La fleur de l’âge
«Personne n’aime les vieux.»
Être vieux n’est pas un mal, si on accepte de vivre selon son âge. Alors que La fleur de l’âge se donne pour prémisse de promouvoir cette maxime en présentant le parcours d’un sexagénaire progressivement confronté aux réalités de la vieillesse, le film entretient simultanément l’idée qu’un cœur jeune ne vieillit pas, ce qui donne au message final quelques notes ambiguës qui plairont sans doute à certains (probablement les plus âgés) et déplairont à d’autres (probablement les plus jeunes).
Le dérangement suscité par cette ambivalence ne se situe pas dans le message lui-même, qui est de valoriser la vie peu importe le nombre d’années que l’on porte, mais plutôt dans le traitement, qui tente à l’excès d’être au goût du jour et d’insuffler une jeunesse à ceux qui ne l’ont plus. Avec l’emploi de musique indie et de plans qui rappellent vaguement les publicités adressées aux 20-30 ans (la sortie de Gaspard avec sa maîtresse deux fois plus jeune que lui, par exemple), la réalisation tombe dans le piège de chercher à défendre que ce qui est « vieux » n’est pas nécessairement « dépassé ». À ce niveau, le film contrevient à sa propre leçon, qui est précisément d’accepter qui l’on est.
Au-delà de cette lacune qui en perdra plusieurs, le film possède plusieurs dimensions intéressantes qui lui donnent son originalité et qui s’expriment principalement dans la dynamique unissant les personnages de Gaspard (Pierre Arditi), son père (Jean-Pierre Marielle), Zana (Julie Ferrier) et son mari (Radivoje Bukvic). À la limite du triangle amoureux intergénérationnel, la relation des personnages donne lieu à plusieurs échanges savoureux, qui étonnent par leur honnêteté. Dans le rôle de Zana, personnage déjà charmant en lui-même, Julie Ferrier fait preuve d’une interprétation très agréable, sachant transmettre la fantaisie de la Slovène sans la rendre pour autant irréfléchie. Le duo d’Arditi et de Marielle connaît aussi ses moments (surtout lors des dernières scènes), malgré que les deux acteurs soient à l’occasion un peu trop appuyés dans leurs intentions.
La fleur de l’âge n’est pas un film promis à une longue vie, mais son écoute peut tout de même parvenir à réchauffer le coeur de ceux qui ont le mal de l’âge.
Qu’ils soient vieux ou non.
Le dernier diamant
«Vous êtes en train de subir un vol organisé.»
Si le cinéma français des dernières années ne s’est pas démarqué par la qualité de ses thrillers à l’américaine, Le dernier diamant se révèle pour sa part un exercice réussi. Par une maîtrise peaufinée du genre, Barbier présente un film à la fois rythmé et captivant, qui rappelle la saga des Danny Ocean, l’humour en moins.
Si on ne peut pas dire que le film repousse les limites du thriller, il est appréciable du moins de constater qu’il respecte ces dernières avec beaucoup de fidélité. Tout au long du film, les péripéties s’enchaînent avec fluidité et cohérence (sauf pour la séquence de l’ascenseur à la fin du film, au dénouement un peu forcé) et la réalisation fait preuve d’une pédagogie efficace pour s’assurer que le spectateur ne se perde pas dans le défilement de l’information. Si les connaisseurs peuvent anticiper sur plusieurs éléments de l’intrigue (encore ici, la ressemblance avec Ocean 11 est frappante), certains moments sauront tout de même les raccrocher à la trame narrative (la scène du bateau relance ni plus ni moins une seconde quête qui viendra satisfaire le spectateur qui aurait tout deviné de la première).
Pour soutenir l’intensité et le rythme nécessaires au succès de tout bon thriller, Yvan Attal (Simon) et Bérénice Bejo (Julia) font preuve d’une belle qualité d’interprétation, laissant deviner par le jeu ce qui aurait été trop long de retransmettre par le texte. À ce sujet, il importe de souligner le travail de la direction d’acteur, qui a su synthétiser les éléments importants de chaque personnage sans les rendre trop stéréotypés (ce qui est souvent le risque dans cette catégorie de films tournés principalement vers l’action).
Le dernier diamant vaut en somme le détour pour ceux qui désirent vivre une soirée de suspense, mais qui éprouvent des doutes quant aux nouvelles sorties américaines trop souvent orientées vers le grand public. De tels films nous rappellent qui plus est (et avec plaisir) l’importance d’un scénario bien travaillé, tout comme la surestimation des bienfaits d’un budget faramineux sur le rendu final d’une œuvre.
Prochainement au Cinéma Le Tapis Rouge:
Ceci n’est pas un polar de Partick Gazé (à partir du 31 octobre – Drame québécois mettant en vedette Roy Dupuis)
Maps to the stars de David Cronenberg (à partir du 5 novembre – Récipiendaire du prix de l’interprétation féminine au Festival de Cannes 2014 pour Julianne Moore)
Gemma Bovery d’Anne Fontaine (à partir du 7 novembre – comédie française mettant en vedette Fabrice Luchini)