Conférence «L’Église face à Duplessis»: Des résultats étonnants

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Stéphane Jutras, recherchiste pour Appartenance Mauricie, et l’historien Alexandre Dumas. Photo: David Ferron

Le 11 novembre dernier se donnait une conférence, organisée par Appartenance Mauricie, s’intitulant «L’Église face à Duplessis: mythes et réalités» à la bibliothèque Maurice-Loranger de Trois-Rivières. L’historien et chargé de cours à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) Alexandre Dumas proposait alors de déconstruire des mythes associés à la période surnommée «Grande Noirceur».

Lors de cet évènement, monsieur Dumas présentait les résultats de quatre années de recherche menée dans le cadre de son doctorat. La conférence, qui a fait salle comble, tentait de répondre à plusieurs questions, comme: «Se peut-il que l’Église catholique québécoise se soit mieux entendue avec le Parti libéral qu’avec l’Union nationale?» ou encore «Le clergé n’a-t-il jamais été l’allié électoral de Maurice Duplessis?»

Une recherche de quatre ans

C’est la découverte d’une lettre datée du 14 décembre 1939 qui a enclenché ces recherches. La lettre a été écrite un peu moins de deux mois après l’élection du Parti libéral d’Adélard Godbout au pouvoir, marquant alors le retrait temporaire de Duplessis du pouvoir. Cette lettre entre le cardinal Rodrigue Villeneuve et le père Anthème Desnoyers met alors en doute l’affirmation que l’Église était censée appuyer systématiquement Duplessis.

Ainsi, monsieur Dumas a donc démarré des recherches en fouillant dans plusieurs archives de politiciens, de Duplessis, d’anciens premiers ministres, ministres et députés, et dans celles des évêchés de la province, pour en arriver à des résultats plutôt étonnants. «Je viens vous partager des échanges qui sont restés secrets jusqu’à aujourd’hui, et qui démontrent que les relations entre l’Église et l’État au temps de Duplessis ne sont pas du tout ce qu’on a pensé», a affirmé l’historien.

«LES RELATIONS ENTRE L’ÉGLISE ET L’ÉTAT AU TEMPS DE DUPLESSIS NE SONT PAS DU TOUT CE QU’ON A PENSÉ.» —ALEXANDRE DUMAS, HISTORIEN ET CHARGÉ DE COURS À L’UQTR.

Résultats étonnants

Ce que les gens pensent, comme l’affirme l’historien, c’est qu’il y a eu une rupture brutale dans les années 1960, passant d’une société contrôlée par les évêques à un gouvernement libéral laïque, qui n’était plus contrôlé par le clergé. Cependant, selon ses recherches, la création du ministère de l’Éducation ainsi que la laïcisation du système de santé et des services sociaux ont pu se faire aussi tranquillement dans les années soixante, parce que l’Église avait déjà perdu beaucoup de son pouvoir politique sous l’Union nationale.

Monsieur Dumas offre quelques exemples d’opinions de politiciens sur le droit de vote des femmes. Photo: David Ferron
Monsieur Dumas offre quelques exemples d’opinions de politiciens sur le droit de vote des femmes. Photo: David Ferron

Lors de la conférence, le docteur en histoire a donc tenté de convaincre son public que l’Église se portait mieux sous les gouvernements libéraux de Louis-Alexandre Taschereau et d’Adélard Godbout que sous celui de Maurice Duplessis.

Pour démontrer ses affirmations, l’historien a débuté par discuter de la «douce révolution» de l’Union nationale, durant laquelle il a été constaté que l’Église n’avait pas vraiment de raison d’être satisfaite du changement de gouvernement. Ensuite, monsieur Dumas a résumé les relations entre Duplessis et les évêques pendant son mandat de 1944 à 1959. Pour terminer, le conférencier a tenté de montrer que les prêtres n’ont pas nécessairement aidé le politicien d’origine trifluvienne à se maintenir au pouvoir, contrairement à la croyance générale.

Le conférencier a donc terminé son discours en stipulant clairement plusieurs résultats de sa recherche. D’abord, l’idée que le clergé ait été unanimement sympathique à l’Union nationale est facile à démentir. Aussi, le cardinal Villeneuve était beaucoup plus proche de Godbout qu’il l’a été de Duplessis. De plus, étonnamment, l’Union nationale était loin de faire l’unanimité chez les évêques au cours de son second mandat.

Les résultats et affirmations lors de la conférence sont rien de moins que surprenants, puisque certains d’entre eux vont à l’encontre de ce qui est enseigné. Reste à voir si d’autres recherches permettront d’appuyer celles d’Alexandre Dumas.

 

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