Critique : Faits divers de Samuel Sénéchal

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productions désordre faits divers
Crédit : Les productions Désordre

Faits divers de Samuel Sénéchal est le sixième roman de l’auteur sous sa propre maison d’édition, Les productions Désordre. L’histoire suit la quête professionnelle du protagoniste et narrateur Fred Chayer. Dramaturge déchu par le décalage entre ses œuvres et la culture populaire, il se voit recyclé au sein du journal La Nouvelle, où il y écrit sous pseudonyme dans la section des faits divers, d’où le titre de ce roman de 164 pages.

Le roman fait preuve d’une force humoristique efficace et raisonnable. Sans tomber dans le grotesque, l’auteur sait maitriser les boutades qui explosent à un bon rythme sans pour autant freiner l’intrigue.  Bien qu’il ne s’agisse pas d’une comédie, le lecteur se surprendra à s’esclaffer à quelques occasions.

Dans une écriture sincère et décomplexée, le roman se situe à Montréal à l’ère des réseaux sociaux, à laquelle le protagoniste essaie de se détacher du mieux qu’il peut. C’est un point fort du roman de constater le champ lexical s’apparentant à mi-chemin entre la culture geek et le joual, montrant que la littérature peut être aussi réelle dans sa fiction.

Où l’on ressent à plusieurs passages l’auteur parler à travers Fred Chayer.

Autofiction ?

En ce sens, quelques clics sur un moteur de recherche nous permettent de voir que l’auteur détient une Maîtrise en lettres à l’Université du Québec à Trois-Rivières. Son mémoire, Genre autofictionnel et engagement littéraire chez Dany Laferrière (2015), comme son nom l’indique, traite principalement du style littéraire de l’autofiction. Il est difficile de négliger cet aspect en lisant Fait divers, où l’on ressent à plusieurs passages l’auteur parler à travers Fred Chayer. Un passage clé met en scène le protagoniste parlant de son nouveau livre, en disant : «(…)  je reviens à mes anciennes amours : la critique sociale, le roman noir, philosophique et dénonciateur», qui se trouve aussi être une description assez fidèle de ce livre. Ce niveau de lecture apporte une dimension assez intéressante à l’histoire.

L’autofiction, s’il en est pour ce roman, rend le scénario très réaliste par moments. En revanche, quelques passages apparaissent pour leur part assez irréalistes. Les motivations et actions du personnage font souvent preuve de non-sens. Il y a notamment ce passage où Fred prend en filature aléatoirement un homme, soulevant ciel et terre pour ne pas le perdre de vue. Bien que quelques pages plus tard le protagoniste accuse le fait qu’il ignore lui-même pourquoi il fait cela, ce n’est pas suffisant à faire accepter la suite de cette poursuite. Ce manque de sens amène parfois quelques rebondissements, menant le lecteur à être victime de déception.

D’un autre côté, d’autres passages surréalistes apportent un poids subversif au roman, ce qui lui donne de la profondeur et redore sa teneur. Il remet en cause sur plusieurs plans le rapport du public à l’art, au divertissement et à l’information. Plusieurs éléments peuvent paraitre en désordre (clin d’œil à la maison d’édition) mais l’auteur manipule bien ses balises posées tout au long du roman afin d’en assurer sa bonne construction.

Pour la suite, nous nous passerons de divulgâcheurs afin que vous fonciez le lire, puisque ce livre vaut la chandelle d’être lu. Il nous laisse sur une bonne réflexion sociétale, sans pour autant être démoralisant.

Bonne lecture !

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