Un peu de cinéma : Candyman, Nia DaCosta (2021)

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Un peu de cinéma
crédit : Sarah Garner

Reporté à de nombreuses reprises depuis juin 2020 en raison de la pandémie de COVID-19, le long-métrage Candyman (2021) est l’une des œuvres marquantes du cinéma engagé afro-américain de 2021. Il s’agit du deuxième long-métrage de la réalisatrice afro-américaine Nia DaCosta. Réalisatrice de Little Woods (2018) ainsi que de nombreux courts-métrages, dont The Black Girls Dies Last (2009) ainsi que Night and Day (2013), elle revient cette fois-ci avec la suite très attendue du classique de l’horreur des années 1990, Candyman (1992).

Bien que le film ait connu quelques difficultés en raison de la pandémie, Nia DaCosta s’impose désormais en tant que réalisatrice en remportant le prix du « Directors to Watch » lors du Palm Springs International Film Festival. En ce sens, la jeune réalisatrice fait partie de la nouvelle vague de réalisateurs Afro-américains et réalisatrices Afro-américaines engagéEs tels que Jordan Peele, dont les œuvres d’horreur marquent désormais l’imaginaire telles que Get Out (2017), US (2019); mais aussi Ava DuVernay avec des œuvres à la fois documentaires et historiques telles que 13th (2016) et Selma (2014); sans oublier l’œuvre complète du réalisateur Spike Lee, Blackkklansman (2018), Da 5 Bloods (2020).

Candyman, la suite tant attendue

Nombreux sont ceux et celles qui se souviendront du film original de Bernard Rose, Candyman (1992). Au-delà du film d’horreur de « Slasher » conventionnel que les amateurs du genre appréciaient à l’époque, la version de 1992 abordait déjà les questions du racisme et des classes sociales au États-Unis. Cette fois-ci, la version de 2021 est une suite directe au premier volet de la franchise et aborde en profondeur le malaise et l’horreur liés au racisme à l’égard de la communauté noire américaine. Anthony McCoy (Yahya Abdul-Mateen II) est un jeune artiste vivant à Chicago. En panne d’inspiration pour ses œuvres, Anthony va effectuer de la recherche concernant la légende urbaine liée au décès d’Hélène Lyne, jeune universitaire et personnage principal du premier volet. Dès lors, il se rend dans l’arrondissement de Cabrini-Green, un ancien ghetto dont la gentrification a grandement transformé la dynamique sociale. C’est alors qu’il découvre l’existence du Candyman, qui serait en fait un homme noir qui aurait été battu à mort par des policiers blancs pour avoir insérée une lame de rasoir dans un morceau de friandise destiné à un enfant. Peu à peu, la folie s’empare d’Anthony alors qu’il développe une obsession à l’égard du Candyman. Très rapidement, le récit se détache de la version originale pour nous offrir une histoire sous fond de brutalités policières et de racisme.

Candyman, un film engagé contre le racisme et l’exclusion sociale

Contrairement à la version originale où le racisme et l’exclusion sociale étaient sous-entendus dans le récit, les scénaristes Nia DaCosta, Jordan Peele et Win Rosenfeld nous offrent un récit dont le racisme est au cœur du récit, telle une monstruosité, tandis que le Candyman en est l’une des manifestations. L’un des points forts de ce film est l’aspect engagé de la réalisatrice, qui aborde de manières explicites et implicites, différentes considérations sociopolitiques. Le film fait échos au mouvement Black Lives Matter et nous rappelle sans équivoque, le documentaire 13th dont la grande majorité des scènes sont extrêmement troublantes. C’est dans cet optique, que le film traite de différentes préoccupations actuelles, dont la question de la brutalité policière à l’égard de la communauté afro-américaine. Nia DaCosta est en mesure de nous transmettre cette tension et nous faire comprendre la peur de certains membres de la communauté noire à l’égard des policiers. En ce sens, l’une des images marquantes du film met en scène un jeune adolescent noir qui préfère rester en compagnie du Candyman que de risquer de croiser des policiers blancs.

Candyman, une réappropriation du genre

L’un des aspects intéressants du film est sa proposition quant à son appropriation du genre de l’horreur. Trop longtemps, dans le cinéma d’horreur, les minorités ethniques ainsi que les femmes ont été utilisées et stéréotypées. À l’exception du film Night of the Living Dead (1968) de George A. Romero, peu de films d’horreur ont pour personnage principal des membres de la communauté noire. En ce sens, elle nous offre cette fois, une histoire dont les personnages noirs sont au cœur de l’agentivité du récit, contrairement aux films d’horreur typiques où les personnages noirs sont les premières victimes. Ici, Nia DaCosta renverse les rôles et les principales victimes du Candyman sont des personnages blancs. Malgré la présence du Candyman, on ne peut s’empêcher de constater que l’horreur provient et survient en raison de la brutalité policière.

Candyman est un film à voir absolument. Nia DaCosta nous offre une excellente relecture de ce classique de l’horreur sous forme d’œuvre engagée. En somme, il s’agit d’un excellent film qui ne laissera personne indifférent.

Suggestion de la semaine

1- The French Dispatch of the Liberty, Kansas Evening Sun (2021) Wes Anderson

2- 13th (2016) Ava DuVernay

3- Get Out (2017) Jordan Peele

4- Malcolm X (1992) Spike Lee

5- Censor (2021) Prano Bailey-Bond

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