J’ai toujours trouvé que l’automne avait un effet de réclusion qui sentait le chocolat chaud ou pour les plus fancy le latté à la citrouille. On l’entend chuchoter dans le murmure des feuilles qui orchestrent leur mort, qu’on est bien mieux à l’intérieur. Il prend toujours un réel plaisir à torturer les cous qui se baladent encore sans foulard laineux et les doigts qui se balancent toujours sans mitaines. Il est malin n’est-ce pas?
Pour ma part, je trouve l’automne très convaincant. J’aime bien rester blottie dans mon appartement avec toutes sortes de bols et de tasses qui fument: un café, un potage, un thé, une soupe. Tout ce qui peut me réchauffer un peu puisque le soleil a donné des vacances à ses rayons. Maintenant que j’ai retrouvé un peu de ma chaleur corporelle, il me faudrait un truc pour me débarrasser de toute cette mélancolie qui accompagne (surtout) le mois de novembre. Novembre… porteur de chagrin, messager de la mélancolie. Novembre, c’est long. Novembre, c’est fait pour écrire. Écrire pour se débarrasser de la monotonie, du stress, de l’ennui. Comme le défendait Aristote, la littérature est une catharsis. C’est-à-dire qu’elle permet la purgation des passions. Écrire pour évacuer ses sombres songes, pour se soulager d’un poids lourd émotionnel quelconque. Bref, écrire quelques vers en pyjama, bien au chaud, en mangeant de la tarte aux pommes, ce n’est pas chic, mais c’est swell! Tout cela pour m’amener à vous partager une minime partie de mes interrogations des derniers temps.
Depuis mon baccalauréat en études littéraires, je me suis souvent imaginé avoir mon propre salon littéraire, mon groupe de surréaliste à moi, rédiger un manifeste, vous voyez le genre? Quand je suis retombée sur mes deux pieds et que l’absence d’esprit créateur autour de moi m’a coupé les ailes, je me suis résignée à écrire seule et pour moi-même (pour l’instant). Par contre, j’ai continué à m’interroger à savoir s’il existait un ou des lieux réservés à la littérature, aux lecteurs, aux créateurs. Une Institution plus funky qu’une bibliothèque, une librairie ou un festival. Un endroit où la littérature est sur toutes les lèvres. C’est alors que mes oreilles sifflèrent en entendant «Maison de la littérature».
Déjà, le mot «Maison» sonnait très confortablement dans mes oreilles et me rappela les frissons automnaux que je voulais fuir. Puis, le mot «littérature», LE mot que je ne me fatiguerai jamais d’entendre et de prononcer. Mais que pouvait bien être cette Maison de la littérature?
Fraichement inaugurée le 8 octobre 2015 dernier, la Maison de la littérature est aménagée dans l’ancien temple Wesley qui fut, à l’origine, la toute première église de style néogothique à Québec, elle se trouve au cœur du Vieux-Québec, rue Saint-Stanislas. Résultant d’un partenariat entre la Ville de Québec et l’institut canadien de Québec, la Maison de la littérature est annexée à la Bibliothèque de Québec et contient «des cabinets d’écriture, un atelier de BD, un studio de création, une résidence d’écrivains [et un salon de quiétude]». La programmation comporte des spectacles et évènements, des rencontres et conférences, des ateliers et formations.
La Maison de la littérature regroupe une panoplie d’activités très intéressantes et culturellement enrichissantes! Entre autres, pendant le merveilleux mois de novembre (il faut bien s’encourager moralement), il y aura le lancement de «La shop à bulles». Il s’agit de quatre bédéistes (Djief, Mikaël, Richard Vallerand et Paul Bordereau) du Québec qui se regroupent afin de créer des ateliers concernant le travail entourant la création du 9e art, la bande dessinée. Il y aura, en particulier, des classes de maitres et un club de lecture. Une bonne façon de se rapprocher de son lectorat en tant qu’auteur de BD, d’autant plus qu’il s’agit d’un genre assez reclus du monde littéraire québécois. Et pourtant, de grands talents arpentent nos pavés littéraires. Je pense, entre autres, au bédéiste Michel Rabagliati et son personnage le plus connu, Paul.
Toujours en novembre, une conférence ayant pour titre «1984 de George Orwell ou le mensonge du monde moderne» sera animée par le philosophe Raphaël Arceau-Mc Neil, s’arrimant à l’adaptation théâtrale du roman présentée par Le Trident.
écrire quelques vers en pyjama, bien au chaud, en mangeant de la tarte aux pommes, ce n’est pas chic, mais c’est swell!
De plus, je ne pouvais pas passer à côté du slam de poésie qui sera présenté chaque fois, invitant une dizaine de slammeurs à pelleter des nuages sur scène en collaboration avec la Ligue québécoise de Slam (LiQs).
Il y a des activités gratuites, mais aussi payantes. Vous retrouverez toute la programmation nouvellement lancée sur www.maisondelalitterature.qc.ca.
Enfin, sur les trois étages du bâtiment, vous pouvez admirer une vaste exposition permanente mettant en valeur le patrimoine littéraire québécois regroupant une centaine d’œuvres et d’auteurs aux thématiques historiques et contemporaines. Elle est accompagnée d’extraits d’archives de Radio-Canada à écouter à l’aide d’un audioguide.
La Maison de la littérature est un lieu qui contribue «au rayonnement de la littérature et des auteurs québécois ici et à l’étranger». Accessible aux citoyens, aux auteurs et à tous les acteurs du domaine littéraire, mais aussi artistique, elle permet d’échanger sur la littérature et d’apposer son intérêt sur toutes les lèvres.
Il faut se donner la peine de sortir de chez soi et de côtoyer des lieux comme la Maison de la littérature, même en novembre, au moins une fois! C’est notre devoir culturel quoi! Allez donc vous coller au cinéma Le Tapis rouge ou au Musée des cultures populaires. Novembre, c’est long. Vous aurez le temps de vous coller longtemps!