Vibrante soirée de soutien à Charlie Hebdo au Zénob: Des mots pour apaiser les maux

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Ils étaient nombreux, mardi le 27 janvier, à répondre présents lors de la soirée d’hommage aux victimes de la fusillade du journal Charlie Hebdo. Près d’une centaine de personnes se sont ainsi retrouvées au Café-Bar Zénob de Trois-Rivières, qui affichait salle comble. Et pour cause, la journaliste Zineb El Rhazoui, membre de la rédaction de l’hebdomadaire satirique, accompagnée de Patrick Kessel, président du Comité Laïcité République, participaient à la rencontre.

L’évènement, parrainé par la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (section Mauricie), la Société Saint-Jean-Baptiste de la Mauricie, l’Association Québec-France-Mauricie et Cœur-du-Québec, ainsi que la Société des Écrivains de la Mauricie était animé par Gilles Toupin. C’est d’ailleurs sur invitation de la femme de ce dernier, l’écrivaine et militante politique Djemila Benhabib, que Mme El Rhazoui et M. Kessel sont venus au Québec.

Succession d’hommages

Dans un premier temps, les représentants de chacun des organismes présents et plusieurs personnalités, dont l’artiste et interprète Fabiola Toupin, sont passés tour à tour au micro afin de dire, chanter et même crier leur solidarité. Il s’agissait en fait pour eux de clamer haut et fort que la liberté d’expression et la laïcité l’emporteront toujours face au terrorisme islamiste. Puis, dans un second temps, les trois invités d’honneur, Djemila Benhabib, Zineb El Rhazoui et Patrick Kessel ont pris la parole.

Cadre intimiste et ambiance chaleureuse

D’abord, Djemila Benhabib a remercié les organisateurs, ainsi que le public d’être venu en si grand nombre «dans cet espace de paroles, dans cet espace de liberté, de tendresse, de fraternité et de beauté. Lorsque la barbarie nous frappe, on a besoin de sentir que la beauté existe et que l’humain peut aussi être capable du beau, du vrai, de courage et pas seulement de lâcheté et de bêtise». Puis, elle a relaté, en détail, sa journée du 7 janvier: l’endroit où elle se trouvait, avec qui, etc., quand la tuerie a eu lieu.

«On peut tuer les hommes, mais on ne tue pas les idées»

Patrick Kessel a ensuite pris la parole en soulignant que «nous sommes aujourd’hui présents comme des millions de gens l’ont été à Paris, dans toutes les grandes villes de la province, dans de nombreuses autres à l’étranger. Nous sommes là ce soir justement pour dire que les idées ne sont pas mortes. Que nos amis, nos frères de combat ne sont pas morts pour rien, que nous continuons et que nous continuerons ce chantier jusqu’au bout. C’est d’abord ce message de fraternité que nous souhaitons transmettre».

Je crois bien que mon texte est trop long pour en plus contenir un exergue. Mais à toi de voir Myriam.

Puis, il a affirmé qu’«il ne s’agit pas d’un conflit parmi d’autres ni d’une affaire franco-française. Cela nous concerne tous parce qu’une guerre mondiale culturelle est en œuvre entre ceux qui sont les héritiers de l’humanisme et ceux qui pensent que les femmes et les hommes ne seront jamais libres, qu’ils appartiennent à leur communauté d’origine et qu’ils en sont prisonniers. […] C’est l’universalisme des valeurs républicaines qui est en jeu. […] Aujourd’hui, plus que jamais, continuons le combat!»

Touché, mais pas coulé

Enfin, c’est la journaliste rescapée Zineb El Rhazoui qui a clôturé la rencontre par une allocution poignante. «Pour ceux qui veulent réduire Charlie Hebdo à un journal qui blasphème, oui, c’est un journal qui blasphème et qui le revendique volontiers. Mais c’est aussi un journal qui a défendu ceux qui se battent pour la liberté partout dans le monde. C’est un journal qui a défendu les Kurdes d’Irak qui sont en ligne de front aujourd’hui contre Daesh. C’est un journal qui a défendu les Touaregs du MNLA qui se battent aussi pour un projet de République laïque au Mali […]», a-t-elle lancé.

«J’ai beaucoup parlé de laïcité depuis que je suis ici au Québec, mais ce soir, je veux simplement rendre hommage à mes collègues qui sont morts et à ceux qui ont été blessés. Des gens très simples, qui sont morts avec dignité, mais qui savaient qu’ils allaient mourir. C’est bien ça le drame de Charlie Hebdo: nous l’avons vu venir. Il n’y a pas un jour où nous n’avions pas des menaces de mort. Nous avons été conspués, haïs, jetés en pâture y compris par la classe politique française», poursuit la journaliste.

La jeune femme termine par ces mots: «nous sommes en convalescence, nous essayons de rassembler nos forces. On a fait ce premier numéro dans la douleur et les larmes. Mais il était fondamental de le sortir pour dire aux terroristes qu’on ne les laissera jamais, jamais fixer les règles du jeu avec les armes et avec la violence. Nous n’avons plus peur. Aucun de nous ne ressent aujourd’hui du soulagement d’avoir survécu de jour-là, d’avoir échappé à cette tuerie. La mort a plané sur nos têtes de façon tellement violente et tellement inattendue qu’elle ne nous fait pas peur, et qu’aujourd’hui nous sommes tous déterminés à continuer à honorer ceux qui sont morts et à faire le journal pour lequel ils ont donné leur vie.»

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