliter les affaires, une nouvelle inquiétude est venue se mêler à la conférence internationale: l’élection de Donald Trump à la Maison-Blanche. L’homme est connu pour ses déclarations climatosceptiques. Son avis sur le sujet: le changement climatique est une «invention des Chinois pour affaiblir l’industrie américaine».
Au moins, on ne peut être plus clair, ou plus absurde. Pendant sa campagne électorale, le candidat élu à la présidentielle avait menacé de faire sortir son pays de l’accord de Paris. Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a de son côté espéré que Donald Trump «[comprendrait] la gravité et l’urgence» de l’action contre le réchauffement planétaire. Mais ne nous emballons pas non plus, depuis son élection, Trump a déjà reculé sur plusieurs de ses déclarations-choc, telles que le financement du mur par le Mexique, qui semble être un plan plus difficile à mettre en exécution que prévu.
Les riches contre les pauvres
Autre pan de cette 22e conférence internationale sur le climat au Maroc: le financement de l’aide aux pays en voie de développement. À partir de 2020, les pays riches verseront 100 milliards de dollars par an pour aider ces pays à se développer dans les énergies vertes. On comprend mieux alors l’inquiétude des participants de la COP22 quant à la possible sortie des États-Unis de l’accord, car le pays représente un des principaux bailleurs de fonds pour cette aide.
Cette année, le sommet a souhaité mettre le continent africain à l’honneur, car comble de l’ironie, ce ne sont pas les plus grands pollueurs de la planète qui sont punis. Selon le négociateur en chef des pays africains de l’évènement, Seyni Nafo, «alors qu’il n’est responsable que de 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, le continent est la grande victime du réchauffement planétaire».
Alors, si les gouvernements semblent traîner pour mettre en place des mesures concrètes, agissons en tant que citoyens et adoptons des gestes simples, tels que recycler, économiser l’eau ou essayer de se déplacer autrement qu’en prenant la voiture. Notre orange bleue, comme l’appelait le poète français Paul Éluard, mérite plus de soin et d’attention. Il s’agit (pour l’instant) de notre seul habitat, pensons-y.