
Depuis la rentrée scolaire, la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) a dû faire face à une vague de désaffiliation et à la démission de la présidence assumée jusqu’alors par Antoine Genest-Grégoire. Avec ses désaffiliations successives, la FEUQ a perdu trois de ses associations de région, ce qui représente 11% de ses membres, soit 12 000 étudiants.
En septembre, l’Association générale des étudiants du campus de Lévis (AGECAL) ouvrait le bal en votant à 85% son retrait de la FEUQ. S’en est suivi, au début du mois d’octobre, le vote à près de 70% contre le maintien de leur adhésion à la FEUQ par les étudiants du Mouvement des associations générales étudiantes de l’Université du Québec à Chicoutimi (MAGE UQAC). Finalement, les étudiants de l’Association générale des étudiants et des étudiantes du Campus de Rimouski (AGECAR) ont, eux aussi, à la fin octobre, voté à 83% pour la désaffiliation.
Les trois associations du réseau de l’Université du Québec font plusieurs reproches à la Fédération. «Le manque de transparence dont a fait preuve l’exécutif de la FEUQ a […] grandement joué dans la détérioration de la confiance qui régnait entre l’AGECAR et la Fédération», mentionnait à cet effet François Lapointe, président de l’AGECAR. Le principal reproche envers la FEUQ reste toutefois le manque de représentativité des régions au sein l’association nationale. Les associations ayant préféré ne pas renouveler leur confiance envers la Fédération lui reprochent en effet de ne pas avoir été à l’écoute des besoins des étudiants en région. «Tout se passe à Montréal, je n’ai jamais vu la FEUQ mettre les pieds à Lévis», affirme la présidence de l’AGECALE, Sébastien Girard.
Avec trois associations de région à quitter le navire, force est donc de constater que la FEUQ représente de moins en moins l’ensemble du Québec. En effet, celle-ci n’a plus de membres à l’est de Sherbrooke. La Fédération étudiante de l’Université de Sherbrooke (FEUS) et l’Association générale étudiante de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (AGEUQAT) sont les deux seules associations en dehors de la métropole à être encore représentées par la fédération; cela correspond donc à 17 500 étudiants des 108 000 représentés par la FEUQ. Il est a noté que la FEUS avait tenu l’an dernier elle aussi un vote de désaffiliation. Le référendum s’était conclu par une différence de 74 votes, soit 0,6%, contre le retrait de son appui à la FEUQ.
À la suite du mouvement de grève de 2005, une vague de désaffiliation semblable avait touché la FEUQ lorsque sept associations ont quitté en sept ans. En 2009, l’AGE UQTR s’est désaffiliée à 62% pour des raisons similaires à celles soulevées aujourd’hui.
Pour l’instant, il ne semble pas être question de s’affilier à une autre association nationale pour ce qui est de l’AGECAL et l’AGECAR. Le MAGE UQAC sondera ses membres au cours de l’hiver 2014.
«Le manque de transparence dont a fait preuve l’exécutif de la FEUQ a […] grandement joué dans la détérioration de la confiance qui régnait entre l’AGECAR et la Fédération.» – François Lapointe, présidence de l’AGECAR.
Une tête en moins
Ce manque de confiance envers l’association nationale a entre autres entrainé la démission de Monsieur Genest-Grégoire de la présidence de la FEUQ. «Notre organisation a été victime de nombreuses attaques et critiques», a-t-il affirmé dans sa lettre de démission. C’est donc à la suite de la désaffiliation de l’AGECAR qu’il a quitté ses fonctions. Dans sa lettre, il ajoute: «Autant je sens le besoin de changement au sein de la Fédération pour permettre cette adaptation, autant je sens que je suis étranger à ces démarches.» Il mentionne aussi aux membres restant qu’ils devraient «se réapproprier la Fédération [et] s’investir dans son développement et dans sa continuité».
Malgré tout, l’association assure, via son attaché de presse Yanick Grégoire, que celle-ci n’est pas en crise. Il explique le tout en affirmant que «c’est normal que des étudiants reconsidèrent leur affiliation».
En attendant de nouvelles élections à la présidence, qui n’auront pas lieu avant novembre, le poste est assumé, par intérim, par la vice-présidence Thierry Morel-Laforce.