Visages de la recherche: Mélanie Viau et l’étude de la honte en littérature

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Mélanie Viau en est à sa deuxième année à la maîtrise en études littéraires, volet recherche-création. Crédit: Gracieuseté.

Mélanie Viau débute sa deuxième année à la maîtrise en études littéraires, profil recherche-création, à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR). Originaire de la Gaspésie, la jeune femme dit s’épanouir dans cet univers bien particulier qu’est celui des cycles supérieurs.

Ayant d’abord étudié en arts, lettres et communication au cégep de sa Gaspésie natale, l’étudiante fait son entrée à l’UQTR en 2017 où elle débute un baccalauréat en études françaises. S’intéressant autant aux langues qu’à la littérature, Mélanie complète ses études au premier cycle, à l’hiver 2020. Quelques mois plus tard, inspirée par les travaux de Pierre Bourdieu, elle entame son parcours à la maîtrise à temps complet.

« Mon but réel, c’est de devenir une érudite » – Mélanie Viau

Au départ, Mélanie pensait étudier la grammaire, qu’elle qualifie de « premier amour ». Toutefois, se consacrer à la grammaire impliquait de faire certains sacrifices. Notamment, elle devait déménager dans la ville de Québec afin d’étudier dans une autre université. Or, pendant sa dernière session au baccalauréat, elle découvrit les travaux de Bourdieu qui furent un véritable « coup de foudre universitaire ». Les travaux du sociologue français sur les classes sociales, la socialisation et les mobilités sociales sonnent une cloche chez elle. En effet, c’est en les feuilletant qu’elle trouve son sujet de recherche: la honte en littérature.

Recherche et création, l’alliage de deux univers

Le projet de Mélanie s’inscrit dans le volet recherche-création du programme. Tout d’abord, elle complété sa partie création en composant un recueil de poésie intitulé Hontarcie. Le titre du recueil, qui est un néologisme composé des mots « Honte » et « Autarcie », rappelle que « la honte est vécue au cœur même d’une communauté, qui la vit collectivement. Mais que chaque personne garde celle-ci elle-même et la vit dans la solitude. »

Traitant de la honte sociale, ce recueil est une étude expérimentale; Mélanie y parle de la capacité qu’a la honte d’imprégner la réalité d’une personne transclasse. Un ou une           « transclasse », c’est un individu qui a vécu un changement de classe sociale, qui a fait une transition entre deux mondes différentes. Avec son recueil, Mélanie désire mettre en lumière cette honte qui accompagne souvent la condition de transclasse. Bien que l’étudiante s’avoue « quand même satisfaite du résultat », il lui reste à rédiger son mémoire. Elle débutera celui-ci cet hiver.

Le sociologue Didier Éribon à une conférence en 2017. Crédit: Wikimedia Commons

Conservant le thème de la honte pour la partie recherche, Mélanie analysera ce dernier à travers l’autobiographie du sociologue français Didier Éribon qui s’intitule Retour à Reims. Dans cet ouvrage, Éribon aborde sa propre condition de transclasse et y fait état du sentiment de honte qui vient avec ce changement de classe sociale. Homosexuel, Éribon a d’ailleurs déjà mentionné dans une entrevue qu’il était plus facile pour lui de parler de sa honte sexuelle (liée à son orientation sexuelle) que de sa honte sociale (liée à son statut de transclasse). Mélanie affirme que les questions de mobilités sociales, de classes sociales, de honte et d’auto-sociobiographie sont ce qui l’intéresse tout particulièrement.

Une recherche à mi-chemin entre la littérature et la sociologie

Étudiant comment le sentiment de honte sociale et sexuelle peut naître du statut de transclasse, Mélanie révèle être surprise qu’il n’y ait que très peu d’études qui traite de ce sujet. Pour l’étudiante, cela signifie que son mémoire sera l’un des premiers à examiner la question sous cet angle.De plus, elle compte déjà explorer d’autres aspects de la question dans de futures études au doctorat.

« La richesse du sujet de la honte et des mobilités sociales, c’est vraiment un sujet plein de surprises et passionnant! »- Mélanie viau

La jeune femme, bien qu’initialement stressée par le passage au cycle supérieur, dit être   « vraiment contente » de pouvoir cheminer dans cet univers académique de la recherche. Pour elle, cet univers lui offre bien évidemment la possibilité de faire de la recherche, mais surtout de discuter et de s’intéresser à un sujet plus personnel. Même si elle n’a pas pu étudier la grammaire comme elle pensait le faire pendant son baccalauréat, Mélanie n’a pas renoncé à cette passion. En effet, elle travaille comme tutrice en français écrit au Centre d’aide en français de l’UQTR.

La passion avant tout

Ayant obtenu une bourse du Fonds de recherche du Québec dans la catégorie Société et culture, la jeune femme se consacre pleinement à son projet. Également, elle avance qu’elle aimerait participer à des colloques et écrire des articles liées à sa question de recherche. Passionnée par ses études, l’étudiante possède une soif de connaissances qui dépasse le domaine des études littéraires. En effet, elle aimerait bien un jour, si l’opportunité se présente, étendre ses connaissances à d’autres domaines tels que la sociologie, l’ethnologie ou la linguistique. Chose certaine, après sa maîtrise et son éventuel doctorat, elle espère « devenir une chercheuse rigoureuse, méthodique ». Dans tous les cas, l’originalité des travaux de Mélanie et sa volonté de réussir lui permettront de se démarquer dans tout ce qu’elle entreprend.

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