Voyage au centre du campus: Comprendre le transport étudiant — Lettre à un maire qui roule vite

1
Publicité

Monsieur Lévesque, pour votre nouveau mandat, j’aimerais bien connaitre vos priorités quant à la gestion des transports collectifs. J’espère que vous avez bien écouté les quelques propositions de vos adversaires, parce que, de votre côté, vous avez été discret à ce sujet. En ayant à l’esprit que l’Université du Québec à Trois-Rivières est certifiée campus durable, il va de soi qu’il faut se questionner sur nos modes de transport. Comment faire, Monsieur Lévesque, pour penser de manière durable les déplacements dans votre ville et son campus universitaire? En ne bétonnant pas davantage le campus, il est certainement possible de continuer à accueillir une population étudiante qui va en augmentant.

Il faut d’abord bien identifier la population universitaire du campus. Elle regroupe des étudiants de milieux différents avec des besoins très variés. Il y a l’étudiant interurbain qui voyage de Shawinigan, de Joliette ou de Repentigny, à tous les jours, pour venir à ses cours. Celui-ci se classe dans deux sous-catégories: l’individualiste qui se déplace seul sans crainte de voir sa facture d’essence exploser et le collectif qui s’organise pour faire le chemin accompagné. Il y a l’étudiant de proximité qui a décidé de s’installer à distance à pied ou à vélo de l’université afin de profiter des commodités et de réduire ses dépenses. Finalement, il y a l’étudiant périphérique qui habite au Cap, au centre-ville ou dans un autre quartier résidentiel. S’il s’arme de patience et de logistique, il prendra le transport en commun, sinon, il optera pour la voiture.

Une pensée régionale

Évidemment, comment changer les mentalités et promouvoir le fait de se déplacer autrement? Extrêmement difficile avec un système de transport en commun mal communiqué et mal exploité. Depuis le début de votre règne, en gérant votre ville en vase clos, vous avez boudé la concertation régionale. Il est impensable de concevoir une bonne stratégie de transport sans consulter les villes environnantes. Il nous faut notre AMT, notre Agence mauricienne du transport, pour une meilleure concertation entre les différentes initiatives de la région. Actuellement, il existe le Réseau de transport de la Mauricie, mais il n’agit qu’à titre de partenaire avec les différents services de la région. Au contraire, il faudrait qu’une agence chapeaute chacun d’entre eux afin d’uniformiser le tout. L’agence permettrait aussi de réfléchir dans une perspective régionale et pas seulement municipale. Déjà existant à partir du Ludoplex, le système de navette et de stationnements incitatifs doit continuer d’exister. Il doit aussi se développer, tout comme les initiatives de covoiturage. Imaginez de tels stationnements dans les villes de Bécancour, Shawinigan et Batiscan avec des navettes directes vers Trois-Rivières. Pourquoi pas?

En se comparant à mieux

Si l’on compare Trois-Rivières avec d’autres villes universitaires similaires, soit Sherbrooke et Saguenay, votre ville tire un peu de la patte en termes de fréquentation des services de transport. Pour une population de 130 000 personnes, Trois-Rivières a une fréquentation de 3 061 000 passagers par année. Saguenay a une population de 144 000 pour une fréquentation de 4 855 000 et Sherbrooke une population de 157 000 pour une fréquentation de 7 835 000. Ce qui donne un ratio de 1,4 quant à l’utilisation du système de transport en commun pour la ville de Saguenay par rapport à Trois-Rivières et de 2,1 par rapport à Sherbrooke et votre chère ville. Oui, il y a une donnée qui vient fausser les chiffres, l’Université de Sherbrooke contient 40 000 étudiants contre 13 000 pour l’UQTR. Malgré tout, Sherbrooke s’est donné le moyen de ses ambitions afin d’obtenir un système de transport en commun digne de ce nom. Chaque étudiant paie obligatoirement 29$ par session pour avoir accès au service d’autobus. Imaginez une telle entente entre la STTR et l’UQTR. En payant 20$ par session, tout étudiant aurait un accès illimité au service d’autobus. En contrepartie, cela ferait un revenu supplémentaire d’environ 600 000$ par année à la STTR. Imaginez si, en plus, les étudiants du Cégep de Trois-Rivières et du Collège Laflèche embarquaient.

Depuis le début de votre règne, en gérant votre ville en vase clos, vous avez boudé la concertation régionale.

Bien entendu, ce n’est pas n’importe quel étudiant qui se fait rajouter des frais obligatoires sans rien dire. Il faudrait que vous proposiez, en échange, un siège sur le conseil d’administration à un étudiant-utilisateur. Je crois que la place donnée à votre ami qui ne prend jamais l’autobus n’est pas vraiment méritée. Aussi, pourquoi ne pas finalement implanter un petit terminus sur le campus? Avec l’argent récolté dans les poches des étudiants, je suis certain que vous pourriez enfin implanter un bon système de transport en commun.

Toutes ces mesures, Monsieur Lévesque, permettraient à la ville de jouir d’un certain dynamisme et d’enfin envoyer l’image d’une ville étudiante et durable. De quoi faire changement avec l’image des derniers douze ans: une ville d’histoire et de culture chômeuse et endettée.

Publicité

1 commentaire

  1. Il y a un conseil de sttr qui se rassemble régulièrement je crois, pour entre autre chose, manger du ti-coq. Il serait peut-être intéressant de les rencontrer, quelques jeunes, afin de faire part de toutes ses bonnes idées durables que nous avons !?

REPONDRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici