Au pouvoir, citoyens! : 10 dates fondatrices de la langue française – partie 2

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À la fin du XIVe siècle, le français commence à être perçu par les théoriciens du pouvoir royal comme langue identitaire du roi et de la France. Au début du XVe siècle, Jeanne d’Arc lève le siège d’Orléans et mène victorieusement les troupes françaises contre les armées anglaises, conduisant le dauphin Charles au sacre à Reims le 17 juillet 1429, et contribuant à inverser le cours de la guerre de Cent Ans.

1530 : Fondation du Collège Royal (futur Collège de France) dans lequel quelques professeurs donnent leur enseignement en français – langue littéraire d’oïl – tandis que les autres continuent à le faire en latin. Les grammairiens Ramuz ou les Estienne font paraître les premiers dictionnaires (latin-français en 1532, français-latin en 1539) mais les plus vieilles grammaires sur la langue française viennent de l’Angleterre, L’éclaircissement de la langue française de Palsgrave (1530).

15 août 1539 : Cinq ans après avoir envoyé Jacques Cartier découvrir le Canada, la victoire du français comme langue officielle est consacrée par François 1er, au pouvoir en France depuis 1515, lors de l’ordonnance de Villers-Cotterêts qui stipule que désormais tous les actes administratifs seront passés en français, «en langaige maternel francois et non autrement».

À partir de 1550, le français est la langue de l’Église protestante dans tous les pays de langue française. En comparaison, ce n’est que vers 1680 que les catholiques commencèrent à publier des traductions françaises des Écritures!

1549 : Dix ans après la proclamation de François 1er, le poète Joachim du Bellay publie Défense et illustration de la langue française. Au XVIe et XVIIe siècle, grâce aux efforts des moines bénédictins, on assiste à une élaboration consciente du français, car les souverains se voient dans l’obligation de traduire les documents rédigés par leurs ancêtres pour prouver les droits et titres sur les biens et territoires (possessions) transmis par succession. À partir du XVIIe siècle, le latin cesse d’être utilisé dans la littérature mais reste la langue internationale pour tous les scientifiques en Europe.

1635 : Richelieu officialise l’Académie française en commandant un dictionnaire, une grammaire et des règles rhétoriques et stylistiques. Il voulait aussi créer un collège international où l’enseignement serait donné en français mais sa mort mit un terme au projet.

1660 : Parution de la Grammaire raisonnée de Port Royal. Toute la paysannerie parlait patois même aux portes de Paris comme l’atteste Molière. Louis XIV, par son rôle dominant dans la politique européenne, imposera le français comme langue de la diplomatie. Par la suite, d’autres traductions de grandes œuvres de vulgarisation scientifique apparaîtront en français, tel que Réaumur, Fontenelle et l’Encyclopédie (8 volumes) qui commence à paraître en 1751.

20 juillet 1794 : La Révolution française vint renforcer les décisions de l’Ancien régime en stipulant qu’aucun acte public ou privé ne pourrait, dans quelques parties du territoire de la République, être écrit autrement qu’en langue française. L’unité du langage permettait de sceller l’unité nationale.

1797 : Le premier concile de l’Église gallicane introduit le français dans l’administration de ses sacrements mais cette réforme fut de courte durée. En fait, pour les catholiques, il fallut attendre le concile de Vatican II (1962-1965), préconisant l’emploi des langues nationales dans la liturgie, pour que le français devienne la langue du culte.

Sous Napoléon 1er – qui vend la Louisiane aux États-Unis en 1803 – le latin revient en force dans l’enseignement mais la plupart des cours restent en français, sauf la chirurgie. La révolution romantique du XIXe siècle (Victor Hugo) proclame que tous les mots sont égaux en droit et dignes d’entrer dans la langue littéraire. Seuls quelques discours académiques se font encore en latin.

1882 : En France, la loi Jules Ferry rend l’enseignement primaire laïc gratuit et obligatoire pour tous. Au secondaire, l’enseignement ne se fait plus en latin mais cette langue est toujours enseignée, tout comme le grec. Partout, on instaure des programmes pour éradiquer les patois et les dialectes locaux. Lors de la guerre 1914-18, le français appris à l’école primaire devint le seul moyen de communication.

En conclusion, le français est de nos jours, avec l’anglais, l’une des deux seules langues parlées et apprises sur tous les continents. Avec plus de 116 millions d’apprenants, le français est la langue étrangère la plus largement apprise après l’anglais et la neuvième langue la plus parlée dans le monde. Au total, 220 millions de francophones sont répartis dans le monde, dont plus 9 millions au Canada et 7 millions seulement au Québec, foyer de résistance culturelle depuis deux siècles et demi.

L’originalité de la langue française est qu’elle a acquis son statut de langue officielle, et en tout premier lieu de langue de l’administration, bien avant d’être langue majoritaire. Malgré l’extrême codification de la langue – le français, dit-on, est la langue la plus normative du monde – il faut continuer de la défendre, de la faire vivre, de la propager. Reste à savoir si notre dépendance au Canada finira par tuer, du moins en Amérique, notre langue nationale depuis plus de 400 ans…

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