À la lumière des projecteurs : réalités filmées ou réalités tronquées ?

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Quand les fictions cinématographiques racontent la vie

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À la lumière des projecteurs est une chronique sur le cinéma bimensuelle mêlant critique de films, analyse de courants et réflexions sur le 7ème art. Crédits image: Camille Ollier.

À l’affiche en ce moment, on peut retrouver 1995 de Ricardo Trogi, ou La Bataille de Saint-Léonard de Félix Rose dont on parlait la dernière fois, qui reprennent chacun des bouts plus ou moins personnels de l’histoire québécoise. On peut également aller voir sur grand écran Super/man (de Ian Bonhôte et Peter Ettedgui), un documentaire retraçant l’histoire de Christopher Reeve qui, le premier, incarna le super-héros américain. En salle obscure se retrouvent également Oiseau blanc de Marc Forster, un récit assez poétique pour ce qu’il se déroule durant la seconde guerre mondiale, L’apprenti de Ali Abbasi (sorti cette semaine) qui reprend l’ascension du politicien Donald Trump, ou encore Samedi soir (Saturday Night) de Jason Reitman qui met en scène les complications de la première diffusion du fameux show d’humour télévisé des années 1975. Mais d’où vient cet engouement pour les films aux allures de réel ?

Une soif d’authenticité

Cette recrudescence de films ancrés dans la réalité répond à une soif de vérité et d’authenticité chez le spectateur. Face à un monde de plus en plus virtuel et incertain, le cinéma documentaire ou biographique offre un point d’ancrage, une boussole pour se repérer dans le temps et dans l’espace. 1995 et La Bataille de Saint-Léonard, par exemple, nous replongent dans des moments clés de l’histoire du Québec, nous rappelant d’où nous venons et comment nous en sommes arrivés là.

Super/man, quant à lui, nous invite à redécouvrir l’homme derrière le mythe, Christopher Reeve. En montrant les coulisses de sa vie, le documentaire nous rappelle que les super-héros sont aussi des êtres humains, avec leurs forces et leurs faiblesses. En effet, le documentaire retrace depuis les premiers pas du super-héros à la chute équestre de l’acteur qui l’a paralysé pour le reste de sa vie. Ce besoin d’authenticité se retrouve également dans Oiseau blanc, qui, malgré son cadre historique, aborde des thèmes universels comme l’amour, la perte, l’espoir, mais plus encore l’insouciance de l’enfance avec ses jeux et ses rêves.

Un rôle pédagogique

Mais au-delà de l’émotion, ces films jouent aussi un rôle pédagogique. En s’inspirant de faits réels, ils nous permettent d’apprendre tout en nous divertissant. L’apprenti, par exemple, nous offre une plongée dans les coulisses de l’ascension politique de Donald Trump, nous aidant à mieux comprendre les mécanismes du pouvoir aux États-Unis. Quant à Samedi soir, c’est un clin d’œil un peu charbonneux d’un monde télévisé que l’on retrouve au cinéma, et qui a aujourd’hui envahi notre quotidien. En humour, il rappelle l’importance du petit écran dans nos vies, son impact dans nos sociétés, mais également le rythme effréné et compétitif qui accompagne le numérique.

Cependant, cette quête d’authenticité soulève de nombreuses questions. Jusqu’où peut-on aller dans la reconstitution d’événements réels ? Comment concilier le respect de la vérité historique avec la nécessité de créer une histoire captivante ? Le réalisateur a-t-il le droit de prendre des libertés avec les faits pour renforcer l’impact émotionnel de son film ?

Les acteurs de «Samedi soir» de Jason Reitman­. Crédits image : Columbia.

Ces questions sont d’autant plus pertinentes que le public a des attentes de plus en plus élevées en matière de réalisme. Les spectateurs sont de plus en plus exigeants et n’hésitent pas à vérifier les informations présentées à l’écran. Cette quête de la vérité peut parfois mener à des débats passionnés, voire à des polémiques.

En somme, le cinéma qui puise dans le réel offre au spectateur une expérience à la fois instructive et émotionnelle. Il nous permet de mieux comprendre le monde qui nous entoure, de nous connecter à notre histoire et à nos contemporains. Mais cette tendance soulève également des enjeux importants en termes de représentation, d’authenticité et de liberté créative. Il sera intéressant de voir comment le cinéma évoluera dans les années à venir et si cette soif de réalisme perdurera.

On irait bien (re) voir…

Il y a un an, nous vous parlions du film québécois Vampire humaniste cherche suicidaire consentant, réalisé par Ariane Louis-Seize. Vous pourrez le retrouver à nouveau au Ciné Trois-Rivières (anciennement Ciné-Campus) situé au Séminaire Saint-Joseph le temps de deux projections d’Halloween le jeudi 31 octobre à 19h30 et le dimanche 3 novembre à 16h.

À gauche: Affiche officielle de Vampire humaniste cherche suicidaire consentant. Crédits image : H264 distribution.

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