Depuis ces derniers mois, des murs s’érigent le long des frontières européennes pour contrer les vagues d’immigration provoquées par les conflits au Proche-Orient. En octobre 2015, l’Autriche est la première à vouloir construire une barrière à sa frontière avec la Slovénie. Faute d’une entente entre les pays de l’Union européenne, ces derniers se ferment aux migrants fuyant la guerre. Est-ce la bonne solution? Vous me voyez venir, la réponse est évidemment négative.
À l’heure où j’écris cet article, les pays membres de l’Organisation des Nations Unies (ONU) se réunissent cette semaine à New York, afin de résoudre cette crise sans précédent. Il s’agit du premier sommet dédié aux migrants et aux réfugiés depuis que l’ONU existe. Cependant, après une première journée, cette réunion s’annonce malheureusement peu prometteuse et sans engagement précis sur des aides éventuelles. Par exemple, l’objectif proposé par le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, d’accueillir 10% des réfugiés chaque année, a été repoussé à 2018 au plus tôt.
Des décisions politiques absurdes
Les projets de construction de murs entre les différents pays, que ce soit en Europe ou en Amérique, ne sont pas les seules décisions absurdes que nous avons pu entendre. Mes oreilles saignent lorsque j’entends les déclarations du candidat à la présidentielle, Donald Trump, ou celles de Viktor Orbán, premier ministre en Hongrie. Depuis le 5 juillet, les gardes-frontières hongrois peuvent repousser derrière la barrière tout migrant «irrégulier» ayant été intercepté jusqu’à huit kilomètres à l’intérieur du territoire. Bien que la personne soit en possession d’une demande d’asile, elle sera renvoyée manu militari en Serbie. Orbán a mobilisé près de 8000 hommes aux frontières pour «stopper par la force» ce «poison» de la migration. Je vous laisse apprécier ces paroles. Ainsi, ce contrôle des frontières finit par ressembler ostensiblement à une chasse aux migrants.
De notre côté de l’Atlantique, nous ne pouvons nous sentir jaloux de telles déclarations, car nous avons celles de Lord Trump à propos des musulmans, qui, je le rappelle, «sont des terroristes». Son projet phare, celui de la construction d’un mur le long des 3000 kilomètres de frontière séparant le Mexique et les États-Unis, permettra, selon le candidat, de contrer certains problèmes comme ceux de la drogue, des violences et des crimes. Le tout financé par le Mexique. Et oui, il ne faut pas rêver, les coupables doivent payer!
«Il faut aller au-delà de la peur de l’autre, de nos différences, et faire appel à notre curiosité et surtout à notre tolérance.»
L’une des plus grandes décisions absurdes a été l’accord entre l’Union européenne et la Turquie: pour chaque Syrien renvoyé, un autre, dont la demande d’asile est acceptée, est admis dans l’UE. C’est à ce moment-là que nous nous demandons si ces migrants sont encore considérés comme des êtres humains aux yeux des dirigeants. Cette entente, qui donne l’impression d’un échange de marchandises, montre en fait la difficulté des pays européens à gérer rapidement cette situation quasi inédite, d’où ces erreurs.
Vive la stigmatisation et les amalgames
Ces différents projets et lois ne font qu’amener une augmentation de la xénophobie et de la peur de l’autre. Le fait que Donald Trump ait proposé de fermer l’entrée à tous les musulmans fait froid dans le dos, mais prouve aussi toute l’incohérence de ses propos. Jugeant leur culture incompatible avec les valeurs américaines, il réduit alors ces différences à une lutte entre les États-Unis et l’islam. Ces propos polémiques ne servent finalement qu’à attiser la haine et à développer la peur d’une invasion des étrangers.
Mais comment faire l’amalgame entre réfugiés et terroristes alors que la moitié des migrants sont des femmes et des enfants? Nous ne pouvons pas être ignorants à ce point: comment peut-on pointer les réfugiés et les migrants comme des imposteurs, alors que leur parcours même démontre cette détermination à parcourir des milliers de kilomètres au péril de leur vie? L’excuse des pays riches de ne pas pouvoir accueillir toute la misère du monde s’apparente plus à un comportement égoïste. Nous ne voulons pas que ces malheureux viennent perturber notre confort occidental. Cependant, il est inacceptable qu’après un tel voyage, ces réfugiés ne soient pas les bienvenus et se retrouvent à la fin face à une porte close.
Il ne s’agit pas là de dresser un portrait de pauvres malheureux demandant l’aumône aux plus riches, mais il est nécessaire de se questionner toutefois sur les comportements des dirigeants politiques qui ressemblent plus à de l’hypocrisie et à de l’égoïsme. Les États doivent fournir leur part d’efforts: la solidarité entre les pays pour accueillir les réfugiés est essentielle.
La différence est une force
Si seulement nous pouvions considérer les différences culturelles, religieuses et sociales comme une richesse et non comme une menace à notre pays, l’intégration de ces réfugiés s’améliorerait grandement. Le travail des associations qui les accueillent et les accompagnent n’est pas suffisant: l’insertion des réfugiés se réalise plus facilement avec les autres citoyens du pays d’accueil. Aussi, il faut aller au-delà de la peur de l’autre, de nos différences, et faire appel à notre curiosité et surtout, à notre tolérance. Je ne vous professe pas là d’aimer son prochain, tel un messager de la Bible, mais d’accepter l’autre, ici le migrant, comme il est. Ils ne sont ni bons ni mauvais: ils sont comme nous.
On le voit dans l’actualité, au lieu de retrousser leurs manches, les États les plus riches ont décidé de se barricader, présentant les réfugiés comme une menace. Mais, que l’on ne soit pas dupe, construire des murs pour empêcher les migrants d’entrer dans un pays relève de la pure illusion. Ce ne sont pas non plus des textes qui vont empêcher la migration, la réalité nous prouve bien le contraire.