«Les tombeaux, parmi les hommes, sont les feuillets de leur histoire» – François-René de Chateaubriand

Les historiens sont des nécromanciens. Ennemis des fossoyeurs qui enfouissent les souvenirs sous les décombres de l’oubli, ils retournent la terre des cimetières, déterrent le passé et exhument les vestiges de ce qui a été.
Les amoncellements d’archives se dressent autour d’eux comme autant de tombes, comme autant de testaments laissés aux vivants.
À la recherche d’incantations d’un autre temps, les historiens scrutent de leurs yeux rougis le papier jauni des grimoires et des parchemins anciens.
Ils relèvent les morts en leur offrant une seconde existence, un second souffle de vie. Retrouvant la voix, les spectres expirent leurs murmures d’outre-tombe.
Avec la lune et les étoiles comme seules amies, et à la lumière du fanal de la nostalgie, les historiens sacrifient des nuits blanches à accomplir cette tâche monastique. C’est ainsi qu’ils paient leur tribut à la société.