Un peu de cinéma: The Tree of Life, Terrence Malick, 2011

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Auteur: Gabriel Senneville

Gagnant de la Palme d’or du Festival de Cannes en 2011, The Tree of Life est le second film réalisé par le réalisateur Terrence Malick en près de 20 ans.

Pour ceux qui connaissent l’œuvre de Malick, bien sûr, vous me direz qu’entre la production de The Thin Red Line (1998) et The Tree of Life, il nous a offert le très moyen The New World (2005). Par conséquent, j’ai volontairement omis l’existence de ce film. Alors qu’est-ce que The Tree Of Life? Mais plus particulièrement que dois-je m’attendre lorsque je visionne une œuvre de Malick?

L’œuvre de Terrence Malick est profondément marquée par son caractère philosophique. Ayant effectué une formation en philosophie, il s’intéresse particulièrement à l’œuvre de l’existentialiste chrétien Søren Kierkegaard.

Dans The Tree of Life, Malick traite du sens tragique de la notion de l’American Way of Life par l’entremise d’une famille de la classe moyenne dans les années 1950. On y retrouve un père autoritaire et violent (Brad Pitt) ainsi qu’une mère empreinte d’une douceur (Jessica Chastain) et leurs deux fils. Le film débute avec un passage du livre de Job, pourquoi donc? L’élément déclencheur de cette tragédie est le suicide de l’un des fils, alors âgé de 19 ans.

Dans un premier regard, le film traite de la notion de relation père/fils, relation conflictuelle empreinte de lourdeur et de tristesse.

En plus d’utiliser les voix off avec une extrême habileté, Malick construit son film sous forme de flash-backs, sous le couvert des souvenirs du second fils alors devenu adulte (Sean Penn). Dans un premier regard, le film traite de la notion de relation père/fils, relation conflictuelle empreinte de lourdeur et de tristesse. Cette relation est caractérisée par une forte culpabilisation de la part des deux fils durant leur jeunesse face à leur père, face à l’échec de celui-ci. Afin de conserver son autorité, le père maintient leur fils dans une relation d’infériorité et d’un climat de peur, afin de dissimuler ses faiblesses et l’échec de son existence.

De plus, le film traite avec intelligence de la notion de suicide/deuil, mais aussi de la relation avec Dieu. L’utilisation et les références faites à Job nous révèlent une conception de Dieu qui est, tout comme dans l’œuvre de Kierkegaard, empreinte de doute, celle d’un Dieu qui par sa nature n’est pas fondamentalement synonyme de bonté et de réconfort. Tout comme dans certaines œuvres d’Ingmar Bergman, Terrence Malick traite du silence, le silence entre les êtres, mais aussi le silence entre l’Homme et Dieu.

Par le personnage de la mère, nous voyons une mise en scène de l’injustice de la mort et du silence de Dieu, mais aussi de l’idée de la grâce. La mère représente la voie de la grâce, celle de l’amour de la vie: «Unless you love, your life will flash by». De son côté, le père représente la notion de culpabilité, celle devant les choix de notre existence et nos erreurs. Il traite du vide de l’existence par l’entremise du second fils, qui, durant sa vie d’adulte, est empreint de doute existentiel. Ses souvenirs l’emplissent d’une forte mélancolie, puisque contrairement à sa mère, il n’est pas en mesure d’avoir la foi. Par ce personnage, Malick traite du nihilisme et de l’errance d’un être en quête de questionnements existentiels.

Le film traite avec intelligence de la notion de suicide/deuil, mais aussi de la relation avec Dieu.

The Tree of Life, malgré son scénario, possède une deuxième trame narrative. Par la présence d’une cinématographie et l’utilisation d’image d’une forme onirique, Malick nous transporte au-delà des années 1950 pour nous présenter une conception de l’univers, mais aussi la création de la vie et de la nature. Malgré la présence d’une forte utilisation de la conception chrétienne de Dieu, il n’est pas à oublier la présence de la conception déiste et panthéiste de Dieu chez l’auteur.

Lorsque l’on visionne The Tree of Life, on constate des scènes d’une extrême beauté, la représentation de la nature est, pour Malick, une représentation du Divin. Des scènes de près de 30 minutes représentant la création de l’univers nous rappelle d’une part un documentaire digne de la BBC, mais aussi, les 30 premières minutes du chef-d’œuvre de Stanley Kubrick, 2001 A Space Odyssey. En ce sens, on y retrouve une forte relation entre la vie, l’univers et la place de l’homme au sein de celle-ci, et par la même occasion, l’existence ou la non-existence de Dieu dans l’immensité de cet univers.

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