Mars, enfin! Vivement la nouvelle saison! Au-delà de la fin de session et de sa montagne à la pointe enneigée de travaux et de lectures, l’espoir d’échapper à l’hiver renaît. En attendant la venue du printemps, il y a encore et toujours de l’étude qui nous attend. Comment remédier au manque de temps et d’énergie au moment de se plonger le nez dans un bouquin? Comment trouver le juste milieu entre lire et vivre?
Loin de moi l’intention de véhiculer que la lecture brime une certaine liberté. Ce que je veux dire c’est que lire est, en quelque sorte, un processus intellectuel à mettre en place et à maintenir en place. Quand on lit, la concentration, la compréhension et l’analyse s’installent et nous permettent d’assimiler l’œuvre. Pour ce faire, on doit prendre le temps. Que faire alors lorsqu’on manque de temps?
Lors de mon baccalauréat en littérature, nous étions plusieurs à s’offrir des épisodes de lecture intensive à l’approche d’un examen. Collectivement, à voix haute, chacun son personnage, on se tapait des journées entières de lecture, c’était ça nos devoirs. D’autres étudiants avaient beaucoup de route à faire entre leur chez-soi et l’université. Ils se munissaient donc de livres audio et c’est de cette façon qu’ils assimilaient leurs lectures.
Comment trouver le juste milieu entre vivre et lire? Que faire lorsqu’on manque de temps? Format audio. Tout en faisant la vaisselle ou le ménage, je ne lis pas, j’écoute L’Éducation sentimentale de Flaubert. En faisant mon jogging ou du vélo, j’écoute Les Diaboliques de Barbey d’Aurevilly. Ça vaut la peine de laisser de côté sa playlist de roadtrip pour rattraper ses lectures! Quoi de mieux de toute façon, après un examen, que de mettre sa musique dans le tapis et de chanter à tue-tête?
Revenons d’abord à l’ancêtre du livre audio au Québec: le radioroman. La série Le curé du village écrite par Robert Choquette a été le premier radioroman produit par CKAC, la première radio francophone du monde, en 1935. Nouvellement fondée, Radio-Canada développe son projet avec La pension Velder du même auteur, en 1938. C’est une année plus tard que la radio publique diffuse le radioroman qui connaîtra le plus de succès : Un homme et son péché de Claude-Henri Grignon, réalisé par Guy Mauffette. La série créa un tel engouement que les auditeurs s’inquiétaient réellement du pauvre sort de Donalda (Estelle Maufette), l’épouse de l’avare Séraphin (Hector Charland). En effet, ils croyaient que la comédienne vivait véritablement la vie qu’elle narrait à la radio, à un tel point que plusieurs auditeurs lui apportèrent des vivres à son domicile. Ce radioroman marqua bien au-delà de l’imaginaire : il fit basculer la limite entre la réalité et la fiction. Ce phénomène radiophonique atteignit son apogée dans les années 40 pour ensuite s’éteindre à petit feu avec l’arrivée de la télévision.
Le radioroman aura donc fait son temps et laissa sa place au livre audio. Et pourtant, ce dernier ne connaît pas la fièvre de l’écoute comme l’a connu le radioroman. En effet, au Québec, le livre audio ne connaît pas une grande popularité. Annuellement, selon BAnQ, le nombre de titres reçus en dépôt légal se trouve entre 60 et 100. De plus, on compte moins de dix éditeurs qui font dans la production audio. D’ailleurs, le livre audio s’intègre davantage dans les milieux anglophones que francophones. En France, il représente 1% ou moins du chiffre d’affaires du domaine de l’édition, comparativement à environ 10% pour les États-Unis. Même si cela représente une bien maigre implication chez les francophones dans le développement du livre audio, il ne faut pas désespérer! Au Québec, par exemple, nous possédons depuis 2013 un prix pour récompenser les livres sonores. Il s’agit du prix Euphonia. Quoi de mieux pour encourager la relève?
Comment trouver le juste milieu entre vivre et lire? Que faire lorsqu’on manque de temps?
Malgré son côté marginal, le livre audio pourrait bien faire concurrence au livre papier ainsi qu’au livre numérique dans les prochaines années. En effet, toujours selon BAnQ : «Il constitue une possibilité intéressante pour ceux qui aiment la lecture et qui manquent de temps». D’ailleurs, comme avec le radioroman, Radio-Canada veut faire sa part. C’est pourquoi la chaîne lança dernièrement une collection de livres audio à écouter gratuitement en ligne sur le site de Première Plus, son nouveau service de radio numérique à la carte. Totalisant 40 heures d’écoute, la collection actuelle compte parmi ses éditeurs : Le Quartanier, Mémoire d’encrier, La Pastèque, Leméac, Alto, Perro Éditeur (maison d’édition de Shawinigan) et Les Écrits des Forges (maison d’édition de Trois-Rivières). Des titres comme Pomme S d’Éric Plamondon et Jane, le renard et moi de Fanny Britt ont été choisis par l’équipe de l’émission littéraire radiophonique Plus on est de fous, plus on lit! D’autres titres s’ajouteront dans les semaines à venir!
Il s’agit d’une importante attention apportée par Radio-Canada surtout avec Internet qui connaît un tel succès avec le développement de l’accès Web sur les téléphones cellulaires ainsi que le Wi-Fi accessible, je dirais presque, partout! Impossible de décoller notre nez de notre téléphone ou d’un quelconque écran. Alors, tant qu’à y être, pourquoi ne pas écouter Arvida de Samuel Archibald en ligne en zieutant sur Facebook? Aussi, de nombreux sites maison offrent la lecture de plusieurs œuvres en ligne, vous n’avez qu’à surfer sur le Web et hop! Bonne lecture à tous et voyez comme vous pouvez perdre votre temps en développant votre culture, c’est magique!